0267802/06/1945POITIERS
Le rapport de M. Pouilloux
Je ne voudrais pas commencer le commentaire de ce rapport sans élever mes pensées vers André Colas, trésorier de l’UD, déporté et mort en Allemagne, a qui dimanche dernier encore les congressistes renouvelaient à l’unanimité leur confiance. Ce militant honnête et dévoué jusqu’au sacrifice avait su, par sa modestie et sa simplicité acquérir toutes les sympathies.
Le syndicalisme et les problèmes de l’heure
Sous ce titre M. Pouilloux, du syndicat des instituteurs, traite d’abord le caractère premier de notre syndicalisme puis les problèmes actuels sous forme interrogative, pose des questions précises sur différents sujets. Ces questions, émises après examen scrupuleux de considérations objectives, forment un ensemble trop vaste pour que d’emblée on puisse y répondre et, que ce soit le problème de la Paix, la question des frontières, celles des colonies, de l’Allemagne, du régime intérieur, de l’organisation gouvernementale, de la reconnaissance de nos droits, des nationalisations, toutes, même si par avance on possède sur chacune d’elles des idées nettement définies, méritent plus amples réflexions, étude approfondie devant leur bien fondé, discussion dirigée pour éviter toute digression. Il est infiniment regrettable que ce rapport n’ait pas été auparavant communiqué aux délégués qui auraient pu, lors du congrès, malgré le temps limité, apporter le point de vue syndicaliste par des réponses subjectives muries et pensées.
D’ailleurs, dû-sais-je m’attirer quelques critiques de mes camarades, il aurait été difficile à certains délégués de discuter sur quelques-unes de ces questions. Parler à l’heure actuelle de l’imbroglio italien avec le « Risorgimento » du nord et livrédentisme mal léché des dirigeants actuels de ce pays ; aborder le problème libano-syrien, dont l’acuité présente tient autant de la désastreuse politique vichyssoise des nazis que de monnaie venue de pays étrangers pour lesquels le pétrole et autres questions d’influence tiennent toujours à cœur ; demander au commun des passants comment il conçoit la nouvelle forme constitutionnelle et gouvernementale, on vous regarde 9 fois sur dix, avec de gros yeux ahuris, parce qu’on est pas préparé à cela, parce qu’on manque d’éléments d’appréciation, parce que la masse n’est pas avertie de ces grands problèmes qu’elle délaisse trop facilement. Néanmoins le rapport présenté par M. Pouilloux éclaire par son contexte, permet dans l’ensemble objectif des idées générales traitées, d’y déceler l’éclaircissement indispensable à un sain jugement et dont l’exégèse est celle d’un militant sincère.
Il serait bon que beaucoup de syndicalistes en prissent connaissance.
René Pageot
le 08/11/2020 à 17:02
Source : Le Libre Poitou
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