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1663509/04/1997CHATELLERAULT

FONDERIES DU POITOU : ÉBULLITION

Le climat social se détériore aux Fonderies du Poitou à Ingrandes. Dans cette filiale de Renault, la direction a décidé de demander l’exclusion de deux élus du personnel, Patrice Mochon et Patrice Villeret. Motif : leur attitude lors de la grève déclenchée pour augmentation salariale. Mardi matin, une manifestation de soutien aux deux syndicalistes CGT a eu lieu devant les grilles de l’entreprise ; il y avait là des délégations d’entreprises publiques et privées du Châtelleraudais et de la Vienne, des responsables du Parti communiste et de Lutte ouvrière ainsi que des membres d’autres organisations syndicales. Mardi après-midi la CGT, majoritaire aux Fonderies et le syndicat UDT autonome ont refusé de participer au comité d’entreprise pour protester contre les mesures prises contre MM. Mochon et Villeret. De son côté, l’Union départementale CGT va introduire un référé pour demander la réintégration des deux syndicalistes.

Le climat se détériore au sein de la filiale de Renault, à Ingrandes. En voulant exclure deux élus du personnel, la direction provoque la mobilisation syndicale

Tout a commencé par un mouvement revendicatif destiné à obtenir une augmentation salariale. Une grève déclenchée par la CGT et le syndicat autonome UDT qui s’est soldée par... une impossibilité de négocier.

Dans la foulée, le président-directeur général, Jean-Claude Crouet, a choisi de durcir sa position en demandant au tribunal de grande instance de Poitiers de condamner la démarche syndicale et ses répercussions sur la vie de l’entreprise. Le manque de communication, coïncidant avec la récente arrivée à l’unité de production d’Ingrandes d’un nouveau directeur du personnel et des relations sociales, a fait monter la pression de jour en jour...

Crise aiguë ensuite, avec la décision du PDG de se passer des services de Patrice Mochon, délégué du personnel et délégué suppléant au comité d’entreprise, et Patrice Villeret, délégué au comité d’hygiène et sécurité. Dénominateur commun entre les deux hommes, leur engagement au sein de la CGT. Motif de leur renvoi : leur comportement durant la grève et notamment leur atteinte à la libre circulation avec, selon la direction des actes pouvant être qualifiés de violents.

Comme on pouvait s’y attendre, l’exclusion de MM. Mochon et Villeret a été considérée comme un véritable camouflet et une provocation par les syndicats en général et la CGT en particulier. Les observateurs neutres vont jusqu’à avancer la thèse du règlement de compte de la part d’une direction souhaitant se débarrasser de deux « trublions »… Hier matin, avec banderoles et drapeaux rouges, une manifestation de soutien aux deux salariés menacés de licenciement, a eu lieu devant les grilles des Fonderies.

Il y avait là plusieurs élus communistes châtelleraudais, ceints de leur écharpe tricolore, un responsable de Lutte Ouvrière, des représentants syndicaux de nombreuses entreprises publiques et privées du Châtelleraudais et de la Vienne, Francis Martin secrétaire général de l’Union départementale de la CGT.

Parmi les interventions, celle de Michel Juteau secrétaire de l’UL CGT de Châtellerault a été copieusement applaudie : « Aux salariés menacés de sanctions pour fait de grève, aux deux Patrice, je voudrais exprimer la totale solidarité de la CGT. Vous êtes l’honneur de ce qui a toujours été l’apanage de notre syndicat et de ses militants : son dévouement sans faille et sa détermination inflexible aux côtés des travailleurs. Soyez assurés que nous ne vous laisserons pas tomber ».

Autre intervention écoutée avec attention, celle de Paul Fromonteil, maire adjoint communiste de Châtellerault, parlant au nom des membres de son groupe au conseil municipal (l’absence d'élus socialistes fut remarquée et commentée...). Paul Fromonteil : « La situation aux Fonderies du Poitou est à la fois grave et scandaleuse. L’actualité nous rappelle qu’avec l’affaire Renault-Vilvorde et l’annonce brutale de la fermeture définitive d’une usine entière, Renault n’est plus la vitrine sociale de la France et se conduit désormais comme le patronat le plus arriéré ».

Hier après-midi, un comité d’entreprise devait siéger aux Fonderies. La CGT, majoritaire, a décidé de ne pas y participer. Quant à l’UDT autonome, elle a fait part de son intention de quitter la salle après protestation. L’Union départementale CGT souhaite également engager un référé auprès du tribunal, pour obtenir la réintégration de MM. Mochon et Villeret, élus du personnel.

Les Fonderies vont vivre des heures tumultueuses.

Patrick Gonin

Photo : Patrice Mochon et Patrice Villeret ont reçu le soutien du PCF, de Lutte Ouvrière et des syndicats de la Vienne

 

 

 

le 22/08/2025 à 11:22

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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