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0178813/07/1933CHATELLERAULT

REUNION PATRONS ET OUVRIERS DU BATIMENT

 

UNE RÉUNION COMMUNE DE LA CHAMBRE PATRONALE DES ENTREPRENEURS DU BATIMENT ET DES DÉLÉGUÉS DES CHÔMEURS

Les membres de la Chambre syndicale patronale des entrepreneurs du bâtiment se sont réunis lundi soir, sous la présidence de M. Morinaud, à leur siège social Café de l’Industrie, pour recevoir les délégués des chômeurs et examiner avec eux les solutions à apporter pour remédier à la crise du chômage qui menace de s’accentuer au début de l’hiver.

M. Audinet expose aux quatorze entrepreneurs présents comment il a été amené à prendre la direction de la délégation des chômeurs.

Il indique que s’il y a peu de chômeurs dépourvus complètement de travail il y a, par contre, un assez grand nombre d’ouvriers qui ne sont employés que pour quelques jours par les patrons et qui restent ensuite un certain temps sans travailler.

Pour ces derniers ouvriers, l’incertitude du lendemain dure depuis plusieurs mois.

M. Audinet fait connaître que parmi les ouvriers qui sont en état de chômage, les uns sont jeunes et possèdent des familles de deux, trois et même cinq enfants en bas âge naturellement. D’autres sont âgés et ont atteint 55, 60, 65, 70 et même 73 ans.

M. Audinet tient à souligner que la plupart des chômeurs et, en premier lieu leur famille, sont dignes de considération.

« Tous les ouvriers en chômage qu’il a consulté, dit-il, ne demandent qu’une chose : du travail ».

Il appelle l’attention sur le pourcentage d’ouvriers étrangers employés dans la région.

Dans le domaine communal, il croit qu’il serait préférable de voter un crédit et d’entreprendre la réalisation d’un projet de réfection des rues, par exemple, ou un travail de réelle utilité plutôt que de « doter » le chômeur d’un balai et de l’envoyer nettoyer une rue ou une place qui en a plus ou moins besoin.

Pour terminer M. Audinet demande à MM. les entrepreneurs de faire le maximum d’efforts pour atténuer la crise du chômage.

M. Morineau répond qu’il est absolument d’accord avec M. Audinet au sujet de l’emploi des ouvriers étrangers, mais il fait remarquer au nom de ses collègues, que le rendement de la main-d’œuvre française est quelques fois insuffisante et que les ouvriers de notre pays ont tendance à se dresser injustement contre les patrons.

Il souligne que, dans le but d’obtenir plus facilement du travail, les entrepreneurs ont diminué leurs prix de 20 % pour la menuiserie ; de 15 % pour la maçonnerie et la plâtrerie et de 10 % sur la serrurerie, cependant que les salaires n’ont été réduits que de 5 à 10 % et que les frais généraux ont augmenté par suite de la création de la Caisse de compensation.

La question des ouvriers de la Manufacture d’armes qui se livrent à des travaux professionnels en dehors de l’Établissement est, une fois de plus, soulevée. Tous les assistants sont unanimes à déplorer que le gouvernement et la Direction des Établissements de l’État ne mettent pas définitivement un terme à un pareil état de choses.

Les patrons seraient d’ailleurs heureux de voir les ouvriers s’associer à eux pour que soit obtenu satisfaction sur ce point.

Après un échange de vue auquel prennent part la plupart des membres assistant à cette réunion, l’ordre du jour ci-après est adopté à l’unanimité.

L’ordre du jour.

Les membres de chambre syndicale patronale du bâtiment de Châtellerault et de l’arrondissement et les délégués des chômeurs de cette ville, après avoir procédé à un large examen de la situation créée par la crise de chômage qui existe actuellement, décident d’un commun accord :
1°) De demander à l’autorité compétente de procéder, dans la ville de Châtellerault, puis dans l’arrondissement, à une enquête afin que soit déterminé exactement le nombre d’ouvriers étrangers employés par chaque chef d’entreprise ou d’industrie et de relancer une intervention des pouvoirs publics au cas où la proportion maximum serait dépassée ;
2°) D’intervenir énergiquement afin d’empêcher que les ouvriers et employés de la Manufacture d’armes se livrent, en dehors de l’Établissement, à des travaux professionnels et que les retraités dont la rente est suffisante pour vivre, tiennent des emplois dans les entreprises ou établissement de la ville ;
3°) De prier les propriétaires, à la fois dans l’intérêt des patrons et des ouvriers, de ne faire travailler que des employeurs patentés et des ouvriers qui n’appartiennent ni aux administrations de l’État, du département ou des communes ;
4°) De faire les démarches nécessaires pour qu’un programme de travaux soit prévu et mis en chantier, dès que possible, afin que la crise de chômage ne s’accentue pas à l’entrée de l’hiver ;
5°) De signaler notamment qu’on mette en application sans tarder les projets d’agrandissement de l’hôpital-hospice et du Collège de jeunes filles puisque les acquisitions sont réalisées et que, dans le domaine municipal on procède au nettoyage des rues nouvelles du quartier de l’avenue d’Antoigné, à la construction de bordures de trottoirs ou à la réfection de celle qui sont détériorées, à la remise en état des rues dont la chaussée est défectueuse et à l’étude d’un projet de tout-à-l’égout dont la réalisation pourrait être accomplie par paliers.

Ils déclarent qu’ils sont résolus à mettre tout en œuvre pour remédier à la crise du chômage et à apporter leur collaboration à l’application de toutes les solutions qui seront de nature à réduire au minimum le nombre des chômeurs dans la ville de Châtellerault.

 

 

le 18/06/2020 à 17:21

Source : L'Avenir de la Vienne

bâtiment, syndicat, comité chomeurs

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