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0253017/10/1942POITIERS

LE SABOTAGE DE LA RELÈVE

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A Cenon il y a une usine métallurgique. Les listes d’ouvriers « désignés » pour la RELÈVE ont été établies dans des conditions que nous ne pouvons passer sous silence.

Tout d’abord ces listes n’ont pas été publiées. Lundi dernier, individuellement,les ouvriers « désignés » par la direction ont été avisés du choix fait. On leur a présenté le contrat de travail à signer. A ceux qui hésitaient on a dit qu’ils comparaîtraient devant la COUR MARTIALE allemande s’ils refusaient de singer. CE QUI EST FAUX. Pour justifier le choix fait par eux, les responsables ont agité l’épouvantail allemand. « Ce sont eux…, encore eux, qui nous imposent ces choix. S’il y a des injustices nous n’y pouvons rien, les ordres sont formels ». On commence à connaître la musique. Le coup a été fait trop souvent pour qu’il puisse prendre à chaque fois. On l’a fait pour le doryphore, on l’a fait pour l’essence, on recommence pour la « relève » !

Veut-on un exemple précis de la « cuisine » faite à l’usine de Cenon ? Voici :

Il fallait un contremaître pour encadrer les ouvriers.

Deux hommes pouvaient remplir ce poste de confiance. L’un était plus jeune, l’autre plus vieux.

L’un s’appelait NOËL, l’autre BARLIERE.

C’est Barlière qui est désigné pour partir ! Il s’étonne, il refuse de signer. On le menace de la felgendarmerie. Il persiste à dire que c’est Noël qui doit partir. Et c’est alors qu’on découvre le « pot aux roses » : Noël a cessé miraculeusement d’être contremaître. Il est devenu chef d’équipe. Et comme c’est un contremaître qu’il faut, il ne reste plus que Barlière comme premier désigné à partir. Menacé des foudres de la feldgendarmerie, Barlière a une idée de génie, il va se constituer prisonnier à la feldgendarmerie. Et il apprend la vérité. La feldgendarmerie, pas plus qu’aucune autorité allemande, n’intervient dans les choix. La feldgendarmerie non seulement ne l’arrête pas, mais elle s’étonne d’être mise en cause !

Et c’est ici que se produit l’incident qui serait comique, si la question n’était pas aussi grave. Il y avait dans l’usine un chef de service nommé Poulain qui était vraiment volontaire pour partir en Allemagne. Il n’avait pas été sollicité, il n’avait pas été « désigné », et c’est en apprenant les « réactions » légitimes de M. Barlière, que M. Poulain manifeste son désir de partir en Allemagne, comme il l’aurait fait plus tôt si on avait procédé comme les instructions gouvernementales l’avaient prescrit.

Ainsi on avait désigné comme « volontaire » un homme qui désirait que la justice soit appliquée, qui aurait accepté de partir si son tour était arrivé, mais qui résistait devant les combines et les entourloupettes des saboteurs de la RELÈVE, et on avait oublié d’inscrire un véritable volontaire tout simplement parce qu’on ne l’avait pas sollicité !.. Incroyable mais vrai.

Voilà le sérieux avec lequel les patrons anti-sociaux et les fonctionnaires déloyaux appliquent les instructions gouvernementales.

Il faut que les ouvriers spécialistes partent vers l’Allemagne. Nous le disons et nous le répétons chaque jour. Il ne s’agit pas de volontariat mais de désignation avec devoir absolu d’accepter le choix fait. (…)

Nous demandons, nous, que des sanctions soient prises aussi contre les patrons et les inspecteurs du travail qui méconnaissent les instructions gouvernementales.

Que les ouvriers qui se refusent sans raison à faire leur devoir de solidarité soient frappés, soit.

Mais ceux qui ne publient pas les listes de départ, ceux qui les établissent d’une façon provocatrice, ceux qui font des menaces mensongères, ceux qui négligent les devoirs de leur charge en n’exigeant pas que tout se passe au grand jour, tous ceux-là doivent aussi être frappés.

.../…

L’ouvrier sérieux n’admet pas cette situation. Il a raison. Et un journal indépendant comme l’est « l’Avenir de la Vienne » se doit de faire écho à leurs légitimes protestations.

« Être neutre c’est trahir » a dit notre maître Abel Bonnard.

La Révolution nationale ne peut se faire dans l’équivoque et dans le mensonge. Ce pays a besoin de sincérité. Nous donnons l’exemple.

Henri Tournier
Pierre Chavigny

 

 

le 13/10/2020 à 17:38

Source : L'Avenir de la Vienne

guerre, travail, allemagne

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