0300319/06/1947VIENNE
Précise sa position au sujet des salaires
Le syndicat des ouvriers agricoles nous prie d’insérer :
Après la position prise par le Gouvernement et par la CGA sur le plan national, il nous semblait que la question des salaires des ouvriers agricoles dans notre département était presque résolue et que la Commission paritaire chargée de faire passer dans la pratique les accords intervenus à l’échelon supérieur ne serait qu’une réunion de simple principe. Naïfs que nous étions à cette dernière qui a siégé le 13 mai, l’accord n’a pas été réalisé. Les coefficients, la hiérarchie professionnelle, les avantages en nature ont été également contestés.
Dans cette grave question qui met en cause le standard de vie de 15.000 foyers dans notre département, la section fédérale des ouvriers agricoles de la Vienne a une position sans équivoque qui tient à la fois compte des intérêts de ses membres et de l’intérêt général. M. le Préfet en a été saisi et comme en définitive c’est l’administration préfectorale qui a charge de présenter le projet à l’agrémentation des trois Ministères concernés, à savoir : le Travail, l’Agriculture et l’Économie nationale, nous ne doutons pas que nos propositions qui sont le bon sens même, ne soient entendues en haut lieu.
Dans les grandes lignes, voici nos propositions qui tiennent compte de la position prise par le Gouvernement, la CGT et la Fédération nationale des travailleurs de l’agriculture : que l’ouvrier agricole doit être payé en parité avec ses camarades des autres professions. Tout autre point de vue serait injustice et une violation de la parole donnée. Tout le monde est d’accord.
Donc, l’ouvrier agricole tout venant, capable de fourcher, biner à la main, avec l’abattement de 20 % par rapport à la région parisienne, devrait gagner 26 fr 40 de l’heure pour un permanent, ce qui correspond bien à l’ouvrier spécialisé de bâtiment, coefficient 110 ; le professionnel capable de semer à la main, de tailler la vigne, régler un semoir, une lieuse, de conduire un attelage, un tracteur, etc., serait au coefficient 120, soit 28 fr 80. Toute position contraire aurait pour résultat de placer l’ouvrier agricole de profession dans une situation sociale inférieure au personnel de nettoyage des banques par exemple, et, sans vouloir médire sur le rôle du balayeur dans la société, l’ouvrier agricole qui fournit un effort supérieur doit être mieux payé ou alors l’exode rural tant redouté continuera.
Les avantages en nature tels que la nourriture doivent être calculés sur la base de 2 heures de travail au coefficient 100, soit aux environs de 55 fr par jour. C’est ce dernier principe qui a été adopté dans l’arrêté ministériel qui réglemente le travail des gens de maison.
Notre position qui est juste ne peut manquer d’être prise en considération par toutes les personnes raisonnables de notre département et les patrons de la région de Dangé sont mal venus d’intervenir auprès de M. le Préfet en disant que la CGT fait de la démagogie et fait demander des salaires exorbitants aux pauvres patrons.
M. Piot, secrétaire de la section fédérale des ouvriers agricoles de la Vienne
le 23/11/2020 à 16:55
Source : Le Libre Poitou
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