1752312/11/1999POITIERS
Voici un mois, les salariés de la compagnie française d’ascenseur, dont le siège est à Poitiers ont appris le projet de fusion avec leur actionnaire Otis. Le directeur des ressources humaines du géant américain s’explique.
La vie a des hauts et des bas, le monde de l’ascenseur n’échappe pas à la règle. Non pas à l'échelle nationale, mais partout dans le monde. Après les opérations de regroupements, d’achats et de fusion des banques cet été, c’est autour des vendeurs d’ascenseurs de s’adonner aux joies des élans boursiers. Les quatre premiers groupes mondiaux sont en pleine tourmente. Le groupe allemand Thysen, qui compte Krupp comme actionnaire s’est lancé dans la bataille. Idem pour le Finlandais Kone, le Suisse Schindler, mais aussi le n° 1 mondial Otis qui prend le contrôle d’Eagle Star en Corée du Sud, et en profite pour fusionner avec sa filiale CFA en France.
« Nous assistons à une restructuration mondiale de l’ascenseur. Le paysage concurrentiel est en plein mouvement, tant au niveau des fusions, des regroupements financiers que de l’avancée technologique » observe Marc Wells, directeur des ressources humaines à Otis Europe du Nord, et qui participent aux discussions sur la fusion de CFA dont le siège est à Poitiers. L’objectif d’Otis est clair, « il s’agit de raccrocher le parc de CFA ». Otis, c’est 40 à 50 % du parc d’ascenseurs en France. CFA, c’est 10 % du marché. En fusionnant avec CFA, Otis entend réduire ses coûts fixes (salaires, véhicules, immobilier) et maintenir sa place de leader en France. Dans l’esprit du directeur des ressources humaines, la fusion est en route, les discussions avec le personnel de CFA ont pour but « de poursuivre le processus d’information du comité central d’entreprise sur le projet de fusion ». Une fusion de CFA avec Otis reviendrait à avoir « soixante-dix postes redondants. Un certain nombre de salariés de CFA se verront proposer un poste à Courbevoie (où est basé le siège d’Otis). En cas de non acceptation de déplacement, l’« emploi serait menacé. Ces postes touchent le personnel administratif, service paye, relation fournisseurs, gestion du personnel, et une partie de l’encadrement, « mais en aucun cas le personnel lié à la maintenance ou à la force de vente ».
Pendant les années de crise, « les plans sociaux se faisaient dans une conjoncture dégradée. Aujourd’hui, on en profite pour prévoir l’avenir et réguler les problèmes par avance », déclare Marc Wells. Et d’afficher sans ambages l’application du libéralisme à l’américaine : « Les mesures que nous prévoyons, le recours au plan social, le paiement des préretraites, c’est parce que financièrement, nous pouvons le faire ». Une logique que les salariés de CFA se refusent à vivre sans réagir.
Emmanuel DANIELOU
Photo : Lors de leur manifestation de mardi, les salariés de CFA avaient retenu un véhicule de chez Otis, faut-il attendre un retour d’ascenseur ?
le 03/12/2025 à 16:16
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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