0021707/01/1903CHATELLERAULT
Le personnel de la manufacture d'armes de Châtellerault réuni par la chambre syndicale des ouvriers et employés libres de cet établissement a émis un avis favorable à la suppression du travail à la tâche et à son remplacement par le travail à la journée.
Voici l'exposé des motifs de cette décision :
"La chambre syndicale considère que vu l'importance et la variété des commandes actuellement confiées à l'établissement, il arrive que les ouvriers sont fréquemment déplacés, changés de travail et d'atelier et sont dans l'obligation de faire un petit apprentissage pour chaque genre. Il en résulte pour eux une perte de temps et de salaire.
"Ainsi dans le courant de l'année 1902 des ouvriers ont été déplacés et changés de poste sept ou huit fois ce qui leur a occasionné une perte de cinq à six journées en moyenne à chaque déplacement. De plus ces ouvriers étant très peu expérimenté au nouveau travail qui leur est confié, ainsi que le très grand nombre de machines qu'il sont à conduire cherchent par tous les moyens à faire sortir une journée leur permettant de vivre, eux et leur famille, de la quantité de malfaçons, d'où une perte considérable de matières premières pour l'administration et de travail pour les ouvriers.
"Les ouvriers considérant qu'il y aurait également économie d'outillage considérable, car le travailleur se voyant dans la presque impossibilité de sortir sa journée, cherche à faire produire à l'outil qu'il emploie plus qu'il ne peut en produire et l'outil est souvent brisé ou mis hors d'usage avant le temps.
"C'est pour ces différents motifs que les ouvriers appellent l'attention du Ministre de la guerre sur la suppression du travail aux pièces ou à la tâche, tout en leur assurant un salaire en rapport avec les besoins de la vie, c'est à dire que le prix de la journée actuellement acquis soit conservé à condition encore qu'il ne soit pas inférieur à 5 fr. par journée de travail et qu'en outre les ouvriers puissent prétendre à une augmentation suivant leurs aptitudes et leur ancienneté dans l'établissement.
Le personnel, dans la même réunion, a émis le vœu d'être assimilé aux ouvriers des postes, télégraphes et téléphones.
le 06/02/2020 à 21:08
Source : L'Avenir de la Vienne
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