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1731818/03/1999POITIERS

MALAISE CHEZ LES POMPIERS

Départementalisation, schéma départemental, conditions de travail et secours payants inquiètent les pompiers

Depuis décembre dernier, les pompiers manifestent leur inquiétude. Au-delà du folklorique petit camion rouge sirène hurlante en tête des défilés, les tracts remis à la population résument le malaise de ces professionnels de Poitiers et Châtellerault, majoritairement syndiqués à la CGT.

Leurs revendications sont nationales avec la reconnaissance de la dangerosité de la profession, la demande d’une loi cadre sur le temps de travail et la participation de l’État, des sociétés d’assurance et autoroutières dans le financement de la départementalisation. Elles sont aussi locales. La départementalisation fait peur, le SDACR (schéma départemental d’analyse et de couverture des risques) se fait attendre, la diminution des missions et la remise en cause de la gratuité de certaines d’entre elles inquiètent.

Service public payant

Les pompiers pensent à la sécurité des personnes et à leur porte-monnaie. « Les élus essaient de récupérer de l’argent ou de ne pas en mettre pour minimiser le coût des services. Alors ils font payer certaines interventions. C’est un vrai problème de société, de service public, les personnes en situation précaire ne pourront pas payer », dénonce Philippe Besseron, secrétaire général des pompiers CGT. Exemples.

« Aujourd’hui, nous n’intervenons plus dans le secours à personne à domicile. L’appel au 18 bascule sur le 15 (le SAMU) où le médecin régulateur décide d’envoyer un médecin, une ambulance, le SAMU, ou occasionnellement nous. Depuis le 1er janvier, la destruction d’insectes est payante. Le 18 renvoie sur des sociétés privées qui facturent 400 F. Si nous sommes obligés d’y aller, on doit facturer autant. Depuis un mois, le SAMU gère les secours à personnes dans les lieux recevant du public. On s’attend à se voir enlever les victimes sur la voie publique, sauf les secours routiers, les personnes bloquées dans les ascenseurs qui devront attendre l’arrivée de la société de garde. L’intervention sur feux de cheminées va devenir payante puisqu’il y a obligation légale de ramoner ; on devra demander le certificat de ramonage ».

L’urgence gratuite

Cette longue énumération met en évidence une baisse de la qualité des secours, selon les cégétistes. Ils craignent de voir fondre leurs effectifs si on diminue leur champs de compétences, d’être donc moins performants « car nous n’aurons plus la connaissance du terrain ». « Le SAMU nous fait déjà remarquer qu’on diagnostique moins bien les blessés lors d’un accident. C’est normal puisqu’on intervient moins. Les professionnels veulent de la formation continue, au quotidien, sur le terrain.

Leur analyse est contestée par la direction. Il n’a jamais été question d’enlever les secours d’urgence aux pompiers rétorque le lieutenant-colonel Patrick Toufflet, responsable du service départemental d’incendie et de secours (SDIS).

« Mais soit on a une vision expansionniste des sapeurs-pompiers, soit on recentre nos missions. Notre souci est le temps de formation des secours d’urgence. Notre rôle n’est pas d’intervenir sur un bras cassé ou une personne tombée de son lit en pleine nuit, sauf s’il y a carence. Et on ne raisonne plus en partage de territoire mais en qualité des soins pour la victime, en rapidité d’intervention.

Le SDIS n’est pas dans une logique de rentabilité mais de secours à personne. Quant au paiement de certaines interventions, elles sont fixées par cinq lois (déchets, pollution, sécurité civile, secours en montagne, en mer) ou bien ne relèvent pas de la nécessité publique comme caves inondées, recherche d’animaux, destruction de nids d’insectes, etc.

« Les victimes ont changé, elles nous emmènent de plus en plus au tribunal administratif. Nous resserrons nos missions pour protéger les pompiers qui deviennent personnellement responsables.

Odile Moniot

Acquis sociaux

Pour le lieutenant-colonel Patrick Toufflet responsable du SDIS, « la départementalisation est la locomotive à laquelle on rajoute des wagons qui n’ont rien à voir ».

Selon Philippe Besseron, secrétaire général des pompiers CGT, elle remet en cause les avantages acquis. Les pompiers de Poitiers et Châtellerault veulent conserver leurs acquis sociaux et n’acceptent pas le nouveau régime indemnitaire « qui supprime la prime de vacances de 5.600 F par an ».

C’est un faux problème, répond la direction du SDIS : « Il n’y aura pas de perte d’argent avec la nouvelle grille, certains gagneront même plus ».

Les cégétistes craignent également que la réduction du temps de travail se fasse sans embauche. Un audit demandé par le conseil d’administration du SDIS, est actuellement en cours sur le temps travaillé par rapport au temps de présence.

Photo : Les sapeurs-pompiers craignent de voir leur champ d’intervention se restreindre

 

 

le 11/11/2025 à 09:41

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

pompiers, grève, statut, réforme

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