1708709/07/1998VIENNE
Pour sortir du cercle chômage-exclusion, la CFDT prône un dialogue différent entre les acteurs de l’emploi.
Le quatrième niveau du dialogue social serait-il la panacée contre l’exclusion et le chômage ? France Joubert le pense. Le secrétaire régional de la CFDT veut que patrons, syndicats, État, élus, entreprises, associations d’insertion se parlent pour travailler dans le même sens, efficacement.
En avril dernier, la CFDT avait tiré le bilan des actions qu’elle mène pour le développement de l’emploi, de la formation, de l’insertion, à travers quatre structures qu’elle a créées en Poitou-Charentes. Aujourd’hui, elle en demande la reconnaissance.
« Depuis 8 ans, on a vu croître les problèmes de mutation, de chômage, d’emploi des jeunes. Le syndicalisme n’a plus de prise sur les revendications ou les propositions. On glisse sur un terrain qui n’est pas le nôtre. Par notre faute. Car on ne discute pas flexibilité, mobilité, mutation, en dehors des partenaires sociaux classiques. On n’est plus présent avec les précaires et les exclus ». Ce constat a poussé la CDFT à créer ces quatre structures du quatrième niveau social, qui travaillent au plus près du terrain.
Économie solidaire
AVERTIR illustre une démarche régionale de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, en croisant branches professionnelles et territoires. Vingt projets de service de proximité sont nés en 7 ans.
APER promeut l’emploi en milieu rural et a donné naissance à deux cents groupements d’employeurs en 8 ans, dans l'agriculture et l’artisanat
La CAO est un outil de gestion prévisionnelle des emplois. Elle a favorisé la mobilité de 1.400 salariés d'Heuliez en Deux-Sèvres, sur le bassin d’emploi de Bressuire. Un fichier de 50 PME est mis à disposition des chômeurs, structures d’insertion et chefs d’entreprises pour répondre à l’emploi.
Enfin, IRIS fédère des structures d’insertion par l’économique. 40.000 chômeurs de la région passent tous les ans par ces structures et quand l’État et la Région versent 1 F pour l’insertion par l'activité, ça génère 5 F.
Ces quatre structures veulent faire de l’emploi précaire un véritable emploi suivant la formule de France Joubert « l’économie solidaire pour l’emploi solidaire ». Le responsable syndical sait qu’aujourd’hui « le marché commande l’emploi, même si ça fait mal de dire ça ». Il faut une révolution des mentalités. « Il faut ouvrir les yeux des salariés, leur dire que trop de protectionnisme peut tuer leur boulot et risque de détruire la solidarité.
La preuve par quatre
Le quatrième niveau social n’en est qu’à ses balbutiements mais « la CFDT a fait la preuve qu’elle est organisée pour répondre aux problèmes d’emploi et d’exclusion. Elle veut donc être reconnue en tant que partenaire de la création d’activité ». Cette reconnaissance lui apporterait des moyens financiers pour aider chômeurs et exclus. Mais elle ne le fera pas toute seule. « Le dialogue social est créateur d’emploi si les institutions, les syndicats et les patrons se parlent ».
Pour convaincre ses futurs partenaires, la CFDT Poitou-Charentes a fait réaliser une étude. Elle a demandé au cabinet CIRCE de mettre en valeur ses initiatives, d’analyser les conditions dans lesquelles elles pourraient être transférées dans d’autres structures de son syndicat et de tenter de formaliser, à partir de l’expérience du Poitou-Charentes, les nouveaux engagements des syndicats dans les actions territoriales d’emploi et de formation.
En mars prochain, le syndicat organise à Poitiers un colloque sur le quatrième niveau de dialogue social. « Il faut qu’il soit intégré dans les futurs contrats de Plan et dans la loi d’aménagement du territoire ».
Odile Moniot
le 13/10/2025 à 16:37
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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