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0281828/05/1946POITIERS

LA MOTION FINALE DU 29e CONGRÈS DE L’UNION DÉPARTEMENTALE DES SYNDICATS

Voici le texte de la motion finale du 29e congrès de l’UD des syndicats tenu dimanche à la Maison du peuple sous la présidence de Louis Saillant :

L’Union des syndicats ouvriers de la Vienne, réunie en congrès le 26 mai 1946, salle de la Maison du peuple de Poitiers, tient à marquer en cette période difficile, où l’avenir de la démocratie et de la République sont en jeu, sa volonté de participer au redressement et à la renaissance économique de la France.

Le congrès, sûr d’être l’interprète de l’ensemble de la population républicaine de ce département, considère que tout n’a pas été mis en œuvre depuis la Libération pour l’application des principes énoncés sous l’occupation et inscrits dans le programme du C.N.R.

Il considère que la non-application de ces mesures a entravé le redressement économique de la nation mise au pillage par quatre années d’occupation.

Il tient à situer nettement que seule la classe ouvrière, avec les cadres, ingénieurs et techniciens, dès la Libération, guidée par le souvenir de ses innombrables martyrs, s’est mise résolument au travail, à l’appel de la CGT, pour gagner la bataille de la production, gage essentiel du redressement économique, social et moral de la nation.

La classe ouvrière, après avoir sous l’occupation, par les plus grands sacrifices, pris la tête de la lutte pour la libération nationale, a fait depuis la Libération les efforts les plus méritoires pour sauvegarder son indépendance par la libération économique.

Le congrès tient à marquer la volonté de la classe ouvrière de continuer sans faiblesse, dans la voie qu’elle s’est tracée pour le plus grand bien de la collectivité toute entière.

Il considère toutefois que le problème de la production est étroitement lié à l’amélioration rapide du sort de la classe ouvrière.

Il considère également que le blocage des salaires, de par l’augmentation constante du coût de la vie, a diminué le pouvoir d’achat de la classe ouvrière, la mettant ainsi dans une situation de plus en plus difficile.

IL RÉCLAME AVEC FORCE

Un salaire minimum vital mis en harmonie avec le coût de la vie permettant ainsi aux masses laborieuses de vivre dignement par le fruit d’un travail rémunérateur.

Que toutes les mesures soient prises face aux saboteurs de l’économie nationale, pour assurer un ravitaillement conforme à l’effort de production nécessité par la situation.

Il considère qu’un soulagement immédiat peut être apporté dans les conditions d’existence de la classe ouvrière par :
1) Une meilleure organisation du ravitaillement et une lutte implacable contre le marché noir, par des mesures rigoureuses empêchant toute hausse nouvelle des prix.
2) Une lutte acharnée contre les spéculateurs et les intermédiaires qui stockent les marchandises pour les livrer au marché noir, ou attendre une hausse des prix avant de les livrer à la consommation.

Le congrès considère que l’effort consenti par la classe ouvrière ne peut pas s’accomplir avec tous les effets désirables, dans un climat et au seuil d’une régime économique laissant tout le bénéfice de travail de la collectivité dans les mains d’une poignée de parasites.

Il demande l’extension des pouvoirs des Comités d’entreprise pour permettre à la classe ouvrière de mettre toutes ses connaissances au service du redressement national.

Il demande que les nationalisations soient poursuivies pour mettre tous les moyens de production monopolisés et indispensables à la vie de la nation sous le contrôle de l’État.

Il demande également une révision du classement des zones de salaires et le relèvement du salaire moyen départemental.

En politique internationale, il demande que toutes les mesures soient prises pour extirper définitivement tous les restes du fascisme, pour apporter une aide efficace au peuple espagnol martyr de la lutte pour la défense des libertés du monde, notamment par la rupture totale de la part de tous les pays avec le régime de Franco.

Il demande l’internationalisation totale du bassin de la Rhur, foyer de la puissance militaire allemande, et le rattachement immédiat de la Sarre au régime économique et douanier de la France.

Il demande aussi qu’au chapitre des réparations, la France soit indemnisée des préjudices causés par les cinq ans de guerre dévastatrices.

La reconstruction de la France doit passer avant la reconstruction de l’Allemagne, même dénazifiée. Il salue les efforts du bureau confédéral pour mettre en application toutes ces mesures.

Il fait appel à l’ensemble de la classe ouvrière, aux cadres et aux techniciens, aux ouvriers agricoles, pour rentrer en masse dans la Confédération Générale du Travail, sûr rempart pour la défense des libertés démocratiques et des intérêts de la Nation Française.

Il fait appel à l’ensemble de la population Républicaine de ce département pour réaliser l’union la plus étroite, permettant ainsi la constitution d’une véritable démocratie constamment progressive qui barrera la route à la réaction.

Vive la Confédération Générale du Travail.

Vive l’Union des syndicats ouvriers de la Vienne.

Vive l’union de la classe ouvrière.

En avant vers le progrès social, la justice et la liberté par l’application des principes du syndicalisme rénovateur.

Vive la République !

Vive la France !

 

 

le 11/11/2020 à 18:39

Source : Le Libre Poitou

congrès, motion

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