1710429/08/1998POITIERS
La CGT ouvre une antenne permanente dans la zone du Futuroscope pour aider les salariés du secteur à s’organiser et à faire respecter leurs droits
Le marché de l’emploi et les conditions de travail changent. Mais le syndicalisme s’adapte. La CGT veut en faire la démonstration dans la zone du Futuroscope. Comme son Union départementale l’avait annoncé au printemps, elle ouvre une antenne permanente aux portes du Futuroscope.
L’équipe qui anime cette structure sous la houlette de Francis Martin s’est donnée pour mission d’être à l’écoute des salariés dans un secteur où la flexibilité et la précarité sont souvent de règle. La CGT fait en effet un double constat : si le pôle économique qui va de Grand-Pont à Dissay compte quelque 220 entreprises qui donnent du travail à 10.000, voire 15.000 personnes, c’est aussi le lieu où dans la Vienne, se concentrent de nouvelles formes d’emploi qui n’offrent guère de garanties. Témoin la cinquantaine de procédures prud’homales que le syndicat suit, ou qu'il a suivies, pour défendre des employés d’entreprises de ce même secteur.
“Zone de non droit”
« C’est une zone de non droit. Ici, on est licencié aussi vite qu’on est embauché, résume Francis Martin : Il y a donc besoin d’un endroit où les gens puissent défendre leurs droits et exiger des conventions collectives ». Ce qui revient à « poser la question de la liberté et de la citoyenneté dans l’entreprise », souligne Bernard Viot, secrétaire général de l’UD CGT, dénonçant les effets dévastateurs des conditions de travail imposées à des salariés jeunes et fragilisés par des contrats qui ne permettent guère d’envisager une vie stable et de se projeter dans l’avenir.
Francis Martin annonce donc que la CGT « ira partout pour poser la question du social » et pour « empêcher la mise en place d’une société de souffrance au travail, au nom de la guerre économique, de la concurrence ou de la fatalité ».
Le syndicat veut bien sûr aller à la rencontre des salariés aux portes de leur travail, pour débattre des 35 heures, de la flexibilité et pour rappeler que « plus les salariés seront près des organisations syndicales, plus ils auront des chances d’avoir des droits correspondant à leurs besoins ». Mais il inscrit aussi sa présence dans la perspective d’un « syndicalisme utile, de proximité, conçu comme un outil mis à disposition des salariés là où ils sont ». Son antenne du Futuroscope fonctionnera donc comme un lieu d’écoute et de dialogue qui, faute de Bourse du travail, permettra à celles et ceux qui le souhaiteront de s’informer et, le cas échéant, de s’organiser pour faire valoir leurs revendications.
Équipée d’un téléphone et d’un fax, l’antenne CGT de la zone du Futuroscope sera ouverte à cet effet du lundi au vendredi de 13 h 45 à 19 h, à compter du 1er septembre. Des permanences de conseil syndical et juridique auront lieu chaque lundi, de 17 h à 19 h. La soirée du mardi sera, quant à elle, orientée vers la défense des consommateurs.
Francis Martin et Bernard Viot contactent par ailleurs les élus pour obtenir la création d’une Bourse du travail sur le site : « Pour nous, le syndicalisme a de l’avenir. Après les illusions individualistes des années quatre-vingts, le collectif prend une nouvelle dimension ».
Alain Defaye
• L’antenne CGT de la zone Futuroscope est implantée sur le site du Moulin, rue Jules-Verne, face à l'entrée du personnel du parc de loisirs, à Jaunay-Clan. Tél 05.49.55.22.49. Fax 05.49.55.32.21.
La flexibilité en question
La CGT craint que nombre de contrats à durée déterminée ne soient pas renouvelés, en fin d'été, au parc du Futuroscope. La fréquentation du parc a en effet marqué le pas, selon les chiffres avancés par le syndicat.
Inférieure à 1.277.000 visiteurs, le 8 juillet, elle a chuté de 11 %, par rapport à l’an passé. Or, Bernard Viot souligne que beaucoup de CDD n’ont désormais rien de saisonnier, dans la mesure où ils peuvent durer six à huit mois : « Ceux qui les signent ont toujours l’espoir de décrocher un emploi stable ». Le secrétaire général de l’UD CGT y voit une « accélération de l'exploitation de la jeunesse ».
Photo : Une antenne syndicale à l’ombre du Futuroscope : la CGT veut « poser la question du social » dans un secteur qu’elle considère comme « une zone de non droit »
le 20/10/2025 à 14:00
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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