0241419/08/1939POITIERS
Après beaucoup d’efforts et de patience nous n’obtenons que de maigres résultats.
Le patronat français peut en toutes occasions remercier le gouvernement de M. Daladier. Les décrets-lois pris par ce gouvernement ont servi et servent encore les intérêts patronaux alors qu’ils lèsent les justes revendications et demandes légitimes des ouvriers.
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Bref, les syndicats du bâtiment, du Livre, du Bois, des Brossiers et des ouvriers de garages avaient sollicité un relèvement des salaires. La procédure fut longue, les pourparlers amiables échouèrent, la commission de conciliation rencontra l’hostilité patronale. Il fallut donc recourir à l’arbitrage et au sur-arbitrage. Il fallait gagner du temps et les patrons sont malins. Plus les choses trainent et mieux ça vaut car il est bien rare qu’un surarbitre accorde la rétroactivité. Le procédé est devenu classique.
Les patrons ou leurs avocats ont employé tous les moyens. Ils se sont présentés comme les malheureux tondus (tu parles !). Si les ouvriers continuent à se montrer exigeants, les patrons seront vite sur la paille. Heureusement pour eux, leurs bilans sont assez bien équilibrés !...
Après bien des vicissitudes on est tout de même arrivé à un résultat, car le décret-loi interdisant aux arbitres de rendre leurs sentences n’est pas encore paru. Ce sera sans doute pour le prochain train…
Le Bois obtient un relèvement de 1,70 %. Encore faudra-t-il pour pouvoir prétendre à ce relèvement que la durée du travail ne dépasse pas 40 heures par semaine.
Le Bâtiment se voit octroyer 3% d’augmentation alors que les ouvriers avaient justifié d’une hausse du coût de la vie de 15 %.
Le Livre, dont les salaires sont les plus bas de la région, obtient 2,5%.
Les garages, un peu plus favorisés, obtiennent 7 % avec rappel au 6 février 1939.
Enfin les Brossiers qui justifiaient plus de 15 % obtiennent péniblement 3%.
Ainsi qu’on a pu le voir tout a été mis en œuvre pour faire échouer les demandes ouvrières. Les arbitres et surarbitres ont dû s’inspirer des décrets-lois et tenir compte de toutes les injonctions, allocations familiales, heures supplémentaires, situation de l’industrie, jurisprudence surarbitrale, etc…
Si, en face de tant d’injustice, le patronat et le gouvernement croient que les ouvriers se lasseront, ils se trompent lourdement. Les décrets Laval nous ont conduit à juin 1936. L’incompréhension et la mauvaise volonté des uns et des autres est en train de forger les armes qui, tôt ou tard, se retourneront contre eux.
L’Union départementale des syndicats ouvriers de la Vienne.
le 12/09/2020 à 10:35
Source : Le Front Populaire de la Vienne
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