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Et appelle les travailleurs à voter pour les listes présentées par la CGT

Comme nous l’avions annoncé dans notre édition précédente, M. Henri Raynaud était l’hôte, lundi de Poitiers.

Lundi soir l’Union départementale des syndicats ouvriers de le Vienne organisait salle des fêtes de la Maison du peuple un grand meeting en vue des élections des conseils d’administration des caisses de Sécurité sociale et d’Allocations familiales sous la présidence de M. Vigier et avec la participation de M. Henri Raynaud, secrétaire de la CGT et directeur de la Fédération nationale des organismes de Sécurité sociale. Autour de M. Vigier, avaient pris place les candidats cégétistes aux élections du 24 avril.

L’exposé de M. Chaussebourg

Le premier, M. Chaussebourg, tête de liste CGT pour la caisse de Sécurité sociale, vient à la tribune. Il souligne l’importance particulière des élections du 24 avril du fait même que 15.000.000 de travailleurs ont été appelés pour la première fois à désigner leurs représentants aux organismes de Sécurité sociale. Jusqu’alors, seule une caisse dans la Vienne « Le Travail » était gérée par les ouvriers, maintenant c’est tout l’ensemble dont les travailleurs vont prendre en main la gestion.

L’application du plan de Sécurité sociale a rencontré de vives oppositions de certains, les attaques ne lui ont pas été ménagées. On lui a reproché notamment de créer une sorte d’étatisation. M. Chaussebourg indique que cette critique est injustifiée. L’État exercera seulement un contrôle technique et financier. Il énumère les améliorations apportées par le plan de Sécurité sociale aux avantages accordés par les régimes particuliers notamment en ce qui concerne les opérations, les prestations prénatales et de maternité, les retraites, les accidents de travail et par l’institution de prestations maladie de longue durée.

L’unification du régime des assurances sociales a permis de réaliser des aménagements intéressants pour le paiement des prestations. Une section a été fondée à Châtellerault, des bureaux de paiement ont été institués en outre à Montmorillon, Loudun et Civray. Des bureaux payeurs fonctionnent certains jours à Lussac et Saint-Savin. M. Chaussebourg stigmatise ensuite certaines attaques dirigées contre la Sécurité sociale et qui toutes ne procèdent pas de la bonne foi. Après avoir cité quelques chiffres de prestations servies en 1946, M. Chaussebourg lance un vibrant appel aux travailleurs pour leur demander de pas méconnaître l’importance du vote du 24 avril et les inciter à voter pour la liste CGT.

« Conquête de la CGT, la Sécurité sociale doit être administrée par des Cégétistes », déclare Henri Raynaud

M. Raynaud, qui est l’un des secrétaires de la grande confédération générale du travail va ensuite durant près d’une heure et demie, présenter la défense du plan de Sécurité sociale, faire table rase des critiques formulées contre elle et inviter à son tour les travailleurs à voter pour les listes de la CGT qui, seule, a su prendre ses responsabilités au moment de la mise en place de la loi.

Après avoir constaté que la loi a confié, ce qui est normal, aux travailleurs la gestion de leur propre sécurité, M. Raynaud demande instamment aux travailleurs de ne pas se désintéresser des élections du 24 avril, ce qui aurait pour conséquence de porter atteinte au principe même de la Sécurité sociale et donnerait des armes à la réaction pour leur arracher les conquêtes sociales acquises depuis la Libération. La Sécurité sociale va avoir à gérer un important budget, mais ses charges seront également énormes, elle aura notamment à assurer le rééquipement sanitaire du pays et dans ce domaine s’il y avait beaucoup à faire avant 39, notre retard est encore bien plus grand maintenant du fait de la guerre. La mortalité infantile très élevée qui sévit actuellement en France est une conséquence de l’insuffisance de notre équipement sanitaire.

Abordant les élections du 24 avril, M. Raynaud indique que la CGT avait désiré constituer des listes d’unité mais le bureau national de la CFTC a donné l’ordre à ses sections de présenter partout des listes essentiellement CFTC. Les mutualistes ont fait de même. Pourtant certains membres de la CFTC comprenant le danger que faisait courir au syndicalisme cette division, ont rejoint la CGT et M. Raynaud cite dans la Vienne le cas de M. Jean Louis, candidat sur la liste CGT. L’orateur s’élève avec force contre ces tentatives de division de la classe ouvrière qui ont pour but de torpiller la Sécurité sociale. Il fait remarquer que du côté patronal il n’existe qu’un seul syndicat et qu’une seule liste est présentée. Pourtant il y a bien des patrons chrétiens. Pourquoi n’en serait-il pas de même chez les travailleurs ? Partisan convaincu de l’unité syndicale, M. Raynaud ne voudrait voir subsister qu’une seule organisation syndicale. Y aurait-il de ce fait atteinte à la liberté ? M. Raynaud ne le pense pas, la CGT accepte dans son sein tous les travailleurs sans distinction d’opinion, de confession et n’est-elle pas la plus grande organisation chrétienne puisque comptant dans ses membres plus de catholiques que la CFTC. M Raynaud souligne ensuite que la mutualité auquel il rend hommage pour le travail qu’elle a réalisé, n’est pas incompatible avec la Sécurité sociale, elle peut être le complément harmonieux de la Sécurité sociale. Beaucoup de mutualistes l’ont compris puisque dans les listes CGT ils sont largement représentés. En terminant, M. Raynaud lance un vibrant appel à tous les travailleurs pour voter pour les listes de défense de la Sécurité sociale. La victoire des cégétistes, au moment où la réaction se ligue contre la Sécurité sociale, prendra de ce fait une importance particulière.