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0169329/06/1931POITIERS

INAUGURATION DE LA MAISON DU PEUPLE

LA CONFERENCE

Samedi soir à 20 heures 30 a eu lieu sous la présidence de M. le Maire une conférence publique.

Remarqués sur l’estrade M. le Maire et Mme Morain ; MM. les adjoints au maire ; M. le secrétaire de la Bourse du Travail ; MM. les secrétaires adjoints.

Le premier des orateurs, M. Audinet, Secrétaire de la Bourse du Travail, prend la parole et au nom de tous les syndicats, remercie M. le Maire et la municipalité pour l’effort qu’ils ont accompli en faisant une Maison du Peuple et une Bourse du Travail. Puis il excuse M. Sablé, directeur de l’enseignement technique qui n’a pu se rendre à Poitiers.

Après lui M. le Maire de Poitiers salue la présence de M. Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T., défenseur de la classe ouvrière.

UN INCIDENT

Au moment où M. le Maire parle de l’éducation et de l’instruction de la classe ouvrière, un coup de sifflet l’interrompt. Puis, après échange de paroles plus ou moins vives, l’incident est clos et le maire de Poitiers peut continuer sans être interrompu.

Au nom de la Fédération postale M. Courrières apporte un salut affectueux aux travailleurs de Poitiers. Il dit sa joie de se trouver au milieu de « camarades » et convie l’assistance à « bannir la misère », et à poursuivre une œuvre de réalisation et de bien.

M. VARDELLE

L’adjoint au maire de Limoges apporte à Poitiers les félicitations de la Fédération du Papier. Il pense que la Maison du Peuple est un bon instrument de concorde et rappelle les efforts faits par la C.G.T. pour la classe ouvrière. Puis, parlant de la situation internationale, il déclare que la solidarité des peuples évitera le retour de la guerre.

Après avoir félicité et remercié la Municipalité de l’avoir confié à cette conférence, M. Joligué, au nom de la Fédération du bâtiment, parle de l’éducation des ouvriers. Il tente ensuite de brosser un tableau de la situation économique, et fait ressortir que la concorde et la solidarité des travailleurs sont les gages les plus sûrs de la paix.

M. JOUHAUX

Le secrétaire général de la C.G.T. va faire l’histoire du mouvement syndical. L’orateur montre que c’est un fait contre lequel plus personne ne peut plus rien et dont les gouvernements eux-mêmes sont obligés de tenir compte. « Partout, dit-il, la solidarité existe aujourd’hui ».

Puis M. Jouhaux montre que tous les jours des actes nouveaux montrent la force du mouvement syndical. Pour lui ce mouvement est le seul qui puisse apporter des joies, des améliorations et aussi la liberté à la classe ouvrière. Pour que l’idée syndicale puisse s’affirmer, dit-il, il faut qu’elle se traduise par des actes et il faut que les ouvriers fassent bloc pour que l’on puisse obtenir les revendications désirées.

Ensuite M. Jouhaux parle de la crise économique mondiale dont la principale cause, dit-il, est le « nationalisme économique ». On peut en trouver d’autres dans la politique des gouvernements, politique douanière souvent mauvaise.

L’orateur pense que c’est à la C.G.T. qu’il revient de remédier à cette crise.

Une occasion, la proposition Hoover est offerte ; ne la laissons pas échapper, car on pourrait aller aux pires catastrophes.

LA JOURNÉE DU DIMANCHE

Dimanche matin à 9 heures 30 a eu lieu l’inauguration de la Maison du Peuple et de la Bourse du Travail.

Remarqués dans le cortège officiel, M. le Préfet de la Vienne, M. le Maire de Poitiers, MM. les adjoints, M. Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T. ainsi que de nombreuses personnalités.

Le cortège, guidé par M. Audinet, secrétaire de la Bourse du Travail, a parcouru les vastes salles et les ateliers où pourront être formés les jeunes enfants.

Dans chaque salle, le cortège s’arrêtait et admirait l’organisation moderne.

LE VIN D’HONNEUR

A 11 heures, dans les salons de l’Hôtel de ville, la Municipalité a offert un vin d’honneur.

Autour de la table, nous avons pu noter la présence de M. le Préfet de la Vienne, M. le Maire de Poitiers, de M. le Président du Conseil général, de M. Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T. de MM. les adjoints au maire, de M. Hulin, conseiller général, de M. Audinet, des délégués des régions voisines ainsi que de nombreuses personnalités.

Plusieurs discours ont été prononcés par MM. Morain, Maire de Poitiers, Audinet, secrétaire de la Bourse du Travail, Jouhaux, Baffrey, Préfet de la Vienne, qui ont rendu hommage à la classe ouvrière.

LE BANQUET

A 12 heures 30, dans la salle des fêtes de la rue de la Tranchée, eut lieu un banquet populaire, présidé par M. Morain, maire de Poitiers.

Remarqués à la gauche de M. le Maire, MM. Duplantier, Sénateur de la Vienne, Hulin, Pétonnet, conseillers généraux ; à sa doite, M. Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T., Audinet, secrétaire de la Bourse du Travail, Vardelle, adjoint au maire de Limoges.

Face à M. le Maire, MM. les adjoints ainsi que de nombreuses personnalités dont le manque de place ne nous permet pas d’énumérer les noms.

A l’heure où le champagne commençait à pétiller dans les coupes, M. Audinet se leva et après quelques paroles de remerciements à tous les convives il les pria de ne pas oublier « les camarades du nord qui luttent depuis six semaines ». La collecte faite aussitôt rapporte la somme de 555 francs.

M. DUPLANTIER

Après M. Audinet, M. Duplantier, sénateur de la Vienne, vint affirmer les sentiments qu’il éprouve pour la classe ouvrière. Il déclara qu’il était intervenu auprès du ministre de l’instruction publique pour qu’une subvention soit accordée en vue de l’organisation des cours professionnels. Puis il dit toute la joie de se trouver au milieu des travailleurs.

M. LE MAIRE

M. Morain s’excuse de prendre la parole pour la troisième fois. Il dit combien il est heureux de fêter le travail. Son désir est de voir dans la joie tous les travailleurs.

M. HULIN

Au nom du Conseil général, dont il est le vice-président, M. Hulin affirma que les travailleurs peuvent compter sur lui, et qu’ils peuvent être assurés que la subvention sera augmentée.

Puis il salue l’homme qui est le symbole de la classe ouvrière, M. Jouhaux.

M. JOUHAUX

Il faut, déclare le secrétaire général de la C.G.T., que les hommes se comprennent et s’aiment. Nous unir les uns les autres, telle est notre morale.

Pour atteindre cet amour, il faut lutter et faire des sacrifices, mais il a confiance dans la classe ouvrière et espère qu’un jour viendra où cette classe laborieuse sera heureuse.

RAPPORTS DE POLICE (Arch Départ. 4 M 1548)

Commissariat central de Police – ville de Poitiers

Poitiers le 28 juin

A Monsieur le Préfet

J’ai l’honneur de vous rendre compte que la conférence organisée à la Maison du Peuple à l’occasion de l’inauguration de cette œuvre a eu lieu hier soir, sans indicent, en présence d’un très nombreux auditoire. La seule note discordante a été un coup de sifflet lancé par un cheminot dont je n’ai pu savoir encore le nom. Il n’y a pas eu de contradicteur.

…/…

 

29 JUIN 1931

Courrier au Président du Conseil, Ministre de l’intérieur

J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’à l’occasion de l’inauguration de la Maison du Peuple (Bourse du Travail) de Poitiers, une conférence publique a eu lieu le samedi 27 juin courant, à Poitiers, devant une assistance d’environ 300 personnes : réunion publique des plus calme, aucun incident à signaler.

Commencée à 21 heures la réunion prit fin à 23 h. 30.

Le bureau formé d’avance, était composé ainsi qu’il suit :

Président, M. Morain Maire de Poitiers

Assesseurs : MM. Audinet, secrétaire de la Bourse du Travail, Chertreau & Renault, conseillers municipaux.

Ont pris successivement la parole :

M Courrière de la Fédération postale ;

Vardelle, adjoint au maire de Limoges, délégué de la Fédération du Livre et du Papier,

Joligne, de la Fédération du Bâtiment,

L. Jouhaux secrétaire général de la CGT.

Les premiers orateurs ont fait l’éloge de la Municipalité radicale et socialiste de Poitiers qui a donné à la classe ouvrière un véritable palace pour son éducation syndicale et professionnelle, ils ont invité les ouvriers à en profiter pour se perfectionner non seulement professionnellement mais encore socialement, car le syndicalisme bien qu’il ait obtenu beaucoup de résultats depuis une cinquantaine d’années n’est pas encore au bout de sa tâche.

Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT prend la parole en dernier lieu. Il retrace les efforts fait par le peuple à travers les âges pour son émancipation vers un idéal de beauté de bonté et dit que l’œuvre accomplie par la génération actuelle est immense bien qu’au gré de quelques-uns, elle ne soit pas encore suffisamment appréciable. La CGT est traitée par eux avec mépris de « réformiste » comme si tout syndicaliste n’était pas en lui-même réformiste, mais ne se laissant pas influencer par les louanges, ni décourager par les attaques plus ou moins grossières dont elle est l’objet, elle poursuit sa tâche avec calme et méthode. Il critique à son tour ces mécontents qui ont fait le jeu du patronat, en s’insurgeant contre la loi des assurances sociales dont ils n’ont pas compris la portée morale et les avantages matériels que le prolétariat peut en retirer. Il dit sa foi dans l’avenir de la solidarité internationale qui, seulement, amènera la paxs véritable et définitive entre les peuples. La proposition Hoover n’est qu’une première étape dans cette voie. Il appartient au gouvernement français de compléter le geste du président des États-Unis en venant en aide, dans une large mesure, aux pays les plus atteints par la crise économique, c’est de cette façon que cette crise sera résolue et de nouveaux conflits sanglants évités. M. Jouhaux a été largement applaudi.

 

le 13/06/2020 à 14:11

Source : L'Avenir de la Vienne

locaux, maison du peuple, municipalité, CGT

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