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Jean-Claude Turquand est secrétaire à la communication de l’Union locale CGT. Il parle de la soirée consacrée à mai 1968, qui a lieu aujourd’hui jeudi, au centre Rasseteau à 20 h 30.

« NR » : Pourquoi cette démarche ?

J-C T : « Historiens, sociologues, syndicalistes, journalistes ne manquent pas d’apporter avec le regard critique que permettent trente années de recul, leurs commentaires sur le sens de cette page de notre histoire. La CGT se doit donc, non seulement d’y prendre part, mais de contribuer à rappeler sa genèse, ses enjeux et resituer son rôle et ses positionnements, en évitant les extrapolations faciles. Les événements de mai 1968, témoignent de la force que peuvent donner à un peuple des aspirations refoulées, écrasées, dès lors qu’apparaissent les conditions pour modifier le cours des choses. Ils illustrent la capacité d’un mouvement de masse de millions d’hommes et de femmes, prenant conscience de la force qu’ils représentent.

« NR » : A Châtellerault que s’est-il passé ?

J-C T : « Je ne suis pas le mieux placé pour décrire ce qui s’est déroulé dans notre ville, notamment par l’absence d’archives sur mai 1968 (à la « NR » les travailleurs du Livre étaient dans l’action !), mais il ne faut pas oublier que le fait majeur à cette époque, était la fermeture de la manufacture d’armes. Je fréquentais l’école d’apprentissage de la MAC et je me souviens parfaitement de la manifestation du 13 mai, conduite par M. Bourdeau responsable CGT, qui partit de la Manu jusqu’au centre-ville. A Châtellerault, c’était aussi la grève avec occupation des locaux dans de nombreuses entreprises, MAC, SOCHATA, SFENA, Gallus, Lasseur, Merceron, Jaeger, Sarco, etc. Ce 13 mai s’est terminé par le rassemblement de cinq mille personnes devant la mairie, à l’occasion d’un meeting de l’UL CGT, au cours duquel le secrétaire général, M. Servolle, un cheminot aujourd’hui disparu, prononça un discours mémorable ».

 

« NR » : Comment s’organise cette soirée ?

J-C T : « Elle se déroulera en deux temps, ce jeudi soir. Il y aura tout d’abord la vidéo projection du film réalisé par la CGT « Traces de mai », ensuite s’ouvrira le débat avec les acteurs de mai 1968, c’est-à-dire les responsables de l’UL-CGT de Châtellerault et des syndicats CGT de l’époque. Prendront part également au débat des représentants des autres centrales syndicales et des partis politiques de gauche... si ces organisations répondent positivement à notre invitation ! Une riche soirée en perspective, à laquelle est aussi conviée la jeunesse de la ville qui n’a vécu pour une grande partie, que les années de crise, économique, sociale, politique.

« A ce sujet, la CGT pense que la régression sociale n’est pas une fatalité, elle a des causes bien connues et il est possible d’infléchir les choix réalisés. Aujourd’hui nous ne procédons pas à une commémoration avec des « anciens combattants », mais plutôt à une relecture à plusieurs voix de l’expérience passée, pour éclairer le présent.

Propos recueillis par Patrick GONIN.