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0231514/08/1938POITIERS

COURTE GRÈVE DU PERSONNEL DES « RAPIDES DU POITOU »

Cessé a minuit le travail a repris à midi moins vingt.

M. Giraud, président du conseil interdépartemental de la Préfecture est chargé d’arbitrer le conflit qui repose sur une demande d’augmentation des salaires.

Une grève, qui fut de courte durée - mais qui n’en a pas moins causé une gêne certaine pour les usagers - vient d’éclater aux Rapides du Poitou. Le personnel de cette importante compagnie de transports routiers, qui assure la liaison, par autocars, de Poitiers avec de nombreuses localités du département et plusieurs villes de la région avait, récemment, formulé une demande de relèvement de salaires de douze pour cent. L’accord ne se fait pas avec la direction qui proposait neuf pour cent.

Dans la soirée d’hier, le personnel décidait la grève. Celle-ci devint effective à minuit. Les poitevins qui voulaient, en cette veille de fête, se rendre à la campagne ne purent partir. Seules les marchandises portées par les derniers cars d’hier furent livrées par taxis.

Dans la matinée, les représentants de la direction et ceux du personnel, qui avaient à leur tête M. Souchaud, secrétaire de la Bourse du Travail, tinrent une réunion à la Préfecture, sous la présidence de M. Boissé, inspecteur du travail. L’accord ne put pas davantage se faire. Mais le personnel accepta de reprendre le travail, en attendant que M. Giraud, président du conseil interdépartemental de la Préfecture est chargé d’arbitrer le conflit, ait rendu sa sentence.

Les services compétents de la Préfecture observent – à notre égard tout au moins – un mutisme absolu sur ce conflit, qui recevra, nous l’espérons, une prompte solution. (…)

Le point de vue de la direction.

Le chef d’exploitation des « Rapides du Poitou », que nous avons pu joindre, nous a déclaré :
- La question de résume en fait à une augmentation des salaires.
« L’augmentation des salaires est régie par l’article 10 de la loi du 4 mars 1938.
« Nous avons donné satisfaction à la demande qui nous a été faite, dans le cadre de la loi en question.
« Mais ce que nous avons fait n’a pas été considéré comme satisfaisant par le personnel qui au cours des délibérations de la commission de conciliation et sans attendre même le résultat des délibérations de ladite commission, s’est mis en grève, contrairement à la loi sur la procédure de conciliation et contrairement aussi aux articles 42 et 44 de la Convention collective.
« On nous a demandé une augmentation de 12 % sur les salaires effectivement payés, ce qui se traduit par une dépense supplémentaire de cent mille francs par an, alors qu’on ne peut nous demander autre chose que l’application de l’article 10 de la loi du 4 mars 1938 qui prévoit que les salaires peuvent être révisés tous les six mois si entre les indices du coût de la vie arrêté à la date la plus rapprochée de celle des conventions présentes par rapport à l’indice au moment des revendications, il existe un écart de 5 %. Et c’est dans ces conditions qu’ayant admis le recevabilité de la demande, nous avons accordé le maximum fixé par la loi, notre trésorerie ne nous permettant pas de faire mieux ».

Le point de vue du personnel.

Nous tenons d’une personne très au courant de la question, le point de vue du personnel. Le voici :
- Depuis le 15 juin 1938, une demande d’augmentation des salaires a été adressée par le personnel à la direction. Cette demande fut renouvelée le 27 juillet. Et les deux lettres sont restées sans réponse.
« Le 6 août, les délégués ont de nouveau insisté auprès de la direction qui lui répondit le 8 août de ce même mois.
« La demande portait sur l’augmentation habituelle pratiquée. Les salaires habituellement payés sont ceux qui résultent d’un accord intervenu le 25 juillet 1936.
« A la date du 15 mais 1937, la commission de conciliation a décidé que deux augmentations de 5 % devraient être appliquées au personnel. De ces ceux augmentations, une seule fut accordée, la seconde fut refusée par la direction. Dans ces conditions le différend est donc né d’une part d’une demande d’augmentation basée sur la hausse du coût de la vie, d’autre part sur le fait que la loi du 15 mai n’a pas été appliquée par la société.
« M. le secrétaire général de la Préfecture, mis au courant, a décidé la réunion de la commission de conciliation hier soir.
La commission a examiné le différent et a fait des contre-propositions aux parties en cause dans le cadre de la loi du 4 mars 1938 sur l’arbitrage de conciliation
« Les délégués n’ont pas cru devoir accepter les propositions qui leur étaient faites puisqu’elles n’apportaient aucune augmentation de salaires au personnel.
« Notons que la commission de conciliation ne pouvait que se baser sur le taux des salaires d’une convention collective qui ne contenaient que des taux portés à titre indicatif.
« Dans ces conditions, les ouvriers ont fait des contre-propositions tendant à obtenir 12 % sur les salaires réels. La direction n’a pas répondu ou a réservé sa réponse. C’est sur ces entrefaites que la grève a été décidée au cours d’une réunion tenue très tard vendredi dans la nuit.
« Aussi bien tous les autobus qui devaient partir sont restés à Poitiers.
« La commission de conciliation s’est réunie à 8 h. 30 et la délégation ouvrière a déclaré qu’elle n’était pas responsable du différend. La délégation a en outre ajouté que si hier soir, en réponse à sa proposition, la société avait offert une augmentation, même très minime, la grève aurait été évitée. Les ouvriers auraient continué le travail.
« Les ouvriers ont repris le travail à 11 h. 40, samedi matin, sous la seule condition que la question qui fait l’objet du différend serait soumise à un arbitrage et qu’aucune sanction ne serait prise contre le personnel pour fait de grève.
« Le personnel, consulté, a décidé de reprendre le travail bien que les apaisements sollicités ne lui aient pas été donnés. Cependant la direction lui a fait certaines promesses. Et il serait infiniment souhaitable que la société manifeste un peu de bonne volonté à seule fin de mettre un terme au différend.
«  Dans les jours qui vont suivre, M. Giraud, président du Conseil départemental de Préfecture, rendra sa sentence sur tous les points qui ont été indiqués par la commission de conciliation ».

le 27/08/2020 à 11:56

Source : L'Avenir de la Vienne

transport, cars, arbitrage, conciliation

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