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1686930/12/1997CHATELLERAULT

LES CHÔMEURS MAÎTRES DE LA VOIE

Les privés d’emploi haussent le ton. Hier lundi, ils ont arrêté le trafic ferroviaire pendant trois heures. Aujourd’hui, le préfet les reçoit.

Pas de trêve des confiseurs pour les les travailleurs privés d'emploi. N’ayant toujours pas obtenu satisfaction, une prime dite de Noël de 5.000 F, les membres des comités locaux d’action pour le droit au travail de Châtellerault et Loudun, multiplient les démarches et les « coups médiatiques », afin d’alerter l'opinion et les pouvoirs publics.

Hier matin, comme ils ont l’habitude de le faire depuis plusieurs jours, ils se sont retrouvés devant les portes fermées de l’ASSEDIC afin de « faire le point » et de peaufiner les initiatives, lançant d’une seule voix : « Loin de baisser les bras, la lutte continue jusqu’à l’obtention totale des revendications ». Le décor est planté. Et Jean-Raymond Wadier chef de file de la révolte de rappeler : « Nous avons été expulsés des ASSEDIC de Châtellerault par les forces de l’ordre le jeudi 11 décembre peu après 6 h ; aujourd’hui lundi nous comptons 1.218 demandes d’aides matérielles, c’est dire le sérieux de notre démarche. Nous nous battons aussi pour la création d’un fonds départemental : la CGT demande qu’une table ronde soit organisée et mise en place par le préfet qui devra réunir les pouvoirs publics, l’ASSEDIC, la CAF, la DASS, la région, le conseil général, les collectivités locales, le patronat, les syndicats ».

En cortège, avec banderoles, les sans emploi mécontents, sont allés à la gare pour y prendre position... au nez et à la barbe des policiers et cheminots, ces derniers déclenchant les procédures d’urgence en voyant que M. Wadier et ses amis s’installaient sur les voies TGV. C’est ainsi qu’à partir de 10 h 40, les convois furent stoppés, venant de Poitiers, La Rochelle ou de Saint-Pierre-des-Corps, notamment des TGV. Un Train à Grande Vitesse international, Bruxelles-Bordeaux, a été lui aussi contraint de stopper. Les sans emploi, haut-parleur en main, pour créer l’ambiance donnèrent dans le chant populaire de circonstance : « Qui sème la misère, récolte la colère » ou le célèbre « Jospin t’es foutu les chômeurs sont dans la rue ». La SNCF pour faire établir officiellement son préjudice, eut recours aux services d’un huissier qui constata l’atteinte à la bonne marche du trafic ferroviaire. A 13 h 25, en présence de policiers et gendarmes châtelleraudais, le directeur départemental de la sécurité publique, M Hervé Louzeau demanda avec courtoisie, mais fermeté aux manifestants de bien vouloir dégager les voies neutralisées. M. Wadier et ses amis, au nombre d’une quarantaine, ne souhaitant pas l’affrontement, s’exécutèrent.

La pression va-t-elle retomber ? Peut-être car aujourd’hui mardi, suite aux instructions de Mme Aubry ministre de l'emploi et de la solidarité, M. Bruno Fontenaist préfet de la Vienne et de région, organise en préfecture à 10 h, une réunion pour examiner les situations d’urgence et les dispositifs d’aide concernant les chômeurs en situation difficile. Sont invités à cette séance de travail, le conseil général, la direction départementale des interventions sanitaires et sociales, le président de l’ASSEDIC Poitou-Charentes, celui de Châtellerault, les directeurs départementaux de l’ANPE, de la CAF, de l’Équipement, de l’EDF, des chefs de services de la préfecture mais aucun représentant des privés d’emploi. Cet après-midi à 15 h, le préfet recevra une délégation émanant des associations de lutte contre le chômage : pour engager le dialogue ?

Patrick Gonin

Photo : Avant de se rendre à la gare, les privés d’emploi se sont retrouvés devant les portes fermées de l’ASSEDIC

 

 

le 22/09/2025 à 11:30

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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