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0222627/11/1937POITIERS

UNE RÉUNION DE PROTESTATION ORGANISÉE PAR LES SYNDICATS DU BÂTIMENT

On nous communique :

Malgré l’heure peu favorable à laquelle le meeting organisé par les syndicats du bâtiment de Poitiers a été tenu, plus de 700 ouvriers de toutes catégories y assistaient.

Souchaud, secrétaire de l’Union départementale, préside et tient tout d’abord à rappeler l’objet de cette réunion. Les salaires des ouvriers du bâtiment ont été fixés en juillet 1936, ce sont ceux qui, actuellement, figurent dans la convention collective signée le 31 décembre 1936. En mai 1937, les syndicats ouvriers ont demandé une augmentation du fait de la modicité des salaires consentis et aussi du fait de l’augmentation du coût de la vie par les indices officiels. La commission de conciliation, saisie du différend, n’a pu le résoudre, les deux parties ont alors désigné chacune un arbitre qui, eux non plus, n’arrivèrent pas à se mettre d’accord. C’est alors que, sur la demande de M. le Préfet de la Vienne, le président du Conseil désigna le président du Conseil de Préfecture comme surarbitre.

Celui-ci rendit sa sentence le 27 octobre, c’est-à-dire six mois après la demande des ouvriers. Les patrons ont alors pris position en déclarant cette sentence non conforme à la loi et ont assigné les syndicats ouvriers devant le Tribunal civil en vue de faire annuler cette sentence.

Souchaud, applaudi par toute la salle, n’hésite pas à qualifier comme il convient de semblables manœuvres qui constituent à ses yeux une violation de la loi et aux engagements pris.

Après lui, Sibilleau, secrétaire régional, est venu examiner la question dans le cadre régional. Il adjure les ouvriers de rester unis et surtout de ne pas céder, dans un moment de colère, à la véritable provocation dont ils sont l’objet.

Enfin, Labrousse, secrétaire de la Fédération du bâtiment, venu tout exprès dans la Vienne pour le conflit du bâtiment, indique que l’attitude des patrons de la Vienne n’est pas unique et cite le cas de nombreux départements où les mêmes faits se sont produits. Tour à tour il examine la question des 40 heures, des congés payés, des conventions collectives et donne de sages conseils aux ouvriers. Il réclame l’ouverture immédiate des grands travaux car, malgré les 40 heures, des centaines et des milliers d’ouvriers sont sans travail.

Tous les orateurs furent longuement applaudis et l’ordre du jour suivant a été adopté à l’unanimité.

Ordre du jour :

700 travailleurs de Poitiers, appartenant au bâtiment, à l’industrie, au commerce, aux services publics et des fonctionnaires réunis à l’appel de l’Union des syndicats du bâtiment de Poitiers ;

protestent énergiquement contre les prétentions des syndicats patronaux du bâtiment qui réclament la nullité et la révision de la sentence surarbitrale rendue par Monsieur le président du Conseil de la Préfecture et accordant une augmentation de 13 % aux ouvriers du bâtiment ;

s’élèvent contre de semblables procédés qui montrent, une fois de plus, la volonté évidente du patronat de violer et saboter toutes les lois sociales ;

trouvent anormal que les patrons du bâtiment, après avoir désigné eux-mêmes leur arbitre, après avoir discuter la demande des ouvriers, après avoir fourni toutes les explications au surarbitre, refusent la sentence lorsque celle-ci est rendue ;

décident de mener toute l’action nécessaire pour dénoncer devant l’opinion et devant les pouvoirs publics de semblables procédés qui sont l’expression d’une mauvaise foi certaine ;

mandatent leurs organisations syndicales, en particulier l’Union départementale de la Vienne, la 5e région fédérale et la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics pour poursuivre devant les tribunaux compétents l’action utile à faire rendre justice aux travailleurs ;

réclament du Parlement, le vote rapide d’une loi sur l’embauchage et le débauchage susceptible de mettre un terme à l’arbitraire patronal, la suppression des bureaux de placement privés, la refonte de la loi sur l’arbitrage afin de prévoir des sanctions sévères, allant jusqu’à la prison, pour les patrons qui ne respectent pas les sentences rendues, la loi sur la retraite des vieux travailleurs et toutes autres lois sociales depuis longtemps attendues par la classe ouvrière française.

 

 

le 21/08/2020 à 13:53

Source : L'Avenir de la Vienne

salaires, arbitrage, meeting

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