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LES FONCTIONNAIRES ET OUVRIERS DES VILLES ET DES CHAMPS MANIFESTENT CONTRE TOUTE RÉDUCTION DE SALAIRE

On nous demande l’insertion de la note suivante que nous publions à titre purement documentaire.

« A l’occasion de la venue du Président du Conseil à Poitiers le dimanche 30 octobre, un grand meeting de protestation contre toutes réductions éventuelles de traitements, salaires et pensions, organisé par les syndicats confédérés, unitaires et autonomes du département a groupé place de Montierneuf plus de 2.000 manifestants venus de tous les coins du département.

« Après audition des camarades Dardant, de la fédération postale, Vignafs des autonomes, Porte des travailleurs de l’État, Quintard de l’Union Locale Unitaire et Souchaud, secrétaire de L’Union Départementale confédérée, l’assemblée à adopté d’enthousiasme l’ordre du jour suivant :

« Considérant que dans la crise que nous traversons il est absolument nécessaire de conserver à chacun son pouvoir d’achat et de consommation, considérant que la diminution des salaires et pensions envisagée par le Gouvernement est un moyen qui ne peut qu’aggraver cette crise, les travailleurs poitevins présents déclarent ne pas accepter cette diminution de leurs salaires et pensions.

« Considérant d’autre part, que la mesure ainsi envisagée est destinée à équilibrer un budget défaillant, dont les salariés ne sont pas responsables, estiment que la mesure sera absolument inopérante, d’autre part que le redressement financier ne doit être obtenu que par une diminution massive des dépenses militaires, la répression de la fraude fiscale et la reprise par la collectivité des monopoles privés.

« Se refusent énergiquement à toutes réductions de leurs traitements et pensions et se déclarent prêts à appliquer, en plein accord avec toutes les organisations syndicales, les mesures propres à faire échouer les projets gouvernementaux.

« Réclament avec force l’amnistie totale et précisent qu’ils s’opposeront énergiquement aux menaces d’un conflit mondial dont ils seraient les premières victimes ».

A l’issue du meeting un cortège se forma et se rendit à la Préfecture.

M. le Président du Conseil avait fait savoir aux organisateurs de la manifestation qu’il les recevrait à 2 h. 30, lors de son départ ; mais M. Herriot refusa de recevoir la délégation parce que certains termes de l’ordre du jour ne lui convenaient pas.

Aucun incident à signaler.

RAPPORT DE POLICE (Arch. Départ. 4 M 1548)

MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR
DIRECTION DE LA SURETÉ NATIONALE

Poitiers le 31 octobre 1932

RAPPORT

J’ai l’honneur de vous rendre compte que le voyage à Poitiers de Monsieur le Président du Conseil s’est effectué normalement, conformément au programme prévu et que la journée s’est passée sans incident marquant.

…/…

Cependant une réunion organisée par le « Cartel des services publics de la Vienne » avait lieu à 10 h, salle Gauyau sous la présidence de M. Sorin, receveur municipal en retraite. Un millier de personnes y assistaient.

Un ordre du jour a été rédigé dont les termes se résument ainsi : Les fonctionnaires et salariés des différents services protestent contre la réduction des traitements et salaires et METTRONT TOUT EN ŒUVRE POUR FAIRE ÉCHEC AU PROJET DU GOUVERNEMENT.

Cet ordre du jour a été communiqué à Monsieur le Président du Conseil pendant le banquet.

Devant sa réaction, celui-ci, qui un instant avait eu l’intention de recevoir une délégation, a finalement décidé d’opposer un refus formel de la recevoir.

Le meeting a pris fin à 12 h. 30, c’est-à-dire pendant le banquet. A la sortie un cortège a tenté de se former pour se rendre à la Préfecture, mais il a été très facilement arrêté par un barrage de gendarmerie rue Victor-Hugo et dispersé sans incident par M. Grande, commissaire de police, chargé de ce service. A 13 h. 30 tout était parfaitement calme.

En raison de ce léger incident, j’ai, dès 13 h renforcé les forces de police à la gare pour parer à toute éventualité au moment du départ.

…/…

Le commissaire spécial.