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0193726/02/1936CHAUVIGNY

LA GRÈVE DES OUVRIERS CÉRAMISTES - MISE AU POINT

M. Deshoulières, en réponse à notre article paru hier dans nos colonnes, nous adresse avec prière d’insérer, la communication suivante :

Dans un but d’apaisement je suis resté étranger aux articles de presse depuis le début de la grève qui a été déclenchée dans mon usine le 20 février.

Aujourd’hui je dois sortir de ma réserve pour rétablir la vérité devant l’opinion publique.

Il y a deux ans j’ai appliqué une baisse de 5 % aux salaires de mon personnel, sauf aux peintres fileurs et aux moufletiers, qui ont eu alors un tarif à prix net.

Je considérais cette mesure comme provisoire, escomptant une reprise économique qui ne s’est pas produite. J’ai constaté au contraire une chute verticale de certains prix et, pour éviter le chômage, j’ai vendu au cours du marché, à des conditions inférieures aux prix de revient.

Malgré le résultat déficitaire de l’année 1935, j’ai promis à mes ouvriers le maintien des tarifs actuels, en réclamant d’eux un effort pour améliorer la qualité de la fabrication et les méthodes du travail.

En présence de Messieurs Souchaud, secrétaire de la Bourse du Travail de Poitiers et Dery, secrétaire du syndicat des céramistes, j’ai démontré l’abus des casse-croûtes et le temps perdu occasionnent journellement un ralentissement de la production qui, exprimé en salaires, est très supérieur à la baisse de 5 %.

Par une application stricte du règlement intérieur dont la rédaction sera soumise à l’inspecteur du travail, j’espère relever les salaires individuels de 10 % sans modifier mes tarifs, qui permettent aux ouvriers de métier de gagner de 3 fr. 50 à 4 francs par heure de travail effectif. Pour rendre service j’ai accepté dans mon personnel des hommes âgés et des femmes qui n’ont pas fait d’apprentissage céramique. Cette main d’œuvre inexpérimentée est plus onéreuse que celle des spécialistes dont les salaires apparaissent plus élevés, le travail étant exécuté à la tâche la plupart des cas.

Si la porcelaine fabriquée à Chauvigny est, sur le marché, considérée comme inférieur à celle de Vierzon, cette comparaison désavantageuse provient d’une différence dans la qualité de main d’œuvre, qui se traduit par un manque de soin et de fini, que la clientèle apprécie. Si, dans leur spécialité, des ouvriers chauvinois valent les meilleurs de Vierzon ou même de Limoges, ils sont malheureusement réduits à quelques unités, que je donne en exemple. Je cherche à en augmenter le nombre, par la formation d’apprentis et l’organisation de cours professionnels, quand la commune de Chauvigny disposera d’un local approprié.

Inspecteur départemental de l’enseignement technique, j’aime mon métier et tous les artisans en général. Je l’ai prouvé en encourageant les bonnes volontés et je suis tout disposé à collaborer avec un syndicat aussi conscient de ses devoirs que de ses droits. Je ne poursuivrai pas une polémique de presse, mais je suis toujours disposé à terminer un conflit que je n’ai pas provoqué.

Fernand Deshoulières.

 

 

le 01/07/2020 à 14:32

Source : L'Avenir de la Vienne

grève, céramique, faïence, salaire

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