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« La paix sociale est indispensable au relèvement de notre pays » affirme M. Vigier, secrétaire de l’UD des syndicats.

Il est dit qu’en France toute réunion doit commencer en retard et celle d’hier, qui, à la Maison du peuple et à l’intérieur de la cour groupait un nombre imposant de travailleurs de toutes les corporations n’a pas failli à cette règle. Ceci d’ailleurs n’a pas empêché malgré l’heure tardive – il était 20 heures – la formation d’un cortège pour accompagner la délégation de la CGT à la Préfecture.

Plusieurs organisations politiques et la Municipalité avaient également répondu à l’appel de l’UD des syndicats et leurs représentants : M. Blet pour la Municipalité.. entouraient à la tribune les délégués des divers syndicats. Cette réunion était présidée par M. Thibault, qui donna la parole à M. Vigier, secrétaire de l’UD.

Avec minutie ce dernier analysa la cause du malaise social et économique de nous subissons. Il s’attaqua plus particulièrement à faire ressortir l’action prépondérante de la CGT pour y remédier à cet état de choses et rappela dans quelles conditions la CGT avait été amenée à prendre contact avec les délégués de la CNPFM. M. Vigier fit le procès d’une politique défaillante en matière agricole et coloniale et ponctua son discours en faisant nettement ressentir que le pays ne se relèvera pas sans qu’on s’appuie sur les classes laborieuses.

A l’issue du meeting, l’ordre du jour suivant, adopté à l’unanimité, fut porté à la Préfecture par une délégation.

« La population de Poitiers, réunie le jeudi 11 septembre 1947, à l’appel de l’Union locale des syndicats ouvriers et après avoir entendu l’exposé du camarade Vigier, secrétaire général de l’Union des syndicats ouvriers de la Vienne ;

« Réclame avec force l’application immédiate des accords CGT-CNPF, qui garantissent la paix sociale, accordent une augmentation de salaire avec maintien du minimum vital, respecte la hiérarchie professionnelle et prévoient des mesures propres à la révision des prix, sans augmentation générale.

« Elle proteste contre la diminution de la ration de pain et sa mauvaise qualité et demande que des mesures soient prises pour garantir une ration normale aux salariés par la diminution de celle des oisifs et des parasites et par l’achat de blé à tous les pays désirant nous en vendre quel que soit la tendance politique du Gouvernement ;

« Elle proteste également contre l’institution de trois prix pour le pain qui détermine injustement un prix plus élevé pour les zones soumises à un abattement de salaire ;

« Elle demande la mise en vigueur d’un prix national du pain et des mesures pour mélanger convenablement différentes farines entrant dans sa fabrication.

« Elle réclame du gouvernement de mettre ses actes en rapport avec ses paroles par une lutte sans merci contre les trafiquants du marché noir et l’application de mesures destinées à diminuer le prix des denrées alimentaires ;

« Elle indique nettement son désaccord avec la politique de zones de salaires, considérant que le cout de la vie est aussi élevé en province qu’à Paris ;

« Elle proteste contre le maintien de quatre zones d’allocations familiales ;

« La population de Poitiers appelle les ouvriers des villes et des champs à s’unir avec les fonctionnaires et réclame en particulier l’application du statut de la fonction publique et le reclassement ;

« Considérant que la guerre fratricide qui se déroule depuis des mois sur le sol de l’Indochine coûte des milliards à l’économie française, elle demande au Gouvernement de reprendre les pourparlers avec la République du Viet-nam, d’abord pour économiser les vies françaises, ensuite pour utiliser ces sommes considérables à l’amélioration du sort des salariés ;

« Elle s’engage à employer tous les moyens mis à sa disposition, y compris la grève, pour faire appliquer les accords CGT-CNPF ;

« Considérant l’intérêt primordial de la nation à maintenir les institutions républicaines, elle s’élève contre les tentatives de pouvoir personnel, cherchant à étrangler la République et appelle tous les patriotes à s’unir comme sous l’occupation pour faire barrage à la réaction ».