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0229012/05/1938CHATELLERAULT

LA GRÈVE DE L’USINE ROCHER DE CENON A PRIS FIN

La convention adoptée par le directeur et les ouvriers à la suite de la judicieuse intervention de M. le sous-Préfet a été approuvée par le personnel.

Nous avons signalé la grève qui a éclaté lundi après-midi aux usines Rocher de Cenon occupant un personnel de 405 ouvriers dont une partie travaille pour la défense nationale. Acceptant le principe de la mesure les ouvriers estimaient que les sanctions de cinq et de deux jours de mise à pied prononcées contre 2 ouvriers étaient trop sévères.

Les ateliers avaient été aussitôt occupés et des dispositions avaient été prises pour que des piquets de grévistes y siègent en permanence.

Cette cessation de travail avec occupation des locaux aura été fort heureusement de courte durée.

Après avoir reçu dans la soirée les délégués des ouvriers, M. le sous-préfet de Châtellerault qui a multiplié les bons offices avec beaucoup de doigté, s’est réuni dans la matinée de mardi avec le directeur, M. Rocher.

A 11 heures une réunion commune des délégués et du directeur fut tenue dans le cabinet du sous-préfet. Il en ressortit un accord concrétisé par un texte d’ordre général signé par les deux parties. La première conséquence fut que l’occupation des ateliers cessa à midi et que seul un piquet d’ouvriers resta devant la porte d’entrée de l’usine.

Dans l’après-midi, comme suite à l’accord intervenu à la fin de la matinée, les délégués ouvriers de l’établissement, M. Souchaud, secrétaire général de l’Union des syndicats ouvriers de la Vienne et M. Rocher, directeur, signèrent la convention suivante en présence de M. l’inspecteur départemental du travail.

La convention approuvée par les parties.

M. le sous-préfet exprimant le souhait de voir prendre fin sans retard ce conflit et faisant appel à l’esprit transactionnel des parties pour y aboutir, M. Rocher, directeur, fait observer qu’il ne saurait être question de réclamer de lui un geste de bienveillance aussi longtemps que le personnel restera dans la position illégale qu’il a adoptée. En effet la grève a été adoptée sans qu’il y ait eu arbitrage préalable, sans même que les organisations ouvrières soient mises en rapport avec la direction. Il ajoute que cette façon d’agir est contraire à celle recommandée par les organisations ouvrières elles mêmes.

La délégation ouvrière se reconnaît d’accord avec M. Rocher sur ces points.

Elle ne conteste pas non plus qu’une faute a pu être commise pendant leur travail par les deux ouvriers objets de sanctions et que cette faute doit être sanctionnée afin d’éviter le retour de tels errements.

Elle estime que le travail doit être repris dès le lendemain 11 mai aux heures habituelles par tout le personnel.

Les délégués ouvriers se déclarent d’accord pour la moins importante des sanctions. M. Rocher accepte d’étudier à nouveau la deuxième avec la plus grande bienveillance. Il examinera si cette atténuation de peine peut être envisagée après avoir pris l’avis du personnel de direction et des délégués ouvriers.

Il est convenu que pour éviter le renouvellement de pareils incidents, reconnus comme fort regrettables, un règlement d’atelier précisant une gamme de sanctions proportionnées à une gamme de fautes sera établi dans le plus bref délai possible.

M. Rocher et les délégués ouvriers acceptent de considérer que le contrat de travail n’a pas été rompu. Il n’y aura donc pas de sanction pour faits de grève.

Cette convention fut soumise aux ouvriers au cours d’une réunion tenue à 17 heures dans l’établissement de M. Guérin.

Après avoir entendu de MM. Souchaud, secrétaire de l’Union départementale des syndicats ouvriers et Pouilloux, secrétaire de l’Union locale de Châtellerault, les ouvriers fort nombreux, approuvèrent à main levée le texte de la convention. Tous acceptèrent de reprendre jeudi matin le travail à l’heure habituelle et la réunion pris fin vers six heures

Nous devons féliciter M. le sous-préfet de Châtellerault qui a su trouver les formules d’apaisement, le directeur M. Rocher et les délégués ouvriers pour le vif désir de conciliation dont ils ont fait preuve.

Grâce à la sagesse de tous ce conflit a pu être réglé dans le minimum de temps et d’une façon satisfaisante pour les deux parties.

 

 

 

le 24/08/2020 à 17:39

Source : L'Avenir de la Vienne

métallurgie, sanctions, solidarité, accord

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