1741511/06/1999CHATELLERAULT
Jean-Raymond Wadier a été élu secrétaire général de l’Union locale de la CGT. Rencontre avec la « NR » : franchise du langage et des révélations.
Le congrès de l’Union locale CGT s’est terminé par une vibrante interprétation collective de l’« Internationale ». Les participants à cette réunion, représentant les salariés des secteurs public et privé, les adhérents à la recherche d’un travail et les retraités, juste avant de se lancer dans ce chant symbolique, ont élu comme secrétaire général Jean-Raymond Wadier. Un « chef d’orchestre » pour l’Union locale qui compte environ 1.600 cotisants dans le bassin d'emploi châtelleraudais. Le remplaçant de Michel Juteau, a accepté de se plier au jeu des questions-réponses, sans esquiver aucun sujet.
« NR » : Pouvez-vous vous présenter ?
J-R W : « Je suis né en août 1955 à Beauvais (Oise). Divorcé, j'ai une fille de 15 ans, Pénélope. Fils d’ouvriers, j’ai obtenu un CAP de mécanique générale en 1973 avant d’exercer différents métiers dont celui de couvreur. J’ai fait mon service militaire chez les parachutistes, portant le béret rouge. Au cours de mon séjour sous les drapeaux, j'ai milité dans le cadre de l’Appel des Cent, œuvrant pour la création d’un comité de soldats. J’ai connu le licenciement économique chez Jaeger (NDLR : devenu Magneti-Marelli) en 1975 puis j’ai été embauché chez SFENA (Sextant Avionique aujourd'hui), où je suis resté seize ans. Des problèmes de santé m’ont écarté ensuite de la vie en entreprise.
« NR » : A quand remonte votre engagement syndical ?
J-R W : « En mai 1968, j’avais treize ans et je m’intéressais déjà fortement à tout ce qui pouvait améliorer les conditions de vie des ouvriers dans ma famille, les idées progressistes animaient les conversations de chaque jour ! Mon premier engagement syndical s’est fait dans les rangs de la CFDT avant de claquer la porte, au moment où cette organisation a abandonné la notion de lutte des classes qui pour moi était de la plus grande importance. En 1994, je suis devenu l’un des secrétaires de l’Union locale CGT, chargé plus spécialement du secteur des salariés privés d’emploi. Dans ce secteur, l’UL de Châtellerault a pris de nombreuses initiatives : fédérer des gens laissés sur le bord de la route à cause de la règle impitoyable de l’économie capitaliste, demande un engagement total et je pense que nous avons réussi. Mes rapports amicaux avec Michel Juteau, salarié de SFENA-Sextant, m’ont beaucoup aidé dans ma tâche.
« NR » : Êtes-vous membre d’un parti politique ?
J-R W : « En 1976, j’ai adhéré au Combat communiste marxiste léniniste, tendance maoïste. Je me suis intéressé de près à l’expérience albanaise et à ce titre j'ai effectué un séjour de deux semaines dans ce pays. Clin d’œil de l’histoire... C’est Michel Juteau syndicaliste CGT de SFENA qui a obtenu une subvention pour ce voyage d’études alors que j’adhérais à la section CFDT de l'entreprise ! Je rends aujourd’hui hommage à l’ouverture d’esprit de Michel. Depuis 1983, je n’adhère plus à aucun parti. Le nouveau secrétaire général de l’UL CGT de Châtellerault n’est pas membre du Parti communiste français, je le précise ! Mais dans le cadre des élections européennes, j’apprécie la démarche effectuée par Robert Hue avec sa liste “Bouge l’Europe” une liste d’ouverture qui souhaite voir s’instituer dans la communauté, un nivellement des acquis sociaux par le haut ».
« NR » : Quelle va être votre méthode en tant que secrétaire général ?
J-R W : « Dans un premier temps, je vais rendre visite aux quarante-cinq sections syndicales du bassin d’emploi châtelleraudais, en compagnie d’un représentant de chacune de nos “bases nouvelles” nées depuis quelques semaines ; ce sera l’occasion pour lui de mieux faire connaissance avec ses camarades et de découvrir les réalités de terrain. En tant que secrétaire général, j’aurai à traiter les dossiers chauds de l’actualité : les 35 heures qui, dans les grandes entreprises, peuvent se concrétiser par des luttes pour instituer un rapport de forces, le dossier des retraites avec des actions pour le maintien de la notion de répartition, le secteur des salariés privés d’emploi mais aussi le chapitre santé. Autant de démarches menées de façon collective. J’espère pouvoir engager des contacts avec la CFDT châtelleraudaise ; pour l’instant ce n’est pas le cas. J’étais présent au congrès départemental de la CFDT, au cours duquel un dialogue franc et constructif a pu s’établir ; phénomène encourageant, l’unité d’action est souvent réussie à la base, alors ! ».
Propos recueillis par Patrick Gonin
Photo : Jean-Raymond Wadier, nouveau secrétaire général de l’UL CGT ; il a également des responsabilités au sein de l’Union départementale et siège au niveau national pour les salariés privés d’emploi
le 17/11/2025 à 14:25
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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