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0250223/03/1942POITIERS

LA RÉUNION SUR LA CHARTE DU TRAVAIL

M. ALBERT PERROT
Chef de cabinet du Ministre du Travail a exposé hier aux organisations patronales et ouvrières les principes de la Charte du Travail

Hier, au Comœdia, à 10 heures, sous la présidence de M. Bourgain, préfet régional, M. Albert Perrot, chef de cabinet de M. Belin, Ministre du Travail, a fait un long exposé des principes de la « Charte du travail ». M. Perrot était entouré de M. Jacques Masteau, ancien député, maire de Poitiers, de Mme Petit-Clerc, représentant les forains.

M. Albert Perrot a montré comment par la juxtaposition des syndicats patronaux en des Comités sociaux de syndicats patronaux, de syndicats d’ingénieurs, de syndicats d’agents de maîtrise, de syndicats d’employés et de syndicats d’ouvriers, on aboutissait à une organisation provisoire des diverses professions.

Comité social local, Comité social régional, Comité social national, dans chacune des grandes « familles professionnelles » doivent, en principe selon lui, travailler à supprimer la luttes des classes et à instaurer un ordre social nouveau.

Il nous a expliqué pourquoi le mot de CORPORATION n’avait pas été prononcé dans la loi.

Et son explication, à elle seule, confirme le bien-fondé des réserves que nous avons faites dès la publication de la loi.

Il a dit : « Le mot de corporation n’a pas été prononcé pour la simple raison que la « Charte de Travail » actuelle n’institue pas la véritable corporation. Nous n’avons pas voulu déconsidérer dans l’esprit des ouvriers le grand espoir que renferme la solution corporative en mettant sur les organismes créés par la Charte du Travail l’étiquette corporative. La véritable corporation sera établie plus tard, quand les circonstances le permettront et alors seulement on pourra se permettre de parler vraiment de corporation ».

« Pourquoi n’avons-nous pas instauré tout de suite les véritables corporations ? Parce que nous avons estimé que les ouvriers n’étaient pas encore assez éduqués pour qu’on puisse les faire participer directement à la gestion économique des intérêts professionnels. Nous les associons seulement maintenant à l’activité sociale et à la gestion des œuvres d’entraides »

.../…

Et lorsqu’on constate que la gestion économique des intérêts de la profession est confiée aux trusts tout puissants, on s’étonne que M. Albert Perrot, syndicaliste d’autrefois, ne fasse pas à l’élite ouvrière la même confiance que nous lui faisons, nous les corporatistes impénitents. Il accorde aux capitalistes ce qu’il refuse aux ouvriers !

.../…

M. Albert Perrot juxtapose des syndicats alors que la saine raison exige que ces syndicats soient groupés organiquement dans une véritable corporation, dotée de la personnalité morale et gérant de façon souveraine tous les intérêts de la profession.

M. Albert Perrot et les rédacteurs de la « Charte du Travail » abandonnent aux trusts et au capitalisme la direction des affaires professionnelles sur le plan économique. C’est là que l’on peut saisir la lacune la plus grande de cette loi qui avait fait naître tant d’espoirs et c’est pourquoi elle est accueillie avec la même froideur par les véritables corporatistes et par les syndicalistes d’hier.

Quoi qu’il en soit, il faut tenter l’expérience de l’application de la « Charte du Travail ». Connaissant ses imperfections, il sera peut-être possible de l’améliorer à l’usage. Et surtout il faudra instaurer un jour les véritables corporations que l’on a pas encore voulu réaliser pour des motifs que nous ne comprenons pas et qui semblent étrangers à la doctrine formulée par le Maréchal dans son discours magnifique de St-Etienne.

Pierre Chavigny

 

 

le 06/10/2020 à 12:56

Source : L'Avenir de la Vienne

droit du travail, réunion, syndicat

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