1663004/04/1997POITIERS
Mille cinq cents cégétistes ont défilé hier dans Poitiers, pour soutenir douze agents d’EDF de Saintes, cités devant la cour d’appel
C’est un vaste ras-le-bol qu’ont exprimé hier, mille cinq cents cégétistes. Un dégoût profond des attaques systématiques contre les libertés syndicales, dont les militants sont de plus en plus l’objet. Venus du Poitou-Charentes, de Limoges, Bordeaux, Toulouse, Nantes et même Nice, massés devant le tribunal où douze agents d’EDF Saintes étaient cités en appel, ils ont déployé banderoles et drapeaux, lancé pétards et coups de trompe pour marquer leur présence.
Au micro, Jacqueline Léonard, secrétaire confédérale CGT, Bernard Saincy de la fédération CGT de l’Énergie et Jean-Pierre Grenon, secrétaire régional du syndicat, se sont élevés contre « l’accélération sans précédent des attaques contre les acquis sociaux des salariés ». A un an du trentième anniversaire de mai 68, date à laquelle le syndicalisme est entré dans les entreprises, « le patronat veut le faire sortir ».
« Que l’État nous respecte »
Exemple dans la Vienne, la mise à pied à titre conservatoire de deux cégétistes des Fonderies du Poitou, jusqu’à mardi prochain, date de leur entretien préalable en vue de leur licenciement. Exemple les 15.000 F réclamés par Schlumberger à la déléguée syndicale et à l’Union départementale CGT pour diffamation.
« A chaque fois qu'on mène le combat, on est traduit devant les tribunaux », s’insurge Francis Martin, secrétaire de l’UD de la Vienne.
« Heureusement, on vient de gagner chez Prezioso à Civaux où, après un an de lutte, on vient enfin d’avoir un délégué syndical. Autre victoire chez Domine à Naintré, où la direction vient d’abandonner le licenciement des délégués CGT ». F. Martin est excédé. « Si le patronat cherche la bagarre, il va l’avoir ». En riposte, le syndicat va faire des pétitions, motions et délégations dans chaque entreprise. « L’État veut avoir des partenaires sociaux, alors qu’il nous respecte
Délibéré au 29 mai
Hier, les militants ont défilé dans les rues, tandis que les douze agents EDF, dont dix cégétistes, attendaient d’être appelés à la barre. Les 13 et 14 février 1992, un conflit du travail avait opposé les agents EDF de Saintes à leur direction. Fin février, le chef d’agence avait porté plainte contre X pour séquestration et avait extrait douze noms, parmi les soixante-dix agents présents. L’ouverture d’une information judiciaire par le juge d’instruction de Saintes avait conduit à une ordonnance de non-lieu en décembre 1993. EDF avait alors fait appel et la chambre d’accusation de Poitiers avait annulé l’ordonnance.
L’affaire avait été renvoyée devant le tribunal de Saintes le 26 septembre dernier, qui avait prononcé la relaxe des douze agents, se déclarant incompétent sur intérêt civil. C'est à dire sur le franc symbolique de dommages et intérêts réclamés par EDF. C’est donc la cour d’appel de Poitiers qui, hier, devait statuer. Elle a mis sa décision en délibéré au 29 mai.
Odile Moniot
Photo : Cordon de CRS et barrières devant le tribunal où les responsables ont pris la parole
le 21/08/2025 à 15:12
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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