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0192625/01/1936POITIERS

LES FÉODAUX MODERNES – M. GILBERT, LES CAFÉS GILBERT

M. Gilbert est un homme riche. A Poitiers, il représente à lui tout seul la grande industrie. Et les usines de café Gilbert – faisons à ce monsieur une publicité gratuite – sont les premières de France. Mais la fortune de M. Gilbert nous importe peu ; ce qui nous importe, c’est le sort des ouvriers qui ont fait, et qui font la fortune de M. Gilbert. Ce n’est pas M. Gilbert, nouveau riche, qui nous intéresse ; c’est M. Gilbert, grand patron.

M. Gilbert est un patron « conscient ». Il recrute son personnel parmi ses domestiques, ses anciens valets de chambre, les fils de ses fermiers. Il embauche son jardinier, son concierge. Être le patron, c’est bien ; être le « maître » c’est mieux.

Pour le reste, M. Gilbert s’adresse à de petits retraités, à des étrangers, qu’on paie ce que l’on veut et qui sont encore bien contents.

Bref, un prolétariat assez spécial : souple, docile, modeste, discipliné, inorganisé, sans défense

Qu’on ajoute à cela le chômage, la crainte du renvoi, la certitude pour l’ouvrier d’être remplacé sans peine et aussitôt – décidément l’affaire se présente pas mal pour l’ogre-patronat. L’époque a du bon. Il y a de la chair fraîche et à bon marché ?

Dans ces conditions que va-t-on pouvoir exiger du matériel humain ? Ou plutôt que n’en pourra-t-on exiger ?

M. Gilbert exige d’abord de ses ouvriers qu’ils ne soient pas syndiqués (..)

M. Gilbert exige de ses ouvriers qu’ils « ne fassent pas de politique ». (…)

A l’usine M. Gilbert interdit à ses ouvriers de parler ; c’est plus sûr. Il leur interdit de siffler. Silence dans les rangs. (…)

M. Gilbert interdit à ses ouvriers de « casser la croûte ». Il leur interdit de boire. La chaleur est étouffante, les ouvriers travaillent le torse nu, tant pis. Autrefois la maison Gilbert se fendait d’un verre de café. Mais les temps sont trop durs, le café est trop cher, il n’y a pas de petites économies. Et M. Gilbert, qui paie ses ouvriers 25 francs pour huit heures de travail ne réalise, personnellement, qu’un bénéfice annuel de quelques millions.

…/…

 

 

le 30/06/2020 à 18:11

Source : Le Front Populaire de la Vienne

conditions de travail, café

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