0231928/05/1931POITIERS
Au nom des commissions réunies, M. Hulin donne lecture du rapport suivant :
Messieurs,
Le « Cercle du Travail » dont le siège est rue Saint-Germain18, à la date du 24 octobre 1930 ; l’Union locale des syndicats unitaires à la date du 25 février 1931, ont demandé au Maire de leur attribuer respectivement une salle à la Maison du peuple.
Le Maire de Poitiers ayant saisi de ces demandes le Comité général de l’Union locale des syndicats confédérés qui occupe et gère la Maison du peuple, celui-ci a repris à la date du 28 février 1931 l’ordre du jour qu’il votait à sa séance du 30 octobre 1930 et dont voici les termes :
« Considérant que la Municipalité de Poitiers a accordé des locaux à la Maison du peuple à l’Union confédérée pour y installer ses services particuliers, qu’aucune condition ni réserve n’ont été apportées à la jouissance des locaux mis à sa disposition que l’obligation de les entretenir en bon état ;
« que dans ces conditions, l’Union locale confédérée n’a pas à disposer d’un immeuble ou d’une partie d’immeuble qui ne lui appartient pas pour le mettre au service d’une autre organisation quelle qu’elle soit. Il appartient à la Municipalité seule d’user de ce droit.
« A la suite de la visite de la Commission du 16 février 1931 vous avez pu vous rendre compte, Monsieur le Maire, que l’installation des cours professionnels (cours qui occupent dix salles) ; les différents services de l’Union locale confédérée, la bibliothèque pédagogique ; la caisse primaire d’assurances sociales « Le Travail » le bureau des mutilés du travail, ne laissent pas de locaux disponibles ou presque. De plus l’Union locale confédérée a meublée à ses frais, les locaux mis à sa disposition.
« Dans ces conditions le Comité général de l’Union locale confédérée à nouveau consulté le 28 février 1931 a décidé de s’en tenir à l’ordre du jour adopté le 30 octobre 1930.
« Veuillez agréer,…
Le secrétaire-adjoint : signé Renault
Vous avez homologué précédemment cette réponse :
L’union locale des syndicat unitaires, c’est-à-dire des syndicats contrôlés par le parti communiste ne s’est pas inclinée. A la date du 4 mai 1931 elle a à nouveau demandé l’octroi d’une salle avec, en conséquence de cette occupation, son droit de participer à l’administration de la Maison du peuple.
Vos commissions ont constaté que si une telle demande et celles similaires étaient accueillies favorablement elles ne pourraient être satisfaites par suite du manque des locaux déjà occupés.
En plus elles ont considéré que la Maison du peuple devait logiquement pour être gérée, entre les mains de la section locale de la Confédération générale du Travail, qui groupe les syndicats de travailleurs dans une pensée purement corporative, éloignée de tout esprit confessionnel comme de tout esprit politique.
Mais sans y avoir une entrée permanente et pouvoir s’y tenir à demeure, l’accès à la Maison du peuple ne saurait être interdit à une organisation syndicale quelle qu’elle soit, même confessionnelle. A chaque fois et dans la mesure des disponibilités, qu’une telle organisation aura besoin d’une salle, et qu’elle en fera la demande au Secrétaire général de la Bourse du Travail, administrateur de la Maison du peuple, cette salle devra lui être accordée. Bien entendu cela ne peut avoir qu’un caractère périodique.
Vos commissions vous demandent de prier Monsieur le Maire de s’inspirer de ces considérations et de les porter à la connaissance des organisations qui ont produits les demandes auxquelles elles répondent et au Comité général de l’Union locale des syndicats confédérés.
Le rapporteur : Hulin
Adopté
TRACT DE L'UNION LOCALE UNITAIRE EN RÉACTION DE LA DÉCISION DU CONSEIL MUNICIPAL (Arch. départ. 4 M 1548)
CITOYENS !
CAMARADES CONFÉDÉRÉS !
« La Maison du Peuple ! ».. « La Bourse du Travail », mots qui évoquent pour les Travailleurs le foyer commun, le creuset où se fondent les divergences au souvenir des luttes passées et l’espérance de la libération à venir, cat il n’est pas trop de nos efforts unis pour lutter contre la guerre et la servitude économique, rançons d’un capitalisme dont le programme tient en deux mots : « leprofit ».
Or, par décision en date du 2 juin 1931, la Municipalité nous refuse l’accès à ce qui devait être notre maison commune, sous le prétexte que nous faisons de la « politique ».
Oui, camarades, nous faisons de la politique, comme vous en faites vous-mêmes, comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le vouloir, à tel point que nos adversaires commun – nous en avons – ne font aucune différence entre nous et mettent dans le même panier les Internationales II et III.
C’est donc un procès pour délit d’opinion que nous fait la Municipalité radicale et socialiste de Poitiers dont pas un membre ne s’est levé pour protester contre l’iniquité qu’on allait commettre, bien que certains fussent parfaitement renseignés et convaincus de notre bon droit.
Ces démocrates sont ainsi en contradiction avec leurs principes et leur propre légalité car les statuts de la Bourse sont formels :
Art. 1 - … dans un local mis à la disposition des ouvriers.
Art. 2 – Les syndiqués seuls auront la jouissance de la Bourse et la charge de sont administration.
Art. 3 – Font partie de droit de la Bourse tous les syndicats… Tous devront avoir satisfait aux obligations de la loi de 1884.
Camarades, au nom du Droit d’opinion, au nom de la Solidarité ouvrière, vous protesterez contre cette attitude.
Nous n’avons aucun recours contre le Conseil municipal, nous n’attendons rien de certains politiciens qui nous flattent pour nous acheter. Nous demandons seulement de mettre les statuts en harmonie avec leur attitude – s’ils l’osent - et de dire :
Article 2 – Seuls les syndiqués en communion d’idées avec la Municipalité siégeant à l’Hôtel-de-ville, auront la jouissance de la Bourse et la charge de son administration.
Si dès aujourd’hui ne s’élève pas une protestation des rangs de tous les travailleurs, nous disons mieux, de tous les citoyens à l’esprit libre, quelles que soient leurs conceptions sociales ou politiques, c’est que le sens de la dignité humaine et l’esprit d’équité n’ont plus cours dans ce peuple abusé par une presse servile et par trop de démocrates en « peaux de lapins ».
Vous serez unanimes, vous crierez à vos flatteurs qui verront que vous n’êtes pas tous à vendre que vous vous sentez plus près de nous, vos frères de classe, que de la plupart d’entre eux malgré leurs déclarations tapageuses et intéressées.
Vous accueillerez comme il convient ces faux démocrates.
S’il en était autrement, au nom de quels principes protesteriez-vous le jour où une municipalité de droite, arguant que vous faites de la politique, vous prierait de déguerpir pour céder la place aux syndicats chrétiens ?
Contre le délit d’opinion, contre la dictature de la Municipalité violant sa propre légalité, camarades, tout debout !
Pour l’Union locale unitaire, le secrétaire :
le 28/08/2020 à 13:50
Source : Registre Conseil municipal de Poitiers
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