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Le patrimoine n’est pas à vendre. Les archéologues ne sont pas contents et ils le font savoir.

Archéologie en grève… Trautmann, respecte les engagements... Une quarantaine d’archéologues sont descendus jeudi dans les rues de Poitiers pour dénoncer « la privatisation de l’archéologie préventive et la soumission de la recherche et de la protection du patrimoine national aux intérêts des grandes entreprises de travaux publics ».

Qu’en est-il exactement ? Actuellement, les fouilles archéologiques réalisées avant de grandes opérations immobilières - comme celles menées aux Cordeliers à Poitiers - sont orchestrées par les directions régionales des Affaires culturelles qui établissent un cahier des charges scientifique. Dans la majorité des cas, les chantiers sont ensuite confiés à l’Association pour les fouilles archéologiques nationales, une structure créée et contrôlée par l’État.

Or, le ministère de l’Économie, des Finances et de l'Industrie vient de décider de mettre l'AFAN en concurrence avec des entreprises agréées… et privées. « Les aménageurs pourront désormais choisir la société de leur choix pour mener les opérations de sondage. L'avenir de notre patrimoine est aujourd'hui menacé » regrette une salariée de la DRAC. « C’est une atteinte à la discipline archéologique » poursuit Anne-Marie Jouquand, responsable des fouilles de l’ilot des Cordeliers. « Les entreprises vont choisir un minimum d’archéologues pour réduire les coûts au maximum. Je ne vous parle même pas des éventuels pots-de-vin. Or, l’archéologie n’est pas une affaire de profit. C’est avant tout une passion ».

Jeudi matin, avant de manifester bruyamment devant l’église Notre-Dame et de faire signer une pétition destinée au ministre de la Culture, les grévistes sont allés à la rencontre des étudiants en archéologie de l’université de Poitiers. « Nous leur avons conseillé de changer de filière » conclut une chercheuse visiblement écœurée. ?

Photo : Les archéologues ont manifesté dans les rues de Poitiers