1738211/05/1999POITIERS
La direction de la manufacture qui emploie aujourd’hui plus de 800 personnes à Poitiers fait une proposition minimaliste d’aménagement et de réduction du temps de travail
Michelin a employé 765 personnes en moyenne à Poitiers l’année passée. Lundi soir est tombée sur les fax des journaux de tous les départements où la manufacture est implantée une « information presse » évoquant l’aménagement et la réduction du temps de travail. Il s’agit d’une proposition de la direction de Clermont-Ferrand qui sera maintenant discutée avec les syndicats. En voici les termes.
A plusieurs reprises, on le sait, Michelin a souligné que la réduction du temps de travail (RTT) induira « un surcoût impossible à faire supporter aux clients » pour des raisons d’augmentation du coût du travail en France, « déjà plus élevé que dans la plupart des pays européens ». « Plus le travail sera cher, explique-t-on à la direction, plus les emplois quitteront la France »... D’où la nécessité d’améliorer la compétitivité en France.
Cinq jours pour les non postés
Pour le personnel posté en atelier, on souligne que des horaires en équipes, assortis d’une compensation des contraintes par du temps libre, ont été mis en place depuis des années. « C’est ainsi que le personnel pratiquant un horaire en équipes 3 x 8 a un temps de travail effectif voisin de 35 heures qui peut descendre à 32 heures ou moins pour les salariés dont l’horaire inclut le travail sur tout ou partie du week-end ». Pour le personnel posté, conclut le communiqué, il n’y aurait donc pas de problème d’application.
En ce qui concerne le personnel non posté (en gros, personnel de bureau qui, à Poitiers représente environ un quart de l’effectif), la mise en place est plus délicate, compte tenu, dit-on, du travail par objectifs, des échanges internationaux, des décalages horaires et du caractère cyclique de certaines activités.
« Seul un décompte annualisé par journées travaillées est compatible avec la notion de mission et convient à une gestion moderne des compétences ». La proposition de Michelin pour les non postés consisterait donc en une réduction de cinq jours du nombre des journées travaillées, sans remise en cause des avantages actuels et sans surcoût « car cette annualisation améliorerait l’efficacité du service aux clients. La prise en compte des jours fériés non travaillés, des pauses, etc. et des cinq jours proposés devrait conduire à un temps de travail effectif proche des 35 heures ».
Début 2000
C’est au début de l’an prochain que pourrait se faire la mise en place de cette proposition alors que la direction attend les propositions syndicales. Mais il est évident qu’une telle mesure n’aboutirait pas à la création d’emplois comme le prévoit la loi. Chez Michelin, on insiste sur le fait que « des créations ne peuvent qu’accompagner un développement ». Or en l’occurrence, ce n’est pas le cas.
Côté CFDT, on fait ressortir qu’il y a désaccord sur le mode de calcul du temps de travail puisque la direction prend en compte les jours fériés, les temps de pause, de casse-croûte…, qui faussent le calcul. La différence réside donc entre les 8 heures de présence dans l’entreprise, seules prises en compte par les syndicats, et les 7 h 10 minutes de production pure que préfère considérer la direction.
Le syndicat, bien conscient qu’il n’y aura pas de proposition de création d'emplois, fait aussi ressortir l’énorme volume d’heures supplémentaires. A Poitiers, réalisées par le personnel Michelin mais aussi par les plus de cent intérimaires, elles sont soit payées soit récupérées et se seraient élevé, en 1998, à plus de 6.000.
L Bertagnolio
Photo : C’est au début de l’an 2000 que pourrait se faire la mise en place de cette proposition de la direction
le 11/11/2025 à 17:34
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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