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0182209/02/1934CHATELLERAULT

IMPORTANT ORDRE DU JOUR DES CHOMEURS DE CHATELLERAULT

Les ouvriers en état de chômage se sont réunis vendredi dans une salle de l’Hôtel de ville. Après avoir entendu M. Audinet, président de leur comité ils ont approuvé à l’unanimité l’ordre du jour suivant :

Les ouvriers chômeurs de Châtellerault réunis au nombre de 150, considérant, sur le plan national.

1° Comme l’a dit un ancien ministre du travail :  Ceux qui sont condamnés au chômage sont les victimes complètement innocentes, d’un état de choses qu’ils n’ont en rien contribué à créer et auquel ils n’ont aucun moyen de mettre fin ».

2° Que cinq gouvernements malgré la nette majorité issue des élections législatives de 1932, ont été mis, par la Chambre des Députés, dans l’obligation de démissionner ;

3° Que l’examen du budget national, raison d’être essentielle au Parlement est à peine commencé en février alors qu’il devrait être terminé en décembre ;

4° Que dans le dernier gouvernement trois ministres étaient compromis dans des affaires judiciaires, dont une, l’affaire Staviski paraît dépasser en scandale tout ce qu’on avait vu jusqu’à ce jour ;

5° Que le chômage subi, depuis plusieurs mois, par leurs malheureux camarades en des diverses régions de la France et par eux-mêmes, est, pour une certaine part la conséquence de la crise politique et morale

Réclament, afin qu’on place au premier plan des préoccupations la crise économique dont ils souffrent, 1° la stabilité gouvernementale, 2° le vote du budget en temps normal, 3° le redressement en France du principe d’autorité dans le régime républicain par l’entrée exclusive dans les conseils du gouvernement d’hommes intègres parfaitement aptes à gérer les affaires du pays, jouissant de la confiance générale et résolus à apporter les remèdes qui s’imposent pour sortir la France du marasme dans lequel elle se trouve plongée.

Considérant que selon les déclarations faites par le Président à la séance du Sénat du 19 décembre dernier, la France abrite 3 millions d’ouvriers étrangers et que dès lors, cette proportion de main d’œuvre non nationale, dans les professions atteintes par le chômage surtout, est beaucoup trop élevée, demandent que la loi du 10 août 1932 soit très rigoureusement appliquée et comme l’a dit également le Président du Conseil, qu’on prenne dans le plus bref délai, toutes les mesures nécessaires pour résorber un effectif important de main d’œuvre ouvrière.

Considérant que les cumuls, constitués soit par une pension très suffisante pour vivre et un emploi, soit par double emploi, sont intolérables en la période actuelle, demandent que des mesures énergiques soient prises pour que tous ceux qui touchent une pension de retraite leur permettant de vivre facilement et occupent néanmoins un emploi ou pour que les fonctionnaires qui ont un autre emploi à côté soient mis en demeure de cesser de bénéficier de cumul afin d’atténuer par ce moyen la crise de chômage.

Considérant qu’un programme de travaux, d’une utilité incontestable, répartis sur l’ensemble du territoire et financé par l’État apparaît nécessaire pour déclencher la reprise de l’activité économique, estiment qu’un tel programme doit être mis à exécution sans tarder.

Sur le plan local. Considérant que les impôts directs de toutes sortes imposés par l’État, le département et la mairie, sont excessivement lourds, que notamment certains chômeurs pères de famille de 3 enfants en bas âge n’arrivant pas toujours à toucher un gain mensuel de 500 francs depuis plusieurs mois, sont néanmoins assujettis à acquitter des impôts directs, demandent des allègements généraux ; des exonérations totales pour les familles de trois enfants à la charge des parents lorsque le père est au chômage ou ne touche qu’un salaire minimum ; des exonérations partielles pour les pères de deux et un enfant placés dans les mêmes conditions de travail et que le terme « indigent » ne soit pas interprété dans le sens étroit du mot.

Considérant qu’aux carrières de Naintré dont sont extraits les matériaux nécessaires à la réfection de la ville de Richelieu, les tarifs d’extraction des cailloux sont, de l’avis de meilleurs ouvriers, insuffisants, les chômeurs demandent que ces tarifs soient relevés et que les ouvriers étrangers ne soient pas, à ces carrières, employés en grand nombre.

Les ouvriers chômeurs de Châtellerault tout en tenant à conserver leur indépendance de citoyens libres vis-à-vis de ceux qui leur apportent leur aide et leur concours, n’en affirment pas moins leur désir de collaboration avec tous ceux qui veulent bien les aider et les secourir.

Ils ne voient, quant à eux, dans toutes les initiatives prises jusqu’à ce jour en leur faveur, de quelque côté qu’elles viennent, que l’accomplissement du devoir de solidarité.

Ils tiennent à remercier le Conseil des directeurs de la Caisse d’Épargne pour la somme de 15.000 fr. qu’il a versée spécialement pour eux au bureau de bienfaisance de la ville ; MM. les commerçants pour la subvention qu’ils ont remise à leur président et les réductions très importantes qu’ils ont consenties sur les articles achetés par les chômeurs. Ils remercient également les fondateurs du Comité philanthropique.

Ils tiennent aussi à remercier toutes les personnes qui leur ont apporté un concours quelconque et tout particulièrement celles qui ont versé une obole ou le produit d’une souscription ou d’une quête soit à la Mairie soit au Comité Philanthropique

Pour poursuivre l’action, les représenter et faire aboutir leurs revendications ils font entière confiance à leur bureau et en particulier au président de leur comité, leur ami F. Audinet.

 

 

le 21/06/2020 à 17:54

Source : L'Avenir de la Vienne

comité de chômeur, motion

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