1690222/01/1998POITIERS
Hier en fin de matinée, un chauffeur de la STP a été agressé par un jeune sur la ligne 8, à La Blaiserie. Aussitôt tous ses collègues sont rentrés au dépôt.
Agressions verbales, coups de pied dans les portes sont hélas monnaie courante sur les lignes de transports urbains à Poitiers. Parfois l’agression va plus loin comme hier en fin de matinée. Un chauffeur de bus a reçu une gifle. Aussitôt tous ses collègues ont fait jouer « le droit de retrait » et sont rentrés au dépôt de Touffenet, dont ils ne sont pas ressortis de la journée.
Vers 11 h 30, sur la ligne 8 dans le quartier de La Blaiserie, un jeune mineur monte dans le bus et refuse de montrer son titre de transport au chauffeur. Ce dernier insiste. Le jeune s’énerve et frappe le conducteur. Une gifle ou deux selon certains témoins qui ont raconté les événements à la police. Un coup de poing au visage, affirment des employés de la Société des transports poitevins (STP).
Alors que le jeune prend ses jambes à son cou, aussitôt après l’agression, le chauffeur utilise son radiotéléphone pour alerter, d’une part, le commissariat et d’autre part ses collègues de travail. Tandis que l’ensemble des conducteurs réintègre le dépôt, la police n’a aucun mal à mettre la main sur le jeune agresseur.
Ayant de gros problèmes psychologiques, le jeune homme est connu des services sociaux du quartier. On le retrouve vers 12 h 30 au Resto du cœur de Poitiers-Ouest, en compagnie de sa mère.
Interpellé et entendu par les policiers, le jeune agresseur, qui ne risque qu’une contravention, a été relâché dans l’après-midi, mais pour les chauffeurs, l’affaire n’est pas terminée. Dans un contexte national sensible, cette agression, qui n’a cependant rien à voir avec les violences urbaines rencontrées dans d’autres métropoles, arrive bien mal.
Les conducteurs de la STP ne supportent plus de se faire insulter, injurier et parfois agresser physiquement par des excités et autres voyous.
Le ras-le-bol des conducteurs
« Les usagers, comme les conducteurs, sont soumis à des risques permanents » souligne, déterminé, Christian Jourdan, syndicaliste CGT, représentant de l’ensemble du personnel. Il poursuit : « Nous sommes dans une situation aujourd’hui, où les collègues de travail partent avec la peur au ventre. Les agressions ont lieu matin, midi et soir ».
Les chauffeurs attendent donc un geste des pouvoirs publics et de la direction de la STP. « La solution, c’est d’apporter la sécurité dans les bus, aussi bien pour le personnel que pour les usagers. On a supprimé une grande partie des contrôleurs. On détache seulement certains conducteurs dans la journée pour vérifier les titres de transport.
« On ne peut pas être conducteur et gendarme à la fois. Nous, on est payés pour transporter les gens d’un point à un autre, en toute sécurité. C’est aux pouvoirs publics et à la direction de la STP de prendre les dispositions nécessaires à la sécurité dans les autobus. Nous, on veut des gens formés pour faire du contrôle.
Des emplois-jeunes à la STP
Au district de Poitiers, les responsables reconnaissent les conditions difficiles dans lesquelles les chauffeurs sont parfois amenés à travailler.
« Nous regrettons cet incident, souligne Jean-François Macaire, directeur du cabinet du maire de Poitiers. C’est vrai, il y a des problèmes de sécurité sur certaines lignes à Poitiers, mais, depuis deux ou trois ans, un important travail de prévention est mené par la STP. Malheureusement elle n’est pas efficace à 100 %. Notre volonté est d’aller encore plus loin dans la sécurité. Les emplois-jeunes vont nous permettre d’apporter très prochainement des réponses concrètes...
Avec l’aide de la police
Au siège de la STP, la direction s’est réunie pour trouver une solution à cette crise soudaine. « Une agression de plus à Poitiers, c’est toujours une de trop ». Hugues Fulchiron, directeur de la STP, fait le point de la situation. « Il y a eu malheureusement quelques coups de poings, mais il ne faut pas dramatiser. Le mouvement des chauffeurs est plus l’expression d’un ras-le-bol de cette situation d’insécurité qu’ils vivent le plus souvent, à Poitiers, par rapport à des gestes d’incivilités. Je crois qu’aujourd’hui, ce que veulent nos agents de conduite, c’est un signe très concret, de présence plus forte sur le terrain, dès demain ».
Des contacts ont donc été pris, auprès de la préfecture notamment, pour envisager un accompagnement plus fort de la part des forces de l’ordre, sur l’ensemble du réseau. « La STP toute seule n’est pas capable de résoudre ce problème social ».
Enquête : Louis-François Caillaud et Richard Tallet
Des mesures d’urgence dès aujourd’hui
Mercredi soir une réunion de crise s’est tenue à la préfecture de la Vienne en présence d’une délégation des chauffeurs de la STP du directeur de la STP, Hugues Fulchiron, de Catherine Coutelle, élue responsable des transports au District, du directeur départemental des polices urbaines, le commissaire Hervé Louzeau, et du directeur de cabinet du préfet, Marc Fosseux. Les représentants de l’État ont assuré que, dès aujourd’hui jeudi, serait mis en place un renforcement de la présence policière sur le réseau de transports urbains. De son côté, la municipalité a délégué l’un de ses éducateurs spécialisés pour veiller à la sécurité sur la ligne 8, en liaison avec les agents de la STP.
Par ailleurs, la société des transports poitevins a proposé, d’une part, de créer un emploi supplémentaire de contrôleur et, d’autre part, de réorganiser le service pour dégager un demi poste qui sera affecté au contrôle.
La délégation est rentrée avec ces propositions. A 21 h, les organisations syndicales décidaient de reprendre le travail aujourd’hui.
Photo : Les quelque 130 chauffeurs du jour se sont retrouvés au dépôt de la STP, les problèmes d’insécurité
le 22/09/2025 à 17:44
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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