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0179706/09/1933CHATELLERAULT

UNE IMPORTANTE RÉUNION DES OUVRIERS CHÔMEURS

Les ouvriers sans travail de Châtellerault se sont réunis, samedi soir, à l’Hôtel de ville, salle des cotisations.

Invité à cette réunion M. Audinet, fut prié d’en prendre la présidence. A ses côtés prennent place au bureau, MM. Lachaud, Bourumeau, Lagrange, Bureau, Faucon.

M. Audinet déclare qu’une grande étape a été accomplie cette semaine et il tient, au nom de tous les chômeurs, à remercier la délégation pour l’activité et le dévouement dont elle a fait preuve.

Il donne ensuite lecture des diverses notes qui ont été publiées par les journaux locaux et régionaux.

Il note que M. le Maire, se rendant compte enfin de la gravité de la crise de chômage en notre ville, a fait appel à M. Gauthier, directeur de l’office départemental de placement et à réuni pour la première fois la commission de contrôle du chômage prévue par les règlements des fonds de chômage. Il laisse le soin à M. Paul Lachaud de faire à ses camarades le compte-rendu des deux entrevues avec la Municipalité puisqu’il n’y assistait pas, mais il tient à souligner cette conclusion – pleine de réconfort en effet -du communiqué de M. le Maire, remis, dit-il, il y a quelques instants : AUCUN CHÔMEUR NE SERA LAISSÉ DANS L’EMBARRAS.

Nous nous acheminons donc, conclut-il, vers une solution satisfaisante pour l’ensemble des chômeurs. Cela vous le devez avant tout à vos camarades qui ont pris l’initiative de ces réunions et surtout à vos délégués qui ont défendu vos intérêts devant la Municipalité et les représentants des pouvoirs publics.

Paul Lachaud expose ce qu’ont été les deux entrevues avec la Municipalité.

« Au cours de la première entrevue nous avons surtout appelé l’attention du maire sur les cas des sans travail âgés et nous avons repris point par point l’examen de la déclaration que je venais de lire à M. le Maire et qu’il déclara approuver, faisant quelques réserves de peu d’importance.

M. le Maire nous promis d’étudier tous les cas que nous lui soumettions et de nous donner une réponse le samedi suivant. Nous nous présentâmes donc à nouveau, l’après-midi, à la mairie et M. le Maire donna aussitôt la parole à M. Gauthier, directeur de l’Office départemental de placement qui nous offrit du travail dans les conditions suivantes :

Une trentaine d’ouvriers, réellement terrassiers, peuvent être embauchés immédiatement dans un chantier en exploitation près de Niort (travaux d’adduction d’eau). Le mètre courant de tranchée creusées dans la terre, est payé 3 francs. Dans le rocher, à la pioche, il est payé 5 francs et dans le rocher à la mine il est payé 8 francs.

A la cantine, le prix de la pension est de 12 francs par jour.

Il est probable qu’une carrière sera prochainement mise en exploitation à Poitiers.

Enfin la Municipalité compte faire ouvrir une carrière près de l’abattoir pour les ouvriers sans travail, âgés de préférence.

M. Garraud prendra d’ailleurs, après la réunion, les noms de tous les chômeurs et la profession de chacun d’eux.

Les sans travail ayant une profession seront classés par catégorie et peut être M. Garraud pourra-t-il trouver du travail pour tous ».

Paul Lachaud souligne qu’il a objecté que le chantier à Niort était bien loin de Châtellerault. Pour les chômeurs célibataires le déplacement peut se faire, mais pour ceux qui sont mariés et surtout pères de famille il y a des inconvénients.

Il indique que maintenant, dès que les ouvriers étrangers sont arrivés au terme de leur contrat, on les met dans l’obligation de partir.

Il termine en faisant ressortir que la délégation a fait tout ce qu’elle a pu pour obtenir un maximum de satisfaction pour les chômeurs châtelleraudais.

Enfin au nom de la délégation M. Audinet donne lecture de l’ordre du jour suivant qui est adopté à l’unanimité :

Les ouvriers de Châtellerault en état de chômage total ou partiel, réunis à l’Hôtel de ville le samedi 2 septembre, au nombre d’une quarantaine, après avoir entendu l’exposé de leurs représentants et de leurs délégués ;
1°) Regrettent vivement de constater qu’après avoir organisé une fête au profit des chômeurs, le Syndicat d’initiative, malgré les démarches faites, n’ait jamais fait connaître les résultats financiers de cette fête ;
2°) Regrettent également que, pour assurer la réussite de cette fête qu’on prétendait organiser à leur profit, on n’ait pas fait appel à leur collaboration ni à celle de tous les éléments actifs de la Ville ;
3°) Considérant qu’on affirme que loin d’avoir laissé un bénéfice cette fête aurait produit un déficit d’environ 6.000 fr., déplorent énormément qu’on engage, par répercussion, les finances communales d’une façon aussi désinvolte, ou tout au moins qu’une mise au point ne soit venue indiquer exactement le bilan de cette fête ;
4°) Regrettent aussi de voir qu’un grand organe comme « La France de Bordeaux » qui s’affirme le défenseur de la classe ouvrière ait été le seul journal à ne pas avoir publié leur mise au point, laquelle n’avait cependant rien de désagréable pour personne ;
5°) Remercient leur délégation d’avoir défendu avec énergie et clairvoyance leurs intérêts et d’avoir pu, par son action persévérante, obtenir la venue, à l’Hôtel de ville, de M. Gauthier, directeur de l’Office départemental de placement, la réunion de la Commission locale de contrôle du chômage et un communiqué de M. le Maire concluant : « qu’aucun chômeur ne serait laissé dans l’embarras ».
6°) Tiennent à exprimer leur gratitude à leur ami Fernand Audinet qui n’a cessé d’être pour eux un précieux conseiller et un guide sûr, n’ayant jamais fait la moindre allusion aux questions personnelles et n’ayant toujours eu présent à l’esprit qu’une préoccupation : obtenir que les chômeurs aient satisfaction et que la crise soit solutionnée ;
7°) Tiennent aussi à remercier vigoureusement M. Gauthier d’avoir apporté au premier appel d’excellents renseignements et suggestions à la Municipalité et d’avoir ainsi contribué, dans une large mesure, à remédier à cette crise de chômage ;
8°) Demandent si vraiment M. le Maire a déclaré dans une conversation récente qu’il a eu avec un commerçant, que le chômage avait coûté 500.000 francs, l’an dernier à la ville de Châtellerault, d’indiquer publiquement comment cette somme a été employée car la plupart des chômeurs estiment qu’ils ont été qu’insuffisamment aidés ou secourus ;
9°) Renouvellent leur protestation contre l’emploi excessif des ouvriers étrangers et contre les ouvriers de la Manufacture d’armes qui se livrent à des travaux suivis en dehors de leur présence à l’Établissement ;
10°) Continuent à faire confiance à leurs délégués et leur demandent de poursuivre l’action afin que soient secourus comme il convient les chômeurs de la ville de Châtellerault, présents ou à venir.

 

le 18/06/2020 à 18:50

Source : L'Avenir de la Vienne

comité chômeurs, municipalité

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