1680319/11/1997POITIERS
La journée nationale d’action des journalistes a été sensible dans la Vienne et a empêché la “NR” de présenter, ce matin, une édition normale
Les lecteurs de « La Nouvelle République » ne trouvent pas aujourd’hui leur journal dans sa forme et son contenu habituels. Pagination réduite, absence de photos dans les pages départementales de l’édition de la Vienne sont la conséquence de la grève des journalistes qui ont répondu au mot d’ordre de la CGT (SNJ-CGT) et de Force Ouvrière, le SNJ s’étant prononcé pour d’autres formes d’action que l’arrêt de travail.
Ce mouvement est national. Il touche à des degrés très divers selon les entreprises et les éditions, l’ensemble de la presse quotidienne, ainsi que l’AFP (Agence France Presse) qui n’a diffusé, hier, qu’un fil très réduit.
Pourquoi cette journée nationale d’action ? C’est hier mardi que le Premier ministre recevait à Matignon les représentants de l’intersyndicale des journalistes, et il s’est agi d’appuyer cette démarche. La profession réclame le maintien de l’abattement fiscal de 30 %, plafonné à 50.000 F de revenus, qui a déjà été remis en cause, l’an dernier, par le gouvernement Juppé et le parlement d’alors.
Pendant la campagne législative du printemps, Lionel Jospin s’était engagé à reconsidérer la question et à ouvrir la table de la concertation. Or, à l’occasion de la loi de Finance 98, les députés de la nouvelle majorité ont, en première lecture, décidé la suppression de l’abattement fiscal des journalistes comme de quelque quatre-vingt-dix autres professions. Le grief porte donc à la fois sur le fond et sur la forme.
Pour les journalistes, les « 30 % » ne représentent ni un privilège ni un avantage : Historiquement, cette « déduction supplémentaire pour frais professionnels » est considérée comme une aide à la presse afin de ne pas alourdir la masse salariale des publications et de pallier ses insuffisances. La PQR, organisation professionnelle de la presse quotidienne régionale, reconnaît elle-même qu'il s’agit d’une partie intégrante du régime économique de la presse.
De ce fait, les journalistes n’acceptent pas une mesure qui amputerait leurs revenus, d’autant plus injustement que les bas salaires seraient les plus touchés : « On est dans la situation de l’ouvrier boulanger auquel serait supprimé le pain gratuit, sans compensation de salaire ».
Rencontre d’Alain Claeys
C’est le message qu’ils souhaitent faire passer dans l’opinion publique comme auprès du gouvernement et des parlementaires. Dans la Vienne, dès lundi soir, une quinzaine de journalistes de la « NR », de « Centre-Presse », de Radio Forum et deux indépendants, se sont présentés à la réunion publique que le député socialiste Alain Claeys tenait à Buxerolles. Ils lui ont remis une pétition, mais surtout un dialogue d’une demi-heure a permis d’exprimer les positions de chacun.
Alain Claeys qui « assume totalement son vote » a estimé que les salaires des journalistes (NDLR ; une moyenne mensuelle de 12.000 F. brut) n’était pas « exorbitants », qu’il ne fallait pas les confondre avec ceux de quelques vedettes du petit écran, et que les « 30 % » ne constituaient pas un privilège scandaleux ».
Néanmoins, pense le député, il faut changer les choses, étant entendu que la suppression de l’abattement doit être accompagnée d’un fonds de compensation. « Je vais m’assurer avant le débat en deuxième lecture à l’Assemblée que ce fonds soit juste et transparent et serve bien à compenser les pertes de revenus » a promis le député. Ses interlocuteurs journalistes lui ont demandé de veiller aussi à la pérennité du dispositif et à l’ouverture de ce droit aux nouveaux et futurs embauchés.
Le travail doit reprendre normalement ce matin et l’édition poitevine de la « NR » retrouver un visage normal.
Pascal Arnaud
le 15/09/2025 à 18:05
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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