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Nous avons publié hier les déclarations lues à M. le Maire par le chef de la délégation des chômeurs, M. Lachaud. A ce sujet la Maire a communiqué la note suivante :

« M. la Maire analysa les déclarations qui lui étaient remises, paragraphe par paragraphe.

Et c’est ainsi qu’il souligna que cette délégation voulait donner à son action « un caractère absolu d’indépendance » et qu’elle n’était composée que de chômeurs.

En ce qui concerne les solutions appliquées à la ville de Châtellerault jugées insuffisantes, M. le Maire dit observer que cette appréciation ne correspondait pas à la réalité, qu’au cours de l’exercice 1932-1933, l’effort pour réduire le chômage avait été constant et que, grâce à la bonne entente des services nationaux, départementaux et communaux, la plupart des chômeurs, cent cinquante environ, avaient pu être aidés et mis à même de pouvoir retrouver leur occupation normale. Cet effort dirigé par cette coopération des trois services continuera cette année puisque nous ne sommes pas sortis de la crise économique.

Sur les différentes catégories de chômeurs, des observations échangées entre la délégation et le Maire, il ressort que la délégation insiste pour que soient placés ou employés d’abord les chômeurs jeunes, pères de famille.

Au sujet de la mise à exécution de travaux d’utilité publique, le Maire fait part à la délégation que le vendredi précédent il a réuni dans son cabinet les quatre adjoints, le secrétaire général, le chef de service qui suit spécialement la question du chômage, l’ingénieur des Travaux publics de l’État et l’ingénieur du service vicinal et l’architecte de la ville pour examiner cette question dans tous les détails, l’ensemble des travaux à exécuter et leur financement. Il espère pouvoir, dans ces conditions, répondre aux nécessités les plus pressantes que lui signale la délégation.

Puis avec la délégation il examine quelques cas individuels. Samedi prochain il espère pourvoir régler certains cas.

En se retirant la délégation remercie M. le Maire de son accueil ».

Cette mise note a suscité la mise au point ci-après :

UNE MISE AU POINT DE LA DÉLÉGATION DE CHÔMEURS

A la suite de la déclaration lue par notre camarade Lachaud dans le Cabinet municipal mardi dernier, M. le Maire a ajouté des commentaires qu’il a communiqués à la presse et qui appellent la mise au point suivante :

« Lorsque les chômeurs ont précisé qu’ils voulaient donner à leur action « un caractère absolu d’indépendance », ce que M. le Maire paraît avoir plaisir à souligner, ils n’ont pas voulu sous-entendre qu’ils tenaient à éloigner d’eux certaines personnes.

Ils ont seulement voulu faire ressortir à M. le Maire, tacticien politique de grande expérience et administrateur auquel rien n’échappe, que quelles que soient les personnes auxquelles il ferait appel, il ne faudrait voir dans leur action qu’un mouvement de défense des chômeurs.

Sans aucune acrimonie à son égard nous avons cru néanmoins devoir dire à M. le Maire que les solutions appliquées en notre ville avaient été jusqu’à présent insuffisantes.

Nous maintenons cette manière de voir, bien que M. le Maire écrive que cette appréciation ne correspond pas à la réalité.

Nous la maintenons pour les raisons suivantes :
1° Parce que les chômeurs ont été aidés par des moyens qui n’ont pas notre préférence (bons de pains, bons de viande, etc.).
2° Parce que la plupart des chômeurs n’ont justement pas été mis à même de retrouver leur occupation normale.
3° Parce qu’il n’est pas parvenu à notre connaissance que les règlements de la caisse municipale de secours aux chômeurs complets et partiels, approuvés par le Conseil municipal en 1931 et en 1932, aient reçus un commencement d’application.
4° Parce que, s’il y a eu 150 chômeurs environ, c’est le chiffre de M. Le Maire, le plan d’ensemble qui aurait dû être conçu a fait défaut.

La délégation a été obligée d’indiquer à M. le Maire les différentes catégories de chômeurs : chômeurs ayant des enfants à élever ; chômeurs âgés ; chômeurs complets ; chômeurs partiels, mais avant tout, elle a insisté que tous les chômeurs, quels qu’ils soient, soient secourus comme il convient. Ce n’est qu’au cas – ce qu’elle regretterait vivement – où tous les chômeurs ne pourraient employés ou aidés immédiatement qu’elle a demandé qu’on s’occupe d’abord des chômeurs pères de famille.

M. le Maire signale qu’il a réuni les adjoints et plusieurs techniciens pour examiner avec eux l’ensemble des travaux d’utilité publique à faire exécuter et leur financement. Nous attendrons pour nous prononcer de constater les résultats que produira cet entretien.

Comme le spécifie M. le Maire, la délégation l’a remercié de son accueil. Quand on les reçoit correctement il n’y a aucune raison pour que des délégués des chômeurs, chômeurs eux-mêmes, ne soient pas polis.

La délégation continue à faire confiance à M. le Maire mais, comme elle le lui a déclaré lors de l’entrevue de mardi, l’heure est trop critique pour qu’elle ne lui renouvelle pas ce qu’elle attend de lui, que ses promesses, ses engagements, soient suivis de réalisations dans le plus bref délai. L’accueil réservé par la presse française, (Le matin, Le Journal, Le Petit Journal, etc.) à notre formule : du travail et non des secours tend à démontrer que l’opinion publique est prête à accueillir très favorablement notre revendication.

La délégation des chômeurs