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0017412/05/1901POITIERS

Grève des ouvriers bonnetiers - communication patronale

En réponse à la lettre publiée hier, M. Gantier nous demande l’insertion de la note suivante :

Les ouvriers n’ont jamais eu de discussion avec moi au sujet de chômage ; le peu de retard qu’ils ont eu a été motivé par une ouvrière bobineuse, mère du président de la Chambre syndicale, tous les ouvriers ont été unanimes à le reconnaître, je n’y pouvais rien.

Mardi 7 courant j’appris que mes ouvriers venaient de former un syndicat ; je les fis mander à mon bureau, leur disant que je n’étais pas très partisan (car j’en avais moi même fait partie en étant ouvrier), mais qu’en ce cas ils devaient s’adjoindre les ouvriers des autres fabriques de Poitiers pour que les patrons soient appelés à payer les mêmes prix.

Que dans le cas contraire je me verrais forcé de baisser mon tarif qui est au moins 10 pour cent plus élevé que ceux de mes collègues. Presqu’aussitôt le secrétaire du syndicat m’a demandé au nom de ses camarades l’autorisation de se retirer tous pour délibérer sur notre entretien, chose que je consentis sans aucune observation.

Mercredi matin, tous les ouvriers on repris le travail ; vers huit heures, trois délégués sont venus me demander si je persistais dans mes intentions ; d’accord avec eux je devais faire connaître ma décision samedi 11 courant huit jours avant la paye.

Le même jour, mercredi les ouvriers syndiqués n’éraient pas présents à la reprise du travail qui a lieu régulièrement entre midi 15 et midi 30.

A leur arrivée, 1h. 15, je les congédiais pour la soirée en leur disant de revenir le lendemain aux heures habituelles s’ils m’avaient demandé l’autorisation de rentrer plus tard pour cause de réunion, j’y aurai consenti sans hésitation comme j’avais du reste fait la veille.

Pour prouver que les ouvriers devaient prendre le travail à midi 30 au plus tard, deux ouvrières, dont l’une gréviste, se sont vu infliger lundi 6 courant une amende de 0fr. 50 pour être arrivées à midid 55.

Voulant arriver à une entente j’envoyais la lettre reproduite plus loin au secrétaire du syndicat accompagnée de mon nouveau tarif applicable du 20 mai au 31 décembre 1901, sur lequel les quatre dixièmes des articles seulement sont atteints par une légère diminution ; en agissant ainsi je m’étais basé sur un taux légitime.

Les ouvriers peuvent gagner de 0 fr. 40 à 0 fr. 50 à l’heure et les ouvrières de 2 fr. à 2 fr. 50 par jour.

J’ajouterai que les ouvriers syndiqués, au nombre de neuf, sont tous en grève, soit six ouvriers et trois ouvrières, et que, d’après ma lettre du 9 courant, je considère mes ouvriers comme sortis volontairement de mon atelier, et non comme grévistes ; qu’en conséquence je me réserve le droit d’embaucher dès maintenant qui bon me semblera.

Poitiers, le 9 mai 1901

Monsieur le secrétaire de la chambre syndicale des ouvriers bonnetiers de Poitiers.

Monsieur,

Ce matin une délégation de votre chambre s’est présentée chez moi pour me demander si je voulais rétablir mes prix. Laissez moi d’abord vous dire que mes prix n’ont pas baissé, et que, d’accord avec trois d’entrevous il était convenu que samedi prochain seulement je devrais vous faire connaître ma décision ; pourquoi n’avez-vous pas respecter vos engagements ?

De plus, ce matin vos deux délégués m’ont déclaré que tous les ouvriers syndiqués se mettaient en grève. Ce que vous avez fait est contre les règlements d’usage ; je ne connais pas les vôtres.

A mon avis, vous n’aviez pas le droit de quitter le travail avant que la diminution soit appliquée.

Vous n’ignorez pas que je n’ai pas le droit de congédier un ouvrier sans le prévenir au moins huit jours d’avance ; vous n’avez plus le droit de cesser le travail sans donner huit jours à votre patron ; c’est pourtant ce que vous venez de faire, puisque je vous le répète vous n’aviez aucun motif quant à présent pour vous mettre en grève.

Je viens donc vous informer que ceux d’entre vous qui n’auront pas repris le travail demain 10 courant, aux heures habituelles, seront considérés comme ne faisant plus partie de mon atelier.

Veuillez en faire part à vos camarades pour qu’il n’y ait pas de surprise.

J’ai l’honneur de vous saluer.

M. Gantier

Suit le tarif des prix de façons qui sera appliqué du 20 mai au 31 décembre 1901.

 

 

le 04/02/2020 à 19:00

Source : L'Avenir de la Vienne

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