1699301/04/1998POITIERS
A l’appel des syndicats CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et GNC, les agents de Gaz de France ont observé un arrêt de travail de deux heures dans plusieurs centres de la région pour protester contre un projet de loi portant diverses dispositions d’ordre économique et financier (DDOEF) en discussion mardi à l’Assemblée et dont l’article 35, camouflé sous bien d’autres, risque de remettre en cause des missions de service public de GDF.
Une explication s’impose : au terme de la loi de 1946, GDF bénéficie du monopole de la distribution du gaz, limité cependant dans certains cas (éloignement trop élevé de certaines communes) par des critères de rentabilité que l’établissement doit respecter. Dans ces conditions, les communes non desservies ne pouvaient faire appel à aucun autre opérateur privé. Bruxelles est intervenu pour interdire à GDF « d’exploiter sa position dominante de façon abusive ». Le gouvernement a alors introduit dans la loi, une disposition qui précise « parmi les communes qui en feront la demande », celles qui pourront être servies par GDF dans les zones actuellement non couvertes. « Cette petite phrase change tout, note un délégué poitevin, parce qu’on ne peut pas imaginer à terme qu’une commune jusque-là non desservie en gaz ait le choix de son opérateur, chez nous ou dans le privé, alors qu’une autre déjà desservie ne l’aurait pas. Au moment du renouvellement de leur concession, les villes seront libres de choisir ».
Dans ces conditions, on peut imaginer que les groupes privés seraient attirés par les collectivités les plus rentables, GDF risquant de se retrouver avec les plus pauvres, ce qui ne manquerait pas de mettre à mal le service public, qui repose sur la péréquation des tarifs.
Les agents de GDF sont également attentifs au développement de la cogénération qui aboutit à ce que de gros établissements (CHU, Université, groupe de logements, etc.) achètent, par l’intermédiaire de groupes privés, du gaz à l’étranger pour produire sur place de l’énergie électrique quitte à vendre le superflu à... EDF, à un prix du kilowatt/heure beaucoup plus élevé que celui produit par Civaux par exemple : « Au bout du compte, ce sont les usagers qui paieront » conclut le syndicaliste.
Après une assemblée générale, une délégation a été reçue par la direction de GDF et à la préfecture et les responsables vont poursuivre les rencontres avec les élus.
Photo : Prise de parole durant l'arrêt de travail à Poitiers
le 05/10/2025 à 14:48
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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