1742112/06/1999CHAUVIGNY
Plus de cinquante salariés, syndiqués et non syndiqués, travaillant dans des entreprises du Chauvinois ont exprimé leurs craintes jeudi soir. Une centaine d’emplois sont menacés.
Les nouvelles de l'emploi sont mauvaises en Chauvinois. Suffisamment pour mobiliser plusieurs dizaines de salariés, jeudi en fin d’après-midi, salle des halles à Chauvigny, à l’appel de l’Union locale CGT. « Dans les semaines qui viennent, cent salariés environ vont être touchés par des mesures de licenciement ou de mises à l’écart diverses. Nous devons tout faire pour éviter ça », a déclaré d’entrée Francis Guionnet, secrétaire de l’Union locale, face à une salle composée, pour une bonne partie, de salariés non syndiqués dont l’emploi est menacé
JME-Microspires (ex-Jack’M), à Sainte-Radegonde, est l’entreprise dans la situation la plus critique : « Il y avait plus de cent salariés dans cette entreprise jusqu’à une première fournée de neuf licenciements en septembre 1998. En février 1999, dix-sept employés ont été de nouveau licenciés. Aujourd’hui, l’entreprise elle-même doit disparaître avec ses quarante-six emplois restant, a décidé la direction lorraine du groupe. On nous a proposé d’aller travailler en Moselle ou au Maroc, où l’entreprise a délocalisé et où elle embauche actuellement (effectif de 120 personnes). Pour la plupart, nous avons une quinzaine d’années d’ancienneté… JME prétend manquer de commandes mais cherche surtout à augmenter ses marges. Pourquoi embaucherait-t-elle en Afrique du Nord et en Corée, si ce n’est pas seulement pour moins payer ses salariés ? », se sont interrogées deux employées de cette société.
Tous au SMIC
Dominique Multeau a ensuite parlé de la situation chez Apilco-Deshoulières à Chauvigny : « L’entreprise a signé un accord de Robien il y a moins de trois ans. Cet accord, avec baisse de salaire, interdit de licencier. Mais la direction nous dit qu’il y a aujourd’hui douze « plein temps » en trop. Et impose le chômage partiel...
A Valdivienne, la fabrique de meubles Populus qui emploie trente-cinq personnes vient d’annoncer cinq licenciements pour « pertes de marché ». A Chauvigny encore, ISOA (isolation) vient de quitter le centre d’accueil d’entreprises de Peuron « parce que Chauvigny est trop excentrée ». Au passage, un salarié a été licencié.
A Saint-Savin, chez Aubade (bonneterie), la part du travail délocalisé en Tunisie est passée de 10 % à 50 % en deux ans, a rappelé une employée. Et le chantier de Civaux s’achève « avec un dégraissage massif ».
Reconnaissant qu’il n'y a pas de lien entre ces différentes affaires, Françis Guionnet a cependant stigmatisé l’attitude du patronat local : « Dans toutes les entreprises citées, les salaires sont au SMIC. Invoquer le coût exorbitant des salaires ne tient pas alors que chacun sait que la part des salaires dans le coût des produits baisse d’année en année.
Venu en qualité de délégué à la communauté de communes, Jean-Pierre David a insisté sur les fonds publics attribués à de nombreuses entreprises qui s’en vont ailleurs quand la source s’épuise : « A Sainte-Radegonde, la CCM doit toucher encore un an de mensualités avant que JME ne soit propriétaire de l’atelier… Dans tous ces cas d’aide publique, les syndicats et les élus des collectivités devraient avoir un droit de contrôle de l’usage qui est fait de l’argent de nos impôts.
La CGT, après avoir rencontré le préfet à Poitiers le 8 juin, a demandé à la sous-préfecture de Montmorillon la tenue d’une table ronde sur la situation de l’emploi dans le Chauvinois. « De nombreuses pistes n’ont pas été explorées, à commencer par la réduction du temps de travail... ».
Photo : Les salariés menacés ont dressé un tableau inquiétant de l’emploi dans le canton
le 17/11/2025 à 15:11
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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