0211530/01/1937POITIERS
M. de la Rocque a fait fiasco dimanche à Poitiers.
Le battage et la réclame avaient été intenses. On avait dépensé sans compter, on s’était dépensé sans marchander. Vingt mille cartes d’invitation avaient été distribuées. On avait posé, partout, des centaines d’affiches grand format. (...).
Or qu’a-t-on vu dimanche, au juste ? On a vu la police, certes, un imposant déploiement de forces, le branle-bas d’alerte, toute la gendarmerie sur pied, trois pelotons de gardes mobiles ; Poitiers quasiment en état de siège (…).
Mais à part cela ? M. de la Rocque a présidé un grand banquet, de 1.700 couverts, avec M. le docteur Fumeau, maire de Poitiers, à sa droite, et M. Olivier Martin, « directeur politique » à sa gauche. Et puis ? Et puis Casimir a harangué, dans un garage, en dehors de la ville, les propriétaires de voitures automobiles qui, de l’Indre-et-Loire, des Deux-Sèvres, du Maine-et-Loire, de la Vendée, etc… avaient répondu à l’appel de la mobilisation. Et puis, que voulez-vous ? On a fait au « Chef » le salut hitlérien. Et puis, on s’est séparé, et on est rentré chacun chez soi…
Pas le moindre cortège, pas le moindre incident, pas la plus petite bagarre. Pas même un cadavre d’ouvrier à laisser derrière soi : M. de la Rocque a dû rentrer déçu, à Paris.
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Et le Front populaire a défilé dans les rues de Poitiers. En ordre, sans cris, en force, dans le calme de la victoire. Tandis que M. le maire était au garage avec le lieutenant-colonel factieux, le peuple a occupé la place d’Armes. Et, du haut des marches de l’Hôtel de ville, avant la dislocation, nous avons donné le signal d’une dernière Internationale.
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LE BRILLANT MEETING ANTIFASCITE DU 24 JANVIER
Il est un peu plus de 14 heures 30 quand le professeur Labbé, secrétaire général du Front populaire de la Vienne prend la parole. Dans un profond silence il fait l’appel des nôtres qui sont morts victimes du fascisme. L’émotion nous étreint. (….)
Labbé donne ensuite la parole à Guillon au nom de la la Ligue des Droits de l’Homme et du Parti Radical et Radical-socialiste. (…)
La parole passe à Ravarit au nom des Jeunesses socialiste. (….)
Mme Arnaud parle au nom des Femmes socialistes ; (…)
Angeletti lui succède au nom du Parti communiste (…)
On entend ensuite Souchaud au nom de l’Union des syndicats lancer un appel à la discipline. Dans la Vienne poursuit Souchaud, nos syndicats sont maintenant au nombre de 94, et comptent 10.000 adhérents. La C.G.T groupe plus de 5 millions de travailleurs. C’est une force considérable au nom de la liberté. Les ligues ont formalisé leur formation. Nous ne devons pas nous laisser prendre à ce piège grossier. Nous devons nous dire aussi que derrière de la Rocque et son programme soi-disant social, il y a le capitalisme qui finance la propagande fasciste. La vigilance des travailleurs s’impose plus que jamais s’ils ne veulent pas se laisser ravir les avantages qu’ils ont su arracher au capitalisme. Lutter contre le fascisme c’est lutter pour votre Pain ; c’est aussi lutter contre la guerre. Souchaud conclut en invitant tous les travailleurs à rejoindre les organisations ouvrières. Cette brillante péroraison est longuement applaudie.
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Le meeting se termine aux accents de la Marseillaise et de l’Internationale. Par la rue de la Cathédrale, la rue du Marché, la rue des Cordeliers, la rue Gambetta, la foule suit dans le plus grand ordre et le plus grand silence, la délégation qui se rend à la préfecture. La dislocation s’opère place d’Armes sans incident. Le Front populaire de la Vienne a répondu éloquemment au colonel de la Rocque.
le 10/08/2020 à 14:59
Source : Le Front Populaire de la Vienne
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