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Les personnels non enseignant de l’Éducation nationale en grève ont manifesté hier à Poitiers. Bruyamment. Pour que leurs revendications soient enfin entendues.

Les cuisiniers, secrétaires, concierges, femmes de ménage des collèges et lycées du Poitou-Charentes étaient dans la rue, hier matin, à Poitiers. « Nous sommes les oubliés de l’Éducation nationale. On ne parle jamais de nous. On ne parle que des enseignants », s’insurge une jeune femme qui marche d’un pas décidé dans le cortège des manifestants.

Pour faire avancer leurs revendications et montrer qu’ils sont indispensables au bon fonctionnement des établissements scolaires, des inspections d’académie et du rectorat, les ATOS (personnels administratifs, techniques, ouvriers, sociaux) ont défilé bruyamment dans le centre-ville en partant du parc de Blossac.

Les drapeaux des six syndicats flottaient vivement au-dessus du cortège formé de 200 à 450 manifestants, selon les sources. Les composantes représentant les personnels non enseignants à la FEN, FSU, la CFDT et la CGT s’étaient unis pour cette journée de grève dans le cadre d’une semaine d’actions lancée sur le plan national.

« Du jamais vu depuis au moins 1968 ! », s’exclame un militant de la CGT. « Une mobilisation à la hauteur de notre ras-le-bol et du malaise dans la profession » commente un représentant de la FEN.

Créations de postes

Les protestataires réclament des créations de postes. « Depuis plusieurs années, nous en avons obtenu un minimum alors que des tâches nouvelles ont été attribuées dans les bureaux de l’administration académique et dans les établissements » explique une syndicaliste de la FSU. Pour l’exemple, elle cite le traitement des dossiers de bourses dans les collèges, la gestion des emplois-jeunes, celle des mutations des enseignants.

Les grévistes jugent ces créations d’autant plus nécessaires dans la perspective des 35 h. « Le personnel administratif effectue actuellement 39 heures par semaine ; le personnel dans les collèges et lycées, 42 heures en raison de vacances scolaires ». Ils ne veulent pas entendre parler de redéploiement des effectifs ce qui signifierait « déshabiller Pierre pour habiller Paul ». Ils se battent en outre pour que les auxiliaires et contractuels soient titularisés. « Sur 6.500 salariés non enseignants, il y a environ 700 personnes en situation précaire » précise la CGT.

Le recteur, Franck Métras, a reçu une délégation. Il a entendu ses doléances et les transmettra au ministre de l’Éducation, Claude Allègre. Les syndicats souhaitent que celui-ci en tiendra compte dans la préparation du budget de l’an 2000. Sinon, « la rentrée scolaire de septembre prochain se fera sans nous ».

Marie-Cath Bernard

• Des grévistes et des chiffres. Selon les syndicats, la grève des non enseignants a été suivie entre 60 et 70 % dans l’académie, « le secteur rural étant moins touché que les gros établissements ». Le rectorat annonçait 40 % dans les collèges et lycées (36 dans le Vienne), 5 % au rectorat et dans les quatre inspections d’académie.

Photo : Mobilisation pour alerter le rectorat et le public sur la situation des personnels non enseignants