0234630/11/1938POITIERS
Dans l’ensemble, le mot d’ordre de grève générale lancé par la C.G.T. n’a pas été suivi à Poitiers et dans le département de la Vienne.
Les différentes réunions qui ont eu lieu ces jours derniers à la Maison du Peuple où siège la Bourse du Travail, laissaient prévoir qu’il en serait ainsi.
Mardi soir, on savait déjà que les services de la Préfecture, des P.T.T. et de la Mairie fonctionneraient comme d’habitude, le syndicat des employés de la Préfecture s’étant prononcé contre la grève et que les journaux locaux paraitraient.
Mercredi matin, jour de grève générale, on avait l’impression que l’activité de la ville de Poitiers ne serait pas paralysée par les ordres de grève, impression d’ailleurs confirmée puisque les services publics assuraient leur travail quotidien, que les banques et les magasins étaient ouverts.
Néanmoins nous avons tenu à nous livrer à une enquête plus complète.
A la Préfecture, M. Costa, chef du cabinet de M. Le Préfet a bien voulu nous recevoir et nous déclarer :
« Il n’y a pour ainsi dire, pas de grévistes à Poitiers. Quelques défections ont été cependant enregistrées. Il n’y a pas eu d’entrave à la liberté du travail. Aucun incident ne nous a été signalé ».
Nous avons pu joindre une personnalité de la fédération patronale qui a bien voulu nous donner quelques renseignements :
« Le nombre de grévistes à Poitiers est très peu important. Toutefois dans les chantiers « Eau et assainissement » on compte une cinquantaine d’ouvriers qui n’ont pas travaillé aujourd’hui. Il n’y a pas eu d’occupations.
« De même la société Ozone compte également une cinquantaine de grévistes.
« Par ailleurs le département a suivi l’exemple de Poitiers. Il n’y a rien d’important à signaler. Châtellerault et Montmorillon sont calmes ».
Nous sommes allés ensuite demander à M. Souchaud, secrétaire général de la Bourse du Travail, de bien vouloir nous donner son impression sur la journée.
« De nombreux syndiqués n’ont renoncé à la grève générale que devant les mesures exceptionnelles prises en dernière heure par le gouvernement, mesures qui établissent dans le pays un véritable état de siège, c’est-à-dire la suspension de toutes les garanties démocratiques.
« Ces mesures arbitraires ne s’apparentent qu’à celles qu’ont prises ces jours derniers les tribunaux totalitaires contre les travailleurs de l’industrie, par exemple la menace de révocation immédiate et sans recours – sans même la communication des dossiers – faite contre les fonctionnaires.
« Il en a été de même dans l’industrie privée où les employeurs n’ont pas hésité à afficher dans les ateliers et chantiers des notes indiquant que les ouvriers grévistes seraient licenciés.
« Ces mesures expliquent l’abstention de nombreux ouvriers qui n’ont cédé qu’au dernier moment devant la menace de la force brutale prête à s’exercer contre eux.
« On peut affirmer que les travailleurs unanimes n’en restent pas moins dressés contre les décrets-lois qu’ils condamnent ».
Enfin M. Froment, commissaire de police, nous a déclaré :
« Le calme règne. A aucun moment notre service d’ordre n’a eu à intervenir ».
Signalons en terminant que les services des chemins de fer et ceux des P.T.T. ont fonctionné normalement.
le 29/08/2020 à 17:32
Source : L'Avenir de la Vienne
syndicat, bourse du travail, CGT
Les fichiers joints :
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org