CGT

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Ce 1^er mai a dépassé toutes nos espérances. Ce fut un véritable succès. Des milliers de militants ont manifesté dans l’enthousiasme et cet enthousiasme n’a pas empêché le calme et la dignité de nos cortèges et de notre manifestation.

Dès le matin des groupes se formèrent à la porte des cimetières. A l’hôpital des Champs on remarquait les camarades du syndicat des brossiers-balaitiers au complet, à leur tête les camarades Chertreau, Souchaud, Normand, Collas, Velisson, etc… Le pèlerinage s’accomplit en silence et les tombes des camarades Audinet, Doussin (anciens secrétaires de la Bourse du Travail), du général Berton, tombé pour la liberté, furent fleuries. A la Pierre-Levée, le cortège comportait plus de deux cents camarades, parmi lesquels une forte délégation du Parc d’artillerie et une autre du gaz et électricité. Des cheminots, des gars du bâtiment, des fonctionnaires s’étaient joints à cette délégation à la tête de laquelle on remarquait Mathieu et le bureau du Parc, Audouin et Fly, du gaz ; Souchaud, Collas, Pautrel, Pichon, quelques camarades des tramways, etc.. Sur les tombes de Foucteau, de Masson, des ouvrières tuées à la catastrophe de Migné des fleurs furent déposées et une minute de silence observée.

Toute la matinée une grande animation ne cessa de régner à la Bourse du Travail où plus de 1.800 cartes furent pointées.

A 15 heures, salle de la Maison du Peuple, la cour et la rue étaient remplies de camarades syndicalistes et sympathisants venus pour le meeting.

A 15 heures 30, Souchaud invite le bureau de la Bourse à monter à la tribune et le meeting commence.

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Ordre du jour :

4.000 travailleurs poitevins, manuels et intellectuels, réunis en un meeting symbolique, le 1^er mai 1937, à la Maison du Peuple de Poitiers,

Reportent leur pensée émue vers les victimes tombées sur le terrain des luttes sociale et en particulier vers les victimes des premiers Mai sanglants dont l’histoire ouvrière gardera le souvenir impérissable ;

Saluent l’héroïque peuple espagnol luttant contre une effroyable coalition des fascismes avoués et des puissances d’argent dont les privilèges ne connaissent pas de frontières ;

Demandent au gouvernement de Front populaire de se montrer vigilant et ferme afin d’éviter à notre pays ces luttes fratricides, le pressent de dissoudre les ligues factieuses et de républicaniser les hautes sphères dirigeantes (diplomatie, finances, justice, armée) ;

Affirment : la primauté du travail créateur des seules vraies richesses et l’éminente dignité du travailleur, artisan du progrès social ;

Leur volonté de conserver les avantages acquis grâce à la démonstration de leur force calme et disciplinée (congés payés, 40 heures, conventions collectives, garanties contre l’arbitraire patronale, salaire en rapport avec le coût de la vie) ;

Leur résolution de poursuivre une organisation sociale plus humaine réglant la production, non en vue de la réalisation de profits incontrôlables, mais de la satisfaction des besoins des travailleurs dont le « matérialisme sordide » va jusqu’à revendiquer une vie décente pour eux et leurs familles ;

Se déclarent prêts à engager une lutte revendicative devant assurer : aux jeunes, la possibilité du développement intégral de leurs facultés : aux adultes, un traitement suffisamment rémunéré, aux vieux travailleurs, une retraite leur permettant d’achever dignement une vie consacrée au service de la collectivité.

Conscients de leur droits et de leur force, mais aussi de leur devoir, ils poursuivront jusqu’à son terme cette lutte pour le Pain, la Paix, la Liberté, convaincus que la résistance des trusts industriels et bancaires ne sauraient constituer un obstacle insurmontable sur la voie du progrès social, vers plus de bien-être et de justice sociale.

Se séparent aux cris de : Vive la C.G.T., vive la Paix, vive la Liberté !