« Retour

0183827/03/1934CHATELLERAULT

LE PROBLÈME DU CHÔMAGE

CONSEIL MUNICIPAL

M. Surreaux donne lecture du rapport ci-après :

Désigné, par vous, à la Commission générale pour faire une étude sur la situation du chômage à Châtellerault depuis le 1er janvier 1934 et sur la façon d’opérer à partir du 1er avril 1934n j’ai l’honneur, après vous avoir montré l’effort fait par la Municipalité pendant ces derniers mois, de vous proposer un nouveau mode d’organisation ; le mode actuel : les travaux devenant par la suite beaucoup trop onéreux pour la ville de Châtellerault.

Au budget primitif de 1934 il a été inscrit une somme de 150.000 fr. (…)

Cette somme était destinée à couvrir les dépenses occasionnées par la crise de chômage.

Aujourd’hui ces crédits sont épuisés cependant que le nombre des chômeurs augmente sensiblement (155 à 175).

Jusqu’à ce jour notre Municipalité, dans un but d’humanité et désireuse de voir les ouvriers pouvoir gagner un pain honnête, tout en leur laissant la latitude de chercher du travail, avait pensé à employer sur le plan local les chômeurs ; la circulaire du 12 avril 1933 de M. le Ministre du travail disait d’ailleurs « que le véritable moyen de combattre efficacement le chômage était de fournir du travail aux chômeurs ».

La Municipalité, en effet, avec l’aide précieuses des services nationaux et départementaux de voiries est restée fidèle pendant l’année 1932-1933 à la formule : « Aide aux chômeurs par le travail ». 150 chômeurs environ ont été employés.

Nous pouvions penser qu’il en serait de même pour l’année 1933-1934. Nous avions reçu l’assurance que les travaux prévus conformément aux instructions gouvernementales, par le département, absorberaient environ 300 chômeurs.

Mais une décision inverse a été prise. Et tout le poids de l’aide aux chômeurs par le travail est retombé sur la commune.

.../…

Dès lors nous ne pouvions compter que sur nos ressources propres.

Voici maintenant un exemple de ces dépenses :

Pour la semaine du 12 au 17 mars 16.800 ; soit une dépense journalière de 2.800 francs ce qui nous donne pour un mois de 25 jours de travail avec 155 chômeurs, une dépense de 70.000 francs environ.

Pour l’année, nous aurions donc avec le système « Travail » tel qu’il est actuellement une dépense de 700 à 800.000 francs sans aucune subvention, avec la seule contrepartie d’un rendement de travail au profit de la ville.

D’autre part depuis octobre 1933, jusqu’à aujourd’hui, nous avons eu comme dépense en nature les sommes suivantes :
Viande : 3.425 fr.
Pain : 8.851 fr.
Secours : 3.000 fr.
Espèce. 1.600 fr.
Soit un total de 16.876 francs.

Or les dons faits pour le fonds de chômage s’élèvent à 16.356 fr 30 dont 15.000 fr donnés par la Caisse d’Épargne de Châtellerault.

.../…

Malgré les inconvénients d’ouverture d’un fonds de chômage dont il ne résulte aucun travail en contrepartie il me semble après étude faite, que c’est encore le seul moyen qui nous permettra d’éviter de trop grandes misères sans grever par trop les finances de notre ville.

Je vous proposerais donc, devant de telles difficultés financières de décider dès aujourd’hui l’ouverture d’un fonds de chômage ; cette façon de voir aurait plusieurs avantages :
1° Nous permettre de subvenir aux besoins immédiats de tous les chômeurs ;
2° De préparer l’étude concernant des travaux dont nous demanderons l’approbation par l’autorité supérieure aux fins de subvention.

Car, par lettre du 21 janvier 1934 M. le Ministre du travail et de la prévoyance sociale nous faisait connaître que pour obtenir une subvention pour les travaux communaux à Châtellerault il était nécessaire que la ville se conformât aux dispositions prévues par le décret du 15 septembre 1932.

Aux termes de l’article 2 de ce décret il est dit que les ouvriers employés aux travaux visés à l’article 1er, travaux créés pour occuper les chômeurs devront comprendre jusqu’à 75 % au moins de chômeurs français inscrits régulièrement au fonds de chômage depuis plus d’un mois.

.../..

Pour Châtellerault, en tenant compte des données suivantes : (chiffres de la semaine du 12 au 17 mars)

Célibataires : 37 ; Divorcés ou séparés : 3 ; divorcé avec 2 enfants 1 ; mariés 51.

Mariés, 1 enfant : 28 ; 2 enfants :14 ; 3 enfants : 17 ; 4 enfants : 2 ; 5 enfants : 1 ; 6 enfants : 1.

On arriverait à la dépense mensuelle de 53.070 francs environ si nous obtenions les 60 % de l’État, ce ne serait que 21.228 francs pour la ville et 31.842 francs pour l’État.

En conséquence, je demanderais à M. le Maire d’ouvrir la discussion au sujet d’un fonds de chômage qui partirait du 1er avril 1934.

.../…

En conclusion M. Surreaux demande d’adopter la délibération ci-après.

Puisqu’il en est ainsi je vous demanderais de prendre successivement les trois délibérations suivantes :

1° - Une concernant l’autorisation du Conseil de prélever la somme de 50.000 francs sur l’article 67 pour être imputée à l’article 61 (crédits de chômage) étant entendu qu’aussitôt l’emprunt réalisé cette somme sera restituée à l’article 67.

 

 

.../…

Cette délibération est adoptée à l’unanimité.

 

 

le 22/06/2020 à 18:07

Source : L'Avenir de la Vienne

chômeurs, fonds du chômage, municipalité

« Retour

Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org

Site UD 86 - Espace militants - Espace formation