CGT

Se connecter

Une délégation composée des chômeurs Lachaud, Bourumeau, Bureau, Lagrange Plessard, et conduite par le premier, a été reçue vendredi matin par le maire assisté de M. Rabire, secrétaire général de la mairie.

M. Lachaud a donné lecture de la déclaration suivante :

« La délégation qui se présente devant vous a été mandatée, au cours d’une réunion, par nos camarades chômeurs pour vous soumettre en son entier le problème du chômage en notre ville et vous faire connaître les solutions que nous voulons vous demander d’appliquer.

Afin de donner à notre action un caractère absolu d’indépendance nous avons décidé que la délégation serait composée uniquement de chômeurs. Nous ne connaissons en effet, et ne voulons connaître, que le problème du chômage, à l’exclusion de toute autre considération.

C’est pourquoi, sans aucune distinction, nous faisons appel à tous les représentants des pouvoirs publics et à tous ceux qui peuvent nous être d’une utilité quelconque pour qu’ils nous apportent leur concours. Nous sommes à une heure où il ne peut plus être question de régler le problème du chômage au jour le jour.

Jusqu’à présent les solutions appliquées dans notre ville ont été, à notre avis, insuffisantes.

Comment se pose le problème du chômage ? Il y a d’abord les chômeurs jeunes, ayant des enfants à élever. Il y a également des chômeurs dont l’état de chômage est dû plus à l’âge qu’au manque de travail.

Il y a des chômeurs complets. Il y a des chômeurs partiels.

Pour les chômeurs complets nous réclamons la mise à exécution de travaux d’utilité publique ou à défaut des secours bien réglementés et n’ayant pas le plus léger caractère de mendicité.

La situation qui est faite aux chômeurs partiels ne peut durer. Ils savent ce qu’est aujourd’hui mais chaque jour ils se répètent qu’est-ce que sera demain.

Ce n’est pas une vie professionnelle qui peut continuer indéfiniment que d’être quelques jours balayeurs, puis ensuite ouvrier agricole, manœuvre au barrage de la Manufacture, sur les routes ou sur le ballast, ou encore manœuvre travaillant à l’extraction de cailloux.

Quant aux vieux ouvriers chômeurs trop âgés, ou insuffisamment valides pour assurer une tâche quotidienne soutenue, nous vous demandons de trouver une solution spéciale pour leur venir en aide.

Il faut prendre des dispositions dès maintenant non seulement parce qu’il y a des chômeurs à secourir immédiatement mais aussi parce que les entrepreneurs nous ont averti que le chômage s’accentuerait probablement à l’entrée de l’hiver.

N’étant ni oisifs, ni des parasites, nous réclamons avant tout du travail, d’autant plus que rien ne nous répugne plus que de solliciter l’aumône.

Nous réclamons du travail qui nous permette de continuer à exercer notre profession et à jouer notre rôle social.

Nous estimons qu’une Municipalité se diminue et qu’elle diminue les chômeurs lorsqu’elle se borne à mettre entre leurs mains un balai fût-il plus rendu plus agréable à manier par une modique allocation quotidienne. Nous vous prions donc de prendre dès aujourd’hui en considération le principe d’un projet de travaux d’utilité communale laissant le soin à vous et au Conseil municipal d’en arrêter les modalités.

La situation est trop grave pour que nous ne vous demandions pas une réponse nette et des engagements précis.

Par ma voix ce sont toutes les voix des chômeurs et des ouvriers menacés de chômage qui s’adressent à vous pour réclamer des actes, des réalisations satisfaisantes, du travail afin que nos enfants, nos femmes et nous-mêmes vivions comme doivent vivre des Français dignes de leur pays ou de leur petite patrie.

Un échange de vues important a suivi la lecture de cette déclaration.

Après avoir approuvé les points principaux de l’exposé des chômeurs, M. le Maire a pris l’engagement de soumettre les suggestions de la délégation aux commissions municipales compétentes et de faire connaître ses projets samedi aux délégués des chômeurs.