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Le nouveau secrétaire général de la CGT, M. Vigier, est venu pour la première fois vendredi soir, apporter aux syndicalistes de l’Union locale le salut et l’assurance du bureau de l’Union départementale mis en place le 15 juin dernier.

Dans la salle de la mairie complète, la réunion était lancée sous la présidence de M. Baubert entouré de deux assesseurs MM. Couraud et Bajou.

A l’ouverture M. Remolière, secrétaire de l’Union locale, présenta le nouveau responsable départemental, en 1939 secrétaire des cheminots à Paris, déporté en Afrique du Nord, secrétaire des cheminots de Poitiers, secrétaire-adjoint des cheminots de Poitiers, conseiller municipal de cette ville.

Position et intentions de la CGT

Vigier fournit d’abord quelques indications sur la position présente de la CGT, position difficile de par les circonstances. Elle a obtenu une augmentation des salaires de l’ordre de 25 % sur juillet 1946 soutenant que cette augmentation ne devait pas entraîner d’augmentation du coût de la vie contrairement à la théorie de Proudhon, il y a plus d’un siècle, en accord au contraire avec celle de Karl Mark. En réalité les prix ont augmenté dans une proportion supérieure à celle des salaires. Alors que le gouvernement s’était arrêté à rechercher leur baisse par les deux tranches de 5 %, l’indice qui était de 856 avant cette application environne actuellement 950. C’est pourquoi la CGT, qui n’est pas seulement revendicative mais aussi constructive a posé le principe du salaire minimum vital sept mille francs par mois soit, pour Montmorillon, 5.250 fr après abattement de 25 %. La classe ouvrière, déclare M. Vigier, n’a pas lieu de faire les frais de la reconstruction pendant que s’accroit le profit capitaliste.

Il défend la hiérarchie des salaires étant normal que les connaissances professionnelles soient considérées, passe en revue l’aspect des grèves récentes, celle de cheminots où s’est manifestée la plus complète solidarité, la menace qui pèse d’un arrêt au gaz et à l’électricité, l’arme de réquisition que le gouvernement s’était proposé de prendre en violation de la Constitution qui reconnaît le droit de grève, puis définit les deux buts visé par la prime à la production instituée par l’arrêté du 20 juin dernier : premièrement améliorer les salaires, en second lieu augmenter la production de manière à alléger la charge des devises dans le recours à l’étranger inévitable après une guerre qui a considérablement ruiné le pays. C’est d’un intérêt primordial.

Le secrétaire départemental rappelle que la grève des métaux du 1^er juillet a donné la prime mensuelle de 1.000 fr. Elle a été touchée dans la corporation du bâtiment Montmorillonnais pour les mois de juin et juillet. Des ouvriers d’autres branches l’attendent. Parlant de la crise du blé, il rend responsable les auteurs d’une mauvaise politique des prix. La CGT a proposé le coefficient maximum de majoration 8 par rapport à 1938.

Un autre tour d’horizon sur les positions des deux syndicats ouvriers.

Les camarades chrétiens ont compris aujourd’hui qu’il était nécessaire de réaliser l’unité. Le jour qu’une seule centrale syndicale sera formée, la classe ouvrière sera beaucoup plus puissante.

Il y a un problème des femmes. Elles ont acquis une place considérable dans l’économie du pays, elles sont mieux qualifiées pour comprendre beaucoup de difficultés de l’heure, il faut les entraîner à l’action syndicale.

Sur les jeunes, Vigier constate que beaucoup d’apprentis ne sont pas payés au taux légal. Ils ont droit également au salaire minimum vital alors qu’ils touchent souvent 15 fr de l’heure au lieu de 23.

Voici le pourcentage de ce minimum qui doit leur être appliqué selon l’âge :
   De 14 à 15 ans : 50 %
   De 15 à 16 ans : 60 %
   De 16 à 17 ans : 70 %
   De 17 à 18 ans : 80 %
   De 18 à 19 ans : 90 %
   Au-dessus totalité.

Pour conclure, Vigier en appelle à l’intensification de l’action syndicale pour obtenir des avantages supérieurs à ceux actuels insuffisants pour travailler au relèvement du pays. Il faut, dit-il, revendiquer pour améliorer nos conditions d’existence, la classe ouvrière a l’intention de vivre d’une façon normale. Être toujours plus unis, effectuer du recrutement, épauler les secrétaires, rester calmes et disciplinés, telles doivent être les intentions parce que ce sont des nécessités.

Devant les dangers du genre de ce complot qui reposait sur des généraux, sur des collaborateurs, il faut absolument rester vigilant pour la défense de la République que la classe ouvrière a un intérêt primordial à protéger.

Unité, action encore pour franchir une nouvelle étape dont l’objectif est inscrit dans les statuts de la CGT : supprimer l’oppression de l’homme par l’homme, réaliser un régime de bien-être et de liberté.

Un meeting le 31 juillet

L’union locale nous communiquera ultérieurement les termes d’une invitation qu’elle va lancer aux syndiqués et à la population montmorillonnaise pour assister à un meeting, le 31 juillet à 21 h., sur la place de la Mairie où le secrétaire départemental de la CGT viendra prendre la parole.