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1659007/03/1997POITIERS

LES FONCTIONNAIRES SUR LE PAVÉ

Environ 1.500 fonctionnaires descendaient dans la rue hier. Mots d’ordre : emploi, salaires et service public.

Avec la CGT Santé, le symbole est clair : on promène l'emploi et les salaires en fauteuil roulant tellement leur état semble inquiétant. C'était hier après-midii dans les rues de Poitiers où environ 1.500 manifestants descendaient dans la rue pour montrer leur mécontentement et leur inquiétude vis à vis de l’emploi, des salaires et du service public en général.

Pas n’importe quels manifestants puisque la rue n’accueillait que ceux qui font tourner la grande machine de l’État et du service public, autrement dit les fonctionnaires.

Un rassemblement à Blossac et le cortège était ainsi formé pour défiler dans le centre-ville avec un tour de place d’Armes avant de se diriger calmement vers la préfecture, tout cela à l’appel de nombreuses organisations syndicales (CGT, FSU, UNSA, CFDT, FO, CFDT, CFE et CGC). « Nous n’avions pas d’autre choix que d’appeler à la grève », soulignaient hier les manifestants pour expliquer un mouvement qui n’a été que moyennement suivi, même si le défilé en ville était consistant et aurait dépassé les 3.000 personnes, selon les organisateurs.

« Le choix est donc fait d’aggraver l’amputation du pouvoir d’achat », dénonçait-on également tout en fustigeant cette politique de stagnation des salaires « qui joue contre l’emploi » puisque « plus de salaire, c’est moins de chômeurs », et que « la précarité, ça suffit : loi de titularisation ».

Mais si les présents s’accordaient à réclamer de meilleurs salaires et un arrêt de la dégradation des conditions de travail, ils étaient bien d’accord aussi sur un point : offrir aux usagers que nous sommes tous de véritables services publics.

Laurent Bertagnolio

Photo : Les « messages au préfet » envoyés par la FSU par-dessus les grilles de la préfecture

 

CLAUDETTE - Vingt-huit ans France Télécom : « Pour mon salaire et l'emploi »
Elle était auparavant « agent d’exploitation » et est passée « collaboratrice du premier degré ». « Ça n’a strictement rien changé sur la feuille de paie ». « Cela dit, je me bats aujourd’hui pour mon salaire - j’ai 8.500 F, primes d’environ 600 F comprises, après vingt-huit ans de maison - mais je suis d’abord venue pour défendre l’emploi.
« La précarité entre à tout va chez France Télécom avec la restructuration. Des collègues partent à 55 ans par exemple et on les remplace par des contrats à durée déterminée qui sont corvéables à merci.
« Et là est bien la perte de notre statut de service public.

MONIQUE - Agent d’entretien depuis quinze ans : « Par solidarité avec mes collègues »
Titulaire dans une petite commune, Monique fait le ménage à la mairie, à l’école et à la cantine et avoue travailler « en sauts de puce » ses 27 h 30 par semaine pour 3.900 « et quelques francs ».
« Je travaille un peu le matin, un peu l’après-midi et sur six jours. Ce n’est pas que je me sente directement agressée parce que je travaille justement dans une petite commune et que je peux toujours évoquer ma situation auprès d’un responsable, mais je suis ici par solidarité avec mes collègues fonctionnaires qui travaillent dans de bien meilleures conditions que moi. Et aussi parce que je ne gagne pas des sommes astronomiques »…

JEAN-LOUIS – Pompier depuis vingt et un ans : « Le principe de la gratuité… Il nous faut rester vigilants »
A 43 ans, Jean-Louis, adjudant-chef des pompiers de Poitiers, 12.000 F nets par mois, « avec les primes », est là « avant tout pour la défense du service public ».
« Il ne s’agit pas qu’on remette en cause le principe de la gratuité des interventions. Or, on fait déjà payer les nids de guêpe en dehors du district de Poitiers et on parle maintenant des recherches en rivière par les plongeurs… Il nous faut rester également très vigilants - vigilants par rapport aux pouvoirs publics et aux élus départementaux -, sur la restructuration de nos services. Mais en tout cas, c’est vraiment le service public, et un service public de qualité, qu’il faut défendre.

ANITA - Infirmière depuis vingt-six ans : « De moins en moins de personnel »
Depuis vingt-six ans, Anita est infirmière au centre hospitalier Henri-Laborit à Poitiers. Pour 11.000 F nets par mois « tout inclus ». « Je ne fais que les nuits et donc 35 heures par semaine. Moi je suis ici pour les salaires avant tout. Pour 1996, nous avons fait une croix sur l’augmentation - et il n’y aura aucun rattrapage - tandis que cette année, on prévoit 1 % en deux fois dont 0,50 % au 1er mars ! Mais surtout, je voudrais évoquer les conditions de travail qui se dégradent de plus en plus puisqu’il y a de moins en moins de personnel et qu’on fait appel aux CES. Pendant ce temps, les entrées de patients se multiplient et il y a des secteurs pleins en permanence.

PATRICK - Agent de voirie depuis quinze ans : « Pour l’embauche des jeunes »
Agent de la voirie à la mairie de Poitiers, Patrick affiche quinze années de service. « Je suis à la réfection des chaussées et j’ai toujours été à ce service-là ». Pourquoi en grève hier ? « Parce qu’on gagne trop cher, dit-il en riant un peu jaune. Moi, c’est 7.000 F nets par mois pour 39 h 30 par semaine. Je suis ici pour les salaires bien sûr, mais aussi pour l’embauche de jeunes, pour la retraite, pour combattre l’emploi des CES...
Les conditions de travail ? « Non, pas vraiment à redire de ce côté-là : ça s’est même plutôt amélioré pour des raisons techniques. Quant à la sûreté de l’emploi, pour l’instant, oui, mais on se dit que ça peut vite changer ! ».

 

 

le 19/08/2025 à 11:04

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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