1661019/03/1997AVAILLES-LIMOUZINE
Six ans après avoir cédé, Jean Nault, boulanger industriel et premier employeur d’Availles-Limouzine, reprend les rênes de sa maison. Les soixante-six salariés sont soulagés.
A la barre du tribunal de grande instance de Bourges (Cher), hier, Me Lière, avocat de la Caisse d’épargne tourangelle et contrôleur sur le dossier de la boulangerie Nault d’Availles-Limouzine, lointain satellite d’Agri-Cher, se réjouit en peu de mots. « Les 800.000 F offerts par M. Nault, lui-même, correspondent à la valeur du fond. Les engagements pris auprès du propriétaire des murs seront honorés, nous le savons. Enfin, la reprise des soixante-six salariés, dans un contexte de professionnalisme garanti, nous réjouit évidemment ». Vifs acquiescements sur les bancs de la salle correctionnelle, retenue ce mardi matin par le juge Beuchon pour l’examen du dossier.
Le juge-commissaire, affecté au dossier Agri-Cher, invite le personnel de la boulangerie industrielle d’Availles-Limouzine (Vienne) à s’exprimer. Les soixante-six employés, remués par le redressement judiciaire de leur maison en octobre dernier, ont-ils des inquiétudes encore, des soucis qu’ils n’auraient pas formulés, des questions rentrées ?
Avant d’arrêter sa décision, le président de l’audience souhaite prendre tous les avis. Michel Lacolle, délégué du personnel cégétiste, a fait le voyage de Bourges avec le CE au complet. Il s’approche et résume l’opinion de ses mandants. « On n’attendait pas mieux, c’est tout ça que je veux ajouter ». Le président Beuchon en prend note, l’audience est suspendue. Le jugement sera rendu pour midi.
Dans le vestibule un petit homme rond glisse d’un groupe à l’autre rassure, sourit. Jean Nault se détend peu à peu, reprend l’histoire récente pour meubler l’attente. Oui, il a vendu voici six ans la maison qui portait son nom. Trente ans de labeur récompensés. L’offre était intéressante, l’intégration au groupe Transagra laissait entrevoir à l’époque de belles perspectives de développement. Le fondateur contraint au rôle d’observateur a vite déchanté. Le redressement judiciaire, après les déconfitures en cascade d’Agri-Cher puis de Pani-Loire ont achevé de le décider.
« Je ne pouvais pas laisser passer ça. L’usine c’était toute ma vie, mes trois enfants y sont encore salariés. Et puis on a des marchés, et un personnel comme ça ». Jean Nault fait le geste avec le pouce. « Voilà pourquoi je repars, enfin si c’est oui ». Il est midi et c’est oui pour M. Nault. Clin d’œil sur les marches du palais. « Voyez, faut y croire ». Vaille que vaille à Availles
Denis Daumin
La CGT et Nault SA : “Une décision de bon sens”
Les élus CGT de Nault SA « se félicitent de la décision du tribunal de grande instance de Bourges visant la poursuite d’activité, sans suppression de postes, avec trois nouvelles créations et le maintien des avantages acquis. Cette décision entre tout à fait dans le cadre des discussions de la réunion extraordinaire du comité d’entreprise du 13 mars. Tout cela confirme la juste analyse de la CGT qu’à partir de l’outil disponible, du savoir-faire de l’ensemble de la force de travail, qu’il était possible de maintenir l’appareil de production ».
le 20/08/2025 à 09:55
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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