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Le meeting syndical organisé par la CGT jeudi soir sur la place de la Mairie avait pour objectif une protestation nouvelle contre la situation injuste faite aux ouvriers de Montmorillon par un taux excessif d’abattement sur leurs salaires : 25 % sur ceux de Paris, 10 % sur ceux de Poitiers, 5 % sur ceux de Chauvigny, c’est un scandale a déclaré Vigier, secrétaire de l’Union départementale. Est-ce que le pain est moins cher ? Est-ce que la viande, les légumes, l’épicerie, les légumes, sont moins coûteux ? Ils le sont davantage, c’est de notoriété publique et cependant tous ces articles constituent des besoins de première nécessité.

Que dire de la classification de Montmorillon dans la dernière des quatre zones instituées dans la Vienne pour le calcul des allocations familiales ? Il y a véritablement là, par ces côtes mal taillées, des injustices flagrantes qui exaspèrent inévitablement les exigences les plus modestes, les esprits les plus pondérés.

Les démarches entreprises jusqu’à présent n’ont pas été couronnées de succès. Montmorillon continue d’être traitée en parent pauvre, à croire que la catégorie ouvrière de sa population ne présente pas les mêmes qualités de travail qu’ailleurs et que le droit de vivre comporte une hiérarchie.

Devant cette situation de fait, le secrétaire départemental de la CGT, après avoir recherché l’explication des difficultés actuelles dans la suite des évènements depuis leur origine de 1933, après avoir défini l’attitude syndicale en reprenant les sujets qu’il était venu traiter la semaine dernière et donc nous avons rendu compte dans notre édition du 28 juillet, en a appelé à l’union ouvrière étroite de la population montmorillonnaise pour que soient entendues ses revendications légitimes.

Au nom de la CFTC, Robert Thévenet, tout en faisant des réserves sur les appréciations politiques prononcées avant lui, a tenu ensuite à déclarer son accord pour l’action syndicale à laquelle il a convié les travailleurs montmorillonnais, action à poursuivre dans le syndicat de leur choix.

Un militant de Paris, enfant de Montmorillon, représentant de l’Union générale des fonctionnaires, Perrot a saisi l’occasion de sa présence pour apporter avec chaleur des recommandations de solidarité ouvrière au sein du syndicalisme où il ne doit pas être question de faire de la politique.

En conclusion de ce meeting tenu en présence de cent cinquante personnes la motion suivante a été unanimement adoptée :
« La population de Montmorillon, réunie le 31 juillet 1947, place de l’Hôtel de ville, à l’appel de l’Union locale des syndicats ouvriers, s’engage à appuyer sans réserve l’action de la CGT pour l’amélioration des conditions d’existence de ceux qui concourent au redressement économique de la nation.
« Ils réclament avec force la suppression des zones d’abattement des salaires, mesure injuste en raison du coût de la vie aussi élevé dans les villes de province qu’à Paris.
« Ils réclament également que le Gouvernement de la République prenne enfin les mesures efficaces pour mettre un frein à la hausse des prix et hors d’état de nuire les trafiquants du marché noir.
« En présence des attaques contre la démocratie et la République, ils appellent tous les démocrates sincères à s’unir pour barrer la route à la réaction et au pouvoir personnel, afin de permettre le redressement national dans l’ordre, la discipline et la liberté gagnés par quatre années de luttes contre l’occupant nazi.