0207331/10/1936LOUDUN
La semaine dernière je vous ai dit le travail que nous avions accompli à Loudun pour la défense et l’amélioration des conditions d’existence des travailleurs de notre ville. En somme jusque-là, travail d’organisation et de recrutement, chose qui n’est pas toujours facile d’ailleurs. Beaucoup de camarades, et presque toujours les plus exploités, hésitent à se syndiquer pour des raisons diverses. Plusieurs ont peur en se syndiquant d’être mal vus du patron, d’autre reculent devant la cotisation de 4 francs par mois qui leur est demandée, quelques-uns se laissent prendre aux habiletés de leur patron qui leur a donné leur congé payé sans qu’ils le lui demandent ou leur a donné quelques sous d’augmentation alors qu’il aurait dû leur donner des francs. Bien entendu, à ce moment, le patron ne se fait pas faute de faire remarquer à ses ouvriers qu’il n’attend pas d’y être obligé pour leur donner ceci, pour leur donner cela, en somme qu’il est un bon patron.
Et c’est ainsi qu’il se trouve des camarades, auxquels le patron a lâché quelques miettes, oublient toutes les misères qu’ils ont dû endurer depuis toujours et refusent par égoïsme de de syndiquer sous prétexte qu’ils n’ont plus rien à demander.
Toutes ces considérations rendent notre tâche très ardue.
Cependant chaque syndicat possède de jeunes mais dévoués militants, armés d’un grand courage et de la ferme volonté de grouper tous les exploités. Ils arriveront.
De notre côté, à l’Union locale, pas de chômage mais là aussi la tâche s’avère laborieuse.
Des patrons croient que nous voulons révolutionner notre petite ville, c’est bien s’ils ne disent pas que nous voulons le soviétiser.
Nous avions prié les patrons coiffeurs et ceux du bâtiment de bien vouloir nous convoquer afin de discuter les cahiers de revendications des ouvriers. Ils nous ont répondu par une fin de non-recevoir et ce de fait nous avons transmis l’affaire à notre camarade Souchaud qui, lui, saura bien, sans doute, leur faire entendre raison dans l’intérêt de tous d’ailleurs.
Disons enfin que certains faits ayant été signalés à M. l’Inspecteur du travail, ce dernier est venu les contrôler à l’avantage de nos camarades intéressés.
Beaucoup de travail est encore en perspective. Nous ne manquerons pas de l’accomplir.
Maingot.
le 17/07/2020 à 17:01
Source : Le Front Populaire de la Vienne
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