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Décident les cheminots poitevins

Les cheminots de Poitiers se sont réunis, mercredi à 16 heures, à la gare pour entendre un exposé de M. Vigier, représentant le Comité de grève.

M. Vigier, après avoir brossé l’historique des conversations qui ont eu lieu entre la Fédération et les cheminots, s’éleva avec force contre les informations fournies à la presse par le gouvernement et qui tendent à diviser cheminots et cadres.

« Le gouvernement, dit en substance le porte-parole du Comité de grève, veut faire croire qu’il nous offre plus que la Fédération revendiquait pour les basses catégories, ceci est faux. Car la Fédération des cheminots a évalué la dépense que les augmentations qu’elle réclamait à 13 milliards et le gouvernement n’acceptait de répartir que 8 milliards ». Et M. Vigier cite quelques chiffres à l’appui : A Paris un homme d’équipe célibataire à l’échelle 2, gagne, gratification de fin d’année comprise, 6.911 frs (le gouvernement a proposé 8.203 alors que la Fédération demandait 8.603) ; pour les cantonniers mariés, après 10 ans de service, le salaire actuel est de 7.577 frs (la Fédération demande 9.713 frs) ; un ouvrier qualifié à l’échelle 4, marié, après 10 ans de service gagne 8.625 frs (la Fédération demande 9.713 frs) pour un chef de train, chef de canton, marié avec 10 ans de service, le salaire actuel est de 9.219 frs (la Fédération demande 12.317 frs).

En terminant M. Vigier rend hommage à la presse régionale qui dans ses informations a toujours donné une version objective du conflit qui oppose les cheminots au gouvernement. Il signale que la CFTC a donné son plein accord dans le mouvement déclenché et lance un vibrant appel à l’union de tous les travailleurs du rail : cadres et cheminots, et les engage à demeurer vigilants et ne pas se laisser influencer par les contre-vérités qui pourraient être diffusées.

« Les cheminots de Poitiers, cadres et agents d’exécution CGT et CFTC, réunis à la gare le 11 juin 1947 à 16 heures, se déclarent décidés à poursuivre leur mouvement jusqu’à l’aboutissement de leurs légitimes revendications.

Ils protestent avec énergie contre les informations tendancieuses de la radio, de la presse et du gouvernement tendant à faire croire à l’opinion publique que le bureau fédéral favorise le salaire des cadres et refuse les propositions gouvernementales de revalorisation des basses échelles.

Ils regrettent la position intransigeante du Ministre des Travaux publics et du Président du Conseil qui sont seuls responsables de la prolongation du conflit.

Ils se déclarent décidés à continuer d’assurer le transport du ravitaillement des produits pharmaceutiques ainsi que du charbon destiné aux usines à gaz et aux hôpitaux.

Font confiance au bureau fédéral pour poursuivre les conversations et mener à bien l’action revendicative des cheminots.

Les horaires des trains de messageries

Dans le but de renseigner nos lecteurs nous avons demandé au Comité de grève de nous faire connaître les jours de circulation des trains assurant le transport des denrées.

Poitiers-Le Blanc : le 12 juin, départ de Poitiers 7 h.
Le Blanc-Poitiers : le 13.
Poitiers-Loudun : Le 12, départ 10 h. 30.
Loudun-Poitiers : le 13.
Poitiers-Parthenay : tous les jours sauf le dimanche, départ 15 H.
Parthenay-Poitiers : tous les jours sauf le dimanche.
Poitiers-Le Dorat : le 12 juin et le 14 juin, départ à 9 h. 15.
Le Dorat-Poitiers : le 12 et 14 juin.
Poitiers-Tours et Poitiers-Angoulême : tous les jours.

Sont acceptés les expéditions de denrées et les emballages en retour. Demeurent suspendues les expéditions de sucre, de café, vins, bière et cidre.

Un wagon de grands malades passe en gare de Poitiers

Dans le courant de la nuit un train de messagerie en provenance de Paris et se dirigeant sur Bordeaux est passé à Poitiers. A ce train avait été accroché un wagon transportant des grands malades acheminés sur Niort. Le wagon a été décroché du train et incorporé à un train en formation pour Niort.