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0177902/05/1933POITIERS

LE 1er MAI À POITIERS

Je ne dirais pas que c’est un jour attendu par tous avec impatience, cependant hier, quelques jeunes gens et beaucoup de midinettes interrogeaient le ciel avec anxiété.

« Pleuvera-t-il ou fera-t-il beau ? » Le temps, vrai normand, ne se prononça pas et c’est par un ciel morne, triste et sans entrain qu’un petit nombre célébra le 1er mai.

A Poitiers la coutume est d’aller, soit à la Cassette, soit à St-Benoit, boire une tasse de lait. On profite quelquefois de l’occasion pour « manger quelque chose » et, satisfaits, repus on s’en revient doucement vers la ville, remplis de courage par cette promenade à la campagne.

La coutume n’est pas méchante et pourtant, d’années en années, elle compte moins d’adeptes, les traditions se perdent.

Il fut un temps où, pour rien au monde, une poitevine, un poitevin digne de ce nom, n’eût laissé passer ce jour sans le fêter par des libations copieuses… de tout.

« Voici le beau muguet, les grelots du bonheur » chantait une petite vieille poussant devant elle son éventaire fleuri.

Pour un franc on achetait du bonheur. Qui n’en eut acheté ?

Aujourd’hui le bonheur s’enveloppe d’un papier de soie, est signée d’une maison renommée… et se paie très cher.

Ce premier mai fut, comme il est encore de tradition dans notre bonne ville, tout-a-fait calme. Les quelques ouvriers, les quelques employés qui se transforment pour vingt-quatre heures en chômeurs volontaires n’extériorisèrent qu’une gaîté qui s’harmonisait avec leur seule jeunesse car le temps – lui aussi respectueux des traditions – avait boudé ce premier jour du mois des fleurs.

 

le 17/06/2020 à 15:52

Source : L'Avenir de la Vienne

1er mai, grève

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